La start-up Sun Agri, qui a développé un système d'intelligence artificielle pour l'agrivoltaïsme, vient d'annoncer un partenariat avec l'énergéticien allemand RWE, pour réunir leurs expertises au service de l'optimisation des méthodes de culture. RWE renouvelables France (près de 200 salariés) fournira des centrales solaires pensées pour les besoins des agriculteurs, qui seront pilotées par les solutions de Sun Agri (40 salariés dont 25 à Lyon, CA NC). Ses algorithmes inclinent les panneaux en fonction des besoins d'ensoleillement ou d'ombrage des plantes qu'ils protègent également des effets du gel, du vent et de la grêle.
En pleine accélération, l'entreprise compte implanter ses panneaux sur 1 300 hectares de cultures d'ici 2028, dont 900 en France et 400 à l'international (Israël et Italie), qui s'ajouteront aux 300 hectares déjà installés (13 sites exploités) et aux 150 hectares en cours d'instruction. "Nous prévoyons une croissance de notre chiffre d'affaires de 50 % d'ici à 2026", anticipe Cécile Magherini, directrice générale de Sun Agri.
Réduire l’impact de la canicule
Dans la Drôme, les installations conçues par son équipe lyonnaise surplombent déjà à 5 mètres du sol des plantations de cerisiers à Loriol, des champs de pêches et d’abricots à Étoile-sur-Rhône et un projet est en cours pour la protection de vignes à Saint-Restitut. Avec l’application MySunAgri, l’exploitant peut suivre à tout moment les données agronomiques collectées sur sa parcelle, bénéficier d’alertes et ajuster la stratégie de pilotage des persiennes en fonction d’informations météorologiques.
"Dix années de recherche initiée par notre maison mère Sun'R nous ont permis d’identifier les bons paramètres à suivre, de concevoir des capteurs notamment pour suivre l’état d’hydratation de la plante, via la mesure du degré de tension de ses racines dans le sol ou le taux d’humidité de ses feuilles", explique Cécile Magherini,
Le pilotage intelligent permet notamment de gagner de 0,5 à 1 degré en cas de gel, de réduire le recours à l’irrigation et de baisser de 4 à 5 degrés l’impact d’un épisode caniculaire. Même les effets du vent peuvent être atténués. "En limitant la transpiration des végétaux et l’évaporation du sol, le panneau réduit la consommation d’eau de 30 % pour les cerisiers qui sont irrigués dans la Vallée du Rhône", affirme-t-elle.
Le renfort d’Eiffage
"En pratique, nous signons avec l’agriculteur un protocole d’une durée de 30 ans, qui définit des objectifs en matière de gestion des aléas climatiques, puis nous installons les panneaux", explique-t-elle. Pour l’agriculteur, l’installation et le pilotage sont gratuits ; Sun Agri se rémunère en revendant l’électricité produite par les persiennes.
La demande est forte mais les projets sont encore longs à concrétiser notamment en raison de lourdeurs administratives et aussi parce que cette innovation, qui modifie les paysages, doit être acceptée par les riverains. Pour le reste, une fois ces freins levés à force de pédagogie et de concertation, Sun Agri peut compter sur l’effet d’accélération liée à son intégration au sein du groupe Eiffage qui a racheté à 75 % sa maison mère Sun’R, implantée à Paris, en décembre 2022. "Les compétences techniques d’Eiffage, pour le montage des structures porteuses des panneaux vont nous permettre d’industrialiser nos chantiers et d’améliorer notre compétitivité en vendant notre électricité moins cher", se réjouit-elle.
