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Incopar : "L'insertion peut être un canal de recrutement pour les entreprises"
Interview Vosges # Industrie # Ressources humaines

Eddy Chevrier directeur général du groupe textile Incopar "L'insertion peut être un canal de recrutement pour les entreprises"

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Eddy Chevrier, directeur général du groupe textile Incopar, basé au Thillot dans les Vosges, porte un engagement fort en faveur de l’insertion professionnelle. Il invite les chefs d’entreprise à passer le cap de l’insertion dans les stratégies de recrutement.

Eddy Chevrier, directeur général du groupe textile Incopar, engagé dans l'insertion professionnelle — Photo : Groupe Incopar

Votre groupe textile Incopar* (48 M€ de CA 2022, 170 salariés) a lancé en 2014 l’entreprise d’insertion ABI puis, en 2021, le chantier d’insertion Elpy. L’insertion est une particularité du groupe, quels défis représentent-ils ?

Nos deux structures d'insertion emploient 17 personnes (14 équivalents temps plein, NDLR). Le premier défi est celui des marchés, il faut que les ateliers tournent. Nous avons la chance d’avoir la confiance d’industriels régionaux pour alimenter la production. Le deuxième défi est celui de la formation. Courant 2022, nous avons identifié le besoin de faire monter en compétences les personnes que nous accueillons, qui sont parfois très éloignées de l’emploi quand elles arrivent.

Il y avait un projet d’une école de production textile dans les Vosges, car malgré l’importance du textile dans le tissu industriel local, nous n’avons plus de formation pour nos structures. Ce projet n’ayant pas encore vu le jour, nous avons pris l’initiative de solliciter la Région Grand Est et l’opérateur de compétences (Opco) pour impulser une formation sur site. Le format a démarré fin 2022. Il s’agit d’une partie du CAP couture délivré directement sur le chantier d’insertion. À l’issue, les collaboratrices valident un module de CAP qui a une vraie valeur, pour s’insérer dans des entreprises classiques. C’est très valorisant, c'est un passeport pour elles pour la suite. Car le troisième défi, c’est le tremplin en dehors de notre structure, vers des entreprises de droit commun.

Comment favoriser le passage depuis une structure d’insertion vers une entreprise classique ?

En ce moment, tout le monde a des difficultés à recruter. Dans les métiers du textile, c’est vrai depuis plusieurs années maintenant. Dans les Vosges, il y a un millier de personnes accueillies dans des structures d’insertion. J'invite les chefs d'entreprise à changer de regard sur l'insertion, à tester ces potentiels collaborateurs, notamment par le dispositif de période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP). Il s’agit d’accueillir à l’essai des personnes de structures d’insertion, de quelques jours à un mois maximum. La personne reste salariée de la structure d’insertion, L’insertion ne doit pas faire peur, cela doit être un canal de recrutement pour nos entreprises.

Votre engagement en faveur de l’insertion professionnelle peut-il être un atout pour votre activité ?

La RSE prend une place de plus en plus importante chez nos donneurs d’ordre. Cela nous permet de faire la différence sur certains appels d’offres. En 2021, lors du salon MIF Expo à Paris, une acheteuse de l’enseigne Alinéa cherchait du linge de maison fabriqué en France. Une fois d’accord sur une définition commune de "fabriqué en France", c’est-à-dire, pour nous, du tissu jusqu’à la confection, nous avons pu discuter d’une collaboration. Le fait que notre production soit assurée en France par des structures d’insertion, à vocation sociale, cela a joué un rôle décisif dans notre partenariat. Nos produits sont aujourd’hui en tête de gondole dans les 14 magasins de ce client, avec cet engagement pour l’insertion professionnelle mis en avant. C’est une part de l’histoire que veut raconter Alinéa, et cela convient parfaitement à nos valeurs.

*Le groupe textile vosgien Incopar produit du linge de maison pour ses marques propres et pour ses clients donneurs d'ordre, dans le secteur hospitalier et de l'hôtellerie principalement. Il possède un site de filature et tissage "Tissage Mouline Thillot" (25 M€ de chiffre d'affaires, 100 salariés), un site de confection de linge de maison "Tissus Gisèle" (22 M€ de chiffre d'affaires, 50 salariés) et une marque en propre, créée en 2017, "Le Drap Français" (500 000 euros de chiffre d'affaires).

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