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Lalique teste de nouvelles méthodes de production
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Lalique teste de nouvelles méthodes de production

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Confrontée au durcissement du cadre réglementaire entourant l’utilisation de l’oxyde de plomb, la cristallerie Lalique réfléchit à faire évoluer ses méthodes de travail sans mettre en péril la qualité de ses créations.

Le nouveau four à bassin de Lalique permet de produire du cristal sans plomb — Photo : Karine Faby / Musée Lalique

Proposer des objets ne contenant pas de plomb, mais offrant les mêmes qualités esthétiques et structurelles que le cristal traditionnel : c’est le challenge que doivent relever les équipes de R & D de la cristallerie Lalique de Wingen-sur-Moder (250 salariés, 91,8 M€ de CA en 2022, en croissance de 12 %). Ses ingénieurs travaillent depuis un certain nombre d’années déjà au développement d’une nouvelle formule sans plomb.

Un nouveau four pour monter en température

"Cela nécessite beaucoup d’adaptation, tant du travail à chaud que du travail à froid", indique Alexis Rubinstein, directeur général délégué de Lalique. Le cristallier alsacien a ainsi changé en 2022 sa principale source de production, un four à bassin d’une capacité de 7,5 tonnes par jour. Le nouvel outil a d’ores et déjà été conçu pour pouvoir produire du cristal sans plomb : il est notamment plus puissant que son prédécesseur, parce qu’une formule sans plomb impose une température de fusion plus élevée. "Ce four nous a coûté plus cher, mais sa durée de vie sera plus élevée que celle de nos fours précédents, de l’ordre de 9 à 10 ans", précise le dirigeant.

Désormais, des ingénieurs dédiés s’occupent des tests à chaud, des tests de redéfinition des couleurs et de l’adaptation du travail à froid, qui fait la particularité de Lalique. L’objectif est non seulement de garantir la qualité du cristal, notamment son pouvoir de réfraction et sa densité, mais aussi de maîtriser le temps de fabrication des objets et donc, leur coût. Le challenge est élevé : ces phases de test doivent en effet s’intercaler dans un programme de production particulièrement dense qui sollicite le four actuel de façon quasi continue.

Le souci de la qualité

"Les premiers tests réalisés nous confortent aujourd’hui dans le choix de notre formule. Mais on prendra vraiment le temps pour modifier notre production. Le passage à du cristal sans plomb nécessite en effet d’adapter nos équipements de travail à froid et la structure même du travail de satinage et de polissage. Il est difficile aujourd’hui d’estimer précisément quand le changement sera opéré", note Alexis Rubinstein.

L’arrêt du plomb concernera tant les nouvelles créations de la marque que la réalisation de ses objets emblématiques. Lalique n’en attend aucun avantage commercial. "Cela nous mettra certes à l’abri d’un changement de norme qui interviendrait dans d’autres pays. Mais la fin du plomb n’est pas un levier marketing. Notre but est avant tout de garantir une qualité finale identique, pour que le consommateur continue de faire la différence entre du cristal, même sans plomb, et du verre", conclut le responsable.

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