2024 est véritablement une année charnière pour l’entreprise Giffard. Créée à Angers en 1885, elle a été transmise en début année à la 5e génération de dirigeants, Émilie et Pierre Giffard, et réalise parallèlement un investissement de 27 millions d’euros à Saint-Léger-de-Linières pour accroître ses capacités de production. Un engagement soutenu dans le cadre du programme France 2030 "Résilience et capacités agroalimentaires 2030", avec une subvention de 2,18 millions d’euros et une avance remboursable de 1,45 million d’euros.
Une extension de 10 000 mètres carrés
À l’aube des années 2010, le site de production d’Avrillé, érigé en 1972 en périphérie d’Angers, était devenu trop exigu pour l’entreprise familiale Giffard. Le liquoriste angevin, qui produit entre autres la célèbre Menthe Pastille, mais également des liqueurs, des crèmes de fruits et des sirops, avait fait l’acquisition en 2015 d’un terrain de 4,7 hectares sur la zone industrielle de Saint-Léger-de-Linières, toujours à l’ouest d’Angers. En 2017, il y inaugurait un nouveau site de fabrication dédié aux sirops et une plateforme logistique, tout en conservant la production de liqueurs et de Menthe Pastille à Avrillé, de même que son siège social et ses services administratifs. C’est sur ce terrain que l’entreprise a lancé les travaux en septembre 2023 de sa future unité de production. D’une surface de 10 000 mètres carrés, elle sera dédiée à la production de liqueurs, avec ou sans alcool.
"L'objectif est de continuer de grandir en conservant de bonnes valeurs et en fabriquant avec de bons produits"
Actuellement, l’entreprise Giffard dispose de 4 000 mètres carrés d’usine à Avrillé et de 7 000 mètres carrés à Saint-Léger-de-Linières. Le nouveau bâtiment va lui permettre de disposer d'une surface de production de 21 000 mètres carrés. "Nous nous mettons en capacité de produire plus, mais c’est avant tout un investissement pour l’avenir, témoigne Édith Giffard, à la tête de l’entreprise avec son frère Bruno jusqu’en janvier dernier et qui a conservé la fonction de directrice générale déléguée en charge des relations extérieures. L’objectif est de continuer de grandir en conservant de bonnes valeurs et en fabriquant avec de bons produits."
Des liqueurs avec ou sans alcool
Le liquoriste angevin va développer dans cette unité industrielle la production des "liqueurs", certaines alcoolisées, d'autres sans alcool. "Nous avons travaillé sur ce nouveau type de produits sans alcool pendant quatre ans et lancé la gamme en juillet 2023, témoigne Édith Giffard. Nous utilisons un procédé ancestral qui consiste à extraire les arômes des fruits et des plantes par macération dans du vinaigre de vin blanc. Il s’agit du même process que pour la fabrication de liqueur, différent de celui utilisé pour nos sirops. Actuellement, nous avons quatre produits différents et travaillons à l’élargissement de la gamme."
"Nous avons observé que la consommation a évolué à la fois vers une tendance mixte, composée de demandes de cocktails avec ou sans alcool"
Cette nouvelle gamme sans alcool sera entièrement produite dans le futur site, alors qu’elle est actuellement élaborée pour la partie macération à Avrillé et pour la pasteurisation à Saint-Léger-de-Linières. Elle est pour l’heure commercialisée dans 30 pays, auprès de bars et de restaurants, dédiée à une consommation hors domicile. "Nous sommes très reconnus dans le monde du cocktail, ajoute Édith Giffard, et nous avons observé que la consommation a évolué à la fois vers une tendance mixte, composée de demandes de cocktails avec ou sans alcool. Cette nouvelle gamme répond aussi à cette tendance." Des produits destinés à la vente directe au consommateur sont également à l’étude et la distribution de ces "liqueurs" sans alcool va s’étendre progressivement à d’autres pays.
70 % de l'activité à l’international
Pour cela, l’entreprise familiale s’appuie sur une très forte présence à l’export : le liquoriste, qui produit 11 millions de bouteilles chaque année contre 5 millions en 2017, est présent dans 90 pays et réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’international : un chiffre d’affaires passé de 20 millions d’euros à 47 millions d’euros en sept ans. "Le monde du cocktail est en forte augmentation dans le monde, souligne Édith Giffard. Avant la crise sanitaire, nous étions déjà en croissance, et en 2020, nous avons anticipé le redémarrage d’après-Covid en travaillant sur nos marchés et en les analysant. Il fallait être prêts pour la sortie de crise. Nous avons de bons partenaires qui ont tenu le coup et nous avons alors pris des parts de marché que nous avons conservées. Ainsi, au second semestre 2021 et en 2022, nous avons enregistré une forte croissance. Cela s’est stabilisé en 2023 et on sent que les marchés repartent à nouveau."
Engagement environnemental
Parallèlement, l’entreprise s’est aussi renforcée, passant de 70 collaborateurs en 2017 à 140 aujourd’hui. Un effectif qui devrait encore augmenter avec la construction du nouveau bâtiment dédié aux liqueurs, dont le process industriel sera installé à partir de novembre 2024 pour une mise en service au printemps 2025.
Un site que l’industriel angevin, qui travaille depuis 10 ans sur la réduction de son empreinte carbone a voulu résolument orienter vers la transition environnementale. Outre le renforcement de la production d’électricité par panneaux photovoltaïques, qui couvre actuellement 15 à 20 % des besoins du site, la PME va faire installer un système de géothermie pour le chauffage hivernale et le rafraîchissement des locaux durant les périodes plus chaudes. Elle est par ailleurs déjà engagée dans la réduction de la consommation d'eau, la réutilisation de la chaleur ou encore l'utilisation de bouteilles au poids réduit et contenant 70 % de verres recyclés.
Transmission
À partir du printemps 2025, le nouveau site de production de liqueurs de Giffard montera peu à peu en puissance.
Pour son inauguration, deux générations de dirigeants seront côte à côte. Car outre l’investissement conséquent lancé par l’entreprise, elle vient de franchir une nouvelle étape. Édith et Bruno Giffard, qui avaient succédé à leur père Jacques en 1982, ont à leur tour transmis l’entreprise familiale : Émilie, fille de Bruno, et Pierre, fils d’Édith, se partagent depuis le 8 janvier 2024 la direction générale. Ils représentent la 5e génération de dirigeants depuis la création de l'entreprise en 1885, il y a 139 ans.
