Au regard des performances affichées, c’est un peu Noël avant l’heure, lors de l’assemblée générale de fin d’année du groupe vendéen Cavac, même si le comité y est restreint pour des questions sanitaires. Ce mastodonte de 1 643 salariés fédérant 4 755 exploitations agricoles - soit 10 000 agriculteurs, implantés essentiellement en Vendée mais aussi dans les Deux-Sèvres et départements limitrophes -, affiche pour la période juin 2020-juin 2021 un chiffre d’affaires consolidé qui, pour le deuxième exercice consécutif, franchit la barre du milliard d’euros. 1,03 milliard d’euros précisément, dont 793 millions d’euros concernent la coopérative, les filiales représentant la part restante de l’activité.
Aide à l’installation
Surtout, le groupe dégage un résultat net de 10,2 millions d’euros sur ce même exercice. Une assise financière qui lui permet de mettre en place une aide à destination des futurs éleveurs. Nommée "dotation élevage", elle a pour objectif de favoriser les installations et les reprises. Dotée d’une enveloppe de 2 millions d’euros, elle ne fait, à ce jour, l’objet d’aucune limite de temps. "Les arrêts vont être nombreux dans les exploitations d’élevage et moins de la moitié de ces départs en retraite sont aujourd’hui compensés par une installation. Le renouvellement des générations est donc un enjeu capital", remarque le groupe. Cette aide sera disponible à compter du 1er janvier 2022 et concernera tous types d’élevages et d’exploitations. Elle s’élèvera jusqu’à 15 000 euros par porteur de projet, 30 000 euros par couple et n’est pas soumise à une limite d’âge. 53 % du chiffre d’affaires de la coopérative étant lié à la production animale, la dotation élevage est "un axe stratégique", note Jacques Bourgeais, directeur général de Cavac.
Des filiales en bonne santé
Comment expliquer ce très bon résultat de 10,2 millions d’euros, après un exercice précédent déjà positif de 7,5 millions d’euros ? "Les filiales du groupe ont participé pour plus de la moitié à la performance économique, confirmant la pertinence de la stratégie de diversification du groupe : la polyvalence des activités - agricole, agroalimentaire, biomatériaux, distribution - est un facteur clé de résilience", explique le directeur.
Ainsi, Biofournil (boulangerie), Olvac (conserverie), Catel Roc (crêperie) et Atlantique Alimentaire (surgelés) dégagent de bonnes performances (+0,4 % après un +3 % sur l’exercice précédent). Et de préciser : "Le pôle agro-transformation de Cavac a plutôt tiré bénéfice de la crise sanitaire, conforté par son réseau de PME régionales de taille modeste dont les positionnements s’avèrent en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs."
Autres filiales qui ont tiré la croissance, celles dédiées à la jardinerie et au paysage, qui "ont bénéficié d’un réarbitrage des dépenses des ménages" à la suite des confinements : Cavac Distribution (qui comprend l’enseigne Gamm Vert) affiche un +18 % et Vertys (tourné vers les collectivités et entreprises) un +24 %.
Dernière filiale ayant progressé, Cavac Biomatériaux (Biofib'), spécialisée dans les isolants végétaux, avec une hausse de 27 % du chiffre d’affaires. "Au-delà de la dynamique actuelle du bâtiment, la montée en puissance des isolants naturels biosourcés ne se dément pas et s’accélère. Leader sur son marché, Biofib’isolation a de belles années en perspective", se félicitent les dirigeants.
Chute des récoltes
Si les filiales ont largement tiré leur épingle du jeu, l’exercice fut plus délicat pour le pôle végétal de la coopérative (32 % du chiffre d’affaires du groupe) puisque la météo a joué de bien mauvais tours. "Les mauvaises conditions climatiques de l’automne 2019 et du premier semestre 2020 ont fortement pénalisé les rendements en céréales de l’été 2020. La récolte a été historiquement faible dans la région." Celle-ci chute de 25 % par rapport à l’exercice 2019-2020 avec 644 500 tonnes.
Enfin, le pôle animal, qui représente la moitié de l’activité, alterne le positif et le moins bon. "Pour le cours des animaux, ce sont des évolutions en montagnes russes qui sont constatées, sous l’influence, tantôt d’un excédent de l’offre, tantôt d’un excédent de la demande." À titre d’illustration, "après 18 mois d’un contexte très favorable, la Chine a réduit ses importations et a tiré les prix du porc européen vers le bas. À l’inverse, la demande en canard a retrouvé des couleurs au fur et à mesure de l’avancée de l’exercice permettant aux acteurs de la filière de retrouver espoir. Pour ce qui est de l’agneau, la réduction des importations et la faible offre française ont dynamisé l’agneau français avec des cours favorables inédits. Quant à la filière bovine viande, elle a traversé une période morose avec des cours insuffisants mais qui s’améliorent notoirement depuis quelques mois."
Avec une capacité d’autofinancement se chiffrant à 30,2 millions d’euros, le groupe dégage les moyens nécessaires à son développement : 22,6 millions d’euros ont été investis sur l’exercice 2020-2021. Son illustration la plus significative est à chercher du côté du pôle végétal : Cavac a inauguré en septembre 2021 son nouveau centre de travail du grain à L’Herbergement (Vendée), un silo d’une capacité de 11 000 tonnes ayant nécessité une enveloppe de 4,5 millions d’euros. Pour l’exercice en cours (2021-2022), aucun investissement imposant n’est à ce jour envisagé. Le chiffre d’affaires lui, au regard de l’inflation qui touche les matières premières agricoles, devrait encore progresser.
