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La deeptech BeatHealth impose son rythme aux pathologies
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La deeptech BeatHealth impose son rythme aux pathologies

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Jeune entreprise universitaire basée à Montpellier, BeatHealth lève des fonds pour ses applications qui améliorent la santé des patients en exploitant la perception du rythme. Après un premier produit contre la maladie de Parkinson, elle planche sur d’autres cas d’usage avec des chercheurs.

Le kit conçu par BeatHealth inclut une application musicale et des capteurs, à fixer aux chevilles — Photo : BeatHealth

C’est bien connu, la musique a de nombreuses vertus identifiées par la science : depuis sa fondation en 2021, la start-up montpelliéraine BeatHealth (6 collaborateurs) exploite les résultats d’une étude clinique montrant que la perception du rythme, en permettant de moduler la cadence de pas des malades de Parkinson, améliore la rééducation de ces patients. Elle a développé sur cette base une solution audio, baptisée "Beatmove", dont le lancement commercial a débuté en septembre 2022. Après avoir écoulé une première série de 250 kits, BeatHealth veut se structurer et recruter une équipe de quatre commerciaux pour accélérer cette phase commerciale. Elle obtient à cette fin 150 000 euros auprès du fonds régional Ocseed, première tranche d’une levée de fonds globale de deux millions d’euros qu’elle compte finaliser en deux ans auprès de divers investisseurs.

Synchroniser la marche

La solution "Beatmove" utilise une application musicale tournant sur smartphone : un algorithme breveté synchronise la musique diffusée dans les écouteurs à la cadence de pas du patient, grâce à des capteurs fixés sur ses chevilles. "Chaque "beat" tombant sur la pose du pied au sol, la synchronisation se fait automatiquement. Une fois que la marche est stabilisée, l’appli accélère pour la dynamiser. Notre étude a démontré qu’on peut ainsi diviser par deux le risque de chute chez un malade de Parkinson. Il y a aussi des aspects psychologiques, puisqu’on réduit à la fois la peur de la chute et l’apathie", commente Guillaume Tallon, PDG et cofondateur de BeatHealth auprès de Loïc Damm.

Tout en finançant le lancement commercial d’une deuxième série de kits, la start-up mettra sur le marché une version améliorée de "Beatmove" : la première fonctionnait avec des capteurs actionnables par interrupteur, alors qu’il suffira de taper dessus pour les allumer dans la nouvelle version. Pour la fabrication, BeatHealth reçoit des composants venus de Chine qu’elle assemble dans ses locaux, au sein du laboratoire montpelliérain EuroMov, spécialisé dans les sciences du mouvement et leurs applications dans le champ de la santé, de l’activité physique et du sport. "Nous utilisons l’impression 3D pour réaliser nos moules. Mais nous travaillons sur une nouvelle infrastructure avec injection, pour passer à la fabrication de plus grandes séries", confie Guillaume Tallon.

D’autres possibilités thérapeutiques

Jouissant du statut de jeune entreprise universitaire, BeatHealth bénéficie du soutien de plusieurs structures de recherche, ou apparentées. "Beatmove" est issu d’un projet financé à hauteur de 2,9 millions d’euros par l’Union européenne, et regroupant cinq partenaires (Universités de Montpellier, de Ghent et de Maynooth, CHU de Montpellier, Fondation Tecnalia). De même, la start-up a reçu, en mars, le soutien d’AxLR : entrée à son capital, la SATT lui apporte son dispositif d’accélération "TTM Factory", qui l’accompagne dans sa levée de fonds. Sur le plan commercial, l’ambition de BeatHealth est de développer un écosystème de solutions qui, outre son premier produit, inclut aussi "Baasta", une batterie d’évaluation des capacités rythmiques, et "Beat Workers", un serious game pour réentraîner ces mêmes capacités. L’entreprise affiche un chiffre d’affaires prévisionnel de 800 000 euros en 2024.

Mais sur le plan scientifique, BeatHealth se positionne dans une dynamique d’amélioration permanente. "Il existe d’autres pathologies avec des troubles de la marche, telles que les AVC ou la sclérose en plaques, que nous espérons adresser un jour. De même, on peut envisager d’autres applications dans le domaine du bien-être", se projette Guillaume Tallon. D’ici là, la start-up a déjà lancé une étude sur l’obésité liée au diabète, avec des inclusions de 10 à 15 patients.

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