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La Région Normandie alerte sur les dérives de l’agrivoltaïsme
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La Région Normandie alerte sur les dérives de l’agrivoltaïsme

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Le Président de Région Hervé Morin se positionne contre la pratique de l’agrivoltaïsme qui, selon lui, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’économie agricole, l’attractivité économique et touristique de la Normandie.

Pour le président Morin, "l’installation des panneaux sur des surfaces agricoles risque d’entraîner la disparition de pans entiers de paysages bocagers." — Photo : TSE

Inquiet de la multiplication des projets d’agrivoltaïsme sur les terres agricoles, le président de la Région Normandie, Hervé Morin, a envoyé un courrier au Premier Ministre Gabriel Attal, le 12 janvier 2024, pour l’avertir du danger de développement "sans contraintes et sans contrôles des installations photovoltaïques sur les terres agricoles, qui pourrait porter un coup fatal à l’élevage, emporter du même coup les industries laitières implantées en région, et menacer un pan entier de la souveraineté alimentaire française."

Risque de cannibalisation des terres agricoles

Pour l’élu normand, "la Normandie se doit de maintenir son potentiel agricole car l’agriculture normande est économiquement primordiale pour la région". En effet, l’essentiel de la production laitière française et des industries agroalimentaires qui lui sont liées est issu de quatre régions : la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire et les Hauts de France. "La Normandie compte aujourd’hui un peu moins de 2 millions de bovins et cette population a baissé de 10 % en cinq ans à peine. Le nombre des vaches allaitantes s’est également réduit à un rythme rapide, passant de 602 000 en 2017 à 575 000 en 2022", a rappelé le Président de Région. "À cause de l’agrivoltaïsme, ce sont des zones agricoles et d’élevages entières qui risquent d’être cannibalisées par la présence des panneaux photovoltaïques. Toute l’industrie laitière pourrait être impactée : si la production de matière première disparaît, les usines agroalimentaires de première transformation sont vouées à fermer, portant un coup fatal à cette filière d’élevage déjà fragile. La filière agroalimentaire normande, qui compte 120 000 à 150 000 emplois, est également directement liée à la production agricole de son territoire."

Un frein à la transmission et à l’attractivité touristique

Autre impact négatif selon l’élu : "cette pratique est un frein majeur à la transmission des exploitations agricoles et l’installation des jeunes agriculteurs. Les agriculteurs propriétaires ne céderont en effet plus ces terres devenues plus que rentables grâce à la redevance perçue pour l’implantation de panneaux photovoltaïques". Enfin, l’installation des panneaux sur des surfaces agricoles risque d’entraîner la disparition de pans entiers de paysages bocagers et porter atteinte à l’attractivité touristique de la Normandie. Le Président de Région se déclare ainsi prêt à "engager systématiquement un recours contre tous les projets d’agrivoltaïsme tant que les conditions d’expérimentation n’auront pas été examinées pour être sûr que le potentiel agricole et la biodiversité seront préservés".

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