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Inquiets pour 2024, les travaux publics espèrent des chantiers structurants
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Inquiets pour 2024, les travaux publics espèrent des chantiers structurants

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Les entreprises de travaux publics disent ne pas avoir de visibilité pour 2024. Alors que l'activité du secteur dépend à 50 % de la commande publique, les entreprises espèrent que les collectivités vont lancer de grands chantiers structurants. Le point avec le président de la Fédération des TP d’Ille-et-Vilaine, Raymond Armange.

Le président de la Fédération des Travaux Publics 35, Raymond Armange — Photo : Virginie Monvoisin

L’année 2024 sera une année charnière pour les travaux publics. Les acteurs du secteur portent en effet toute leur attention sur les marchés qui seront signés dans les prochains mois, et qui dessineront en grande partie les contours de ces prochaines années. "Nous arrivons à mi-mandat des élections municipales, et nous attendons de voir le degré d’investissement des collectivités sur la deuxième partie de leur mandat, car c’est souvent à ce moment-là que les grands chantiers se décident", explique Raymond Amange, président de la fédération des TP35.

Les raisons de l'inquiétude

Mais dans un contexte plutôt morose, "la profession est inquiète, souligne-t-il. Si 2023 n’a pas vu de casse énorme, la rentabilité des entreprises a été affectée", poursuit le dirigeant breton. Les causes sont multiples : d’abord, la diminution des droits de mutation, de l’ordre de 20 %, affaiblit le budget des collectivités. Or, l’activité des 331 entreprises bretilliennes de travaux publics (qui emploient 4 986 salariés) dépend à 50 % de la commande publique. Le reste provient de grands opérateurs ou du secteur privé (par exemple les promoteurs).

Ensuite, l’impact de la ZAN (zéro artificialisation nette) d’ici 2030 diminue de fait le nombre de foncier constructible à terrasser et viabiliser notamment. Le ralentissement des constructions de logements neufs, inquiète également les TP, qui travaillent en amont de ces projets. Et en Ille-et-Vilaine comme au niveau national, la fédération table sur un recul des volumes de 1 % en 2024, avec une hausse des coûts de 2 %. "Or, nous avons besoin de visibilité pour l’avenir et pour définir notre stratégie sur deux à trois ans", explique Raymond Armange.

Enjeux de transition écologique

Car les travaux publics font face aussi à différents enjeux auxquels il faut répondre. La transition écologique et énergétique en fait partie. "La RSE est de plus en plus importante dans les consultations et nous pouvons apporter des réponses techniques à ces problématiques, comme celles de la réutilisation et du réemploi des matériaux de chantier, estime le président de la FTP35. Des démarches concrètes sont engagées avec des maîtres d’ouvrage pour intégrer davantage la dimension transition écologique dans les marchés publics." Engagés dans une démarche de décarbonation, les professionnels des TP se disent toutefois dépendants des solutions qui existent sur le marché, notamment en ce qui concerne les gros véhicules de chantier électriques, qui manquent encore d’autonomie. "Les Travaux publics émettent 3,4 % du CO2 et nous voulons diminuer de 30 à 40% notre impact d’ici à 2030", indique Raymond Armange.

Attractivité et recrutement en jeu

Enfin, les travaux publics sont confrontés à des difficultés d’attractivité de leurs métiers, et ils doivent pouvoir se projeter pour former et recruter sur le long terme. Ils visent particulièrement les femmes, qui ne représentent actuellement que 9% des effectifs. "Pourtant, nous avons une multitude de métiers sur ou à côté des chantiers, en QSE, géomètre, études de réseaux, par exemple. Promouvoir nos métiers est un enjeu majeur", reconnaît le président.

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