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L’absentéisme atteint des sommets en entreprise
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L’absentéisme atteint des sommets en entreprise

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La fin de la pandémie de Covid-19 est très loin d’avoir signé le retour en forme des salariés au travail. Bien au contraire : l’absentéisme n’a jamais été aussi élevé en entreprise, affirme un baromètre annuel de Malakoff Humanis. Avec, derrière cette épidémie d’arrêts maladie, le spectre des troubles psychologiques et du désengagement au travail.

La moitié des salariés français a été en arrêt maladie au moins une fois au cours des douze derniers mois, affirme une enquête de l’Ifop pour Malakoff Humanis. Une proportion inédite que la pandémie de Covid-19 ne permet pas d’expliquer — Photo : thodonal - stock.adobe.com

Le Covid-19 est passé, mais les arrêts maladie demeurent. Pis, ils explosent dans des proportions inédites, d’après un baromètre de l’Ifop pour Malakoff Humanis : 50 % des 2 000 salariés interrogés auraient ainsi cessé le travail au moins une fois au cours des douze derniers mois (+8 points en un an, en hausse continue depuis le creux de 2020).

C’est simple : jamais cette étude n’avait constaté autant d’absentéisme en entreprise depuis son lancement en 2016 ! Et, pour ne rien arranger, les prescriptions ne sont pas seulement plus nombreuses, elles sont aussi plus fréquentes : 45 % des salariés arrêtés l’ont, en fait, été au moins deux fois dans l’année (+4 points).

Le mal profond des troubles psychologiques

Les directions d’entreprise et leurs services RH doivent-ils s’inquiéter de cette contagion ? Sans aucun doute, car tout indique, dans cette étude, que le phénomène tend à s’installer. En effet, si la pandémie de coronavirus a contribué, de facto, à la désertion des salariés depuis 2020, elle ne suffit plus à expliquer le boom actuel. Ce motif n’est d’ailleurs plus invoqué "que" dans 17 % des cas (-5 points en un an). Les maladies qualifiées d'"ordinaires" (rhume, grippe, gastro-entérite, etc.) ont, en revanche, repris le relais (28 % des cas, +7 points).

Les troubles psychologiques, eux, ne faiblissent presque pas et restent bien installés à la troisième place des causes les plus citées (15 %, -1 point). Las, cette stabilité apparente cache un mal bien plus profond. Les problèmes liés à la santé mentale s’imposent en effet comme le principal motif des arrêts les plus longs (supérieurs à 30 jours). Ils sont à l’origine de quasiment un tiers d’entre eux - une proportion qui a plus que doublé depuis 2020, souligne Malakoff Humanis.

Autre signal d’alerte : ces mêmes absences longues le sont de plus en plus. Leur durée moyenne s’est élevée à 111 jours l’an dernier. C’est 14 de plus qu’en 2022.

Les managers en plus grande souffrance que leurs collaborateurs

Mais cette épidémie d’arrêts maladie n’est pas qu’une question de santé. Elle trahit aussi un certain désengagement des travailleurs. Preuve en est, ce sondage complémentaire d’Ipsos, réalisé auprès de 3 500 personnes, du 17 mars au 5 avril : un tiers des salariés s’y disent prêts à se faire porter pâle, quand bien même ils ne seraient pas souffrants, tandis qu’un quart assure tout simplement ne pas être investi dans leur travail. Et ce ne sont pas leurs managers qui diront le contraire. Dans leurs cas, les proportions sont encore plus élevées, à respectivement 45 % et 36 % !

Malakoff Humanis s’inquiète d’ailleurs tout particulièrement du sort de ces encadrants, doublement touchés par l’absentéisme. À titre personnel, ils sont 53 % à avoir été arrêtés au moins une fois dans l’année écoulée, soit la plus forte progression enregistrée par le baromètre (+13 points, contre +12 pour les salariés de 18 à 34 ans). À titre professionnel ensuite, ils sont "en première ligne" pour gérer cette problématique dans l’entreprise, "tant en termes de réorganisation du travail que de prévention et d’accompagnement au retour à l’emploi". Le tout avec une complexité supplémentaire : celle du télétravail, qui rend plus difficile leur rôle, selon près d’un manager sur deux.

Les efforts des employeurs jugés insuffisants par les salariés

Et pourtant, malgré ce contexte assez lourd, les dirigeants d’entreprise restent assez confiants en l’avenir. Ils ne sont que 27 % à anticiper une augmentation des arrêts maladie dans les deux années qui viennent (en recul de 4 points). C’est qu’ils sont aussi plus nombreux à s’engager sur le sujet : 79 % des 400 responsables d’entreprise interrogés déclarent avoir mis en place au moins un dispositif de prévention et d’accompagnement en la matière (+14 points). Des efforts dont les salariés eux-mêmes peinent à voir la couleur : ils sont moins de la moitié (47 % exactement, -2 points) à considérer que leur employeur est effectivement passé à l’action dans ce domaine.

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