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Galina Perrot investit dans ses couvoirs pour élever sa croissance
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Galina Perrot investit dans ses couvoirs pour élever sa croissance

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Galina Perrot avance. L’entreprise qui regroupe deux couvoirs dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan a changé de directeur, investit massivement sur ses deux sites, et revendique une part de marché nationale de 30 %. Son métier est de faire éclore les œufs et de traiter les poussins mais aussi d’anticiper ce que sera le choix des consommateurs… un an et demi avant.

Dominique Perrot (à gauche) et Bastien Godfrain devant le couvoir de La Roche-Jaudy, où 4 millions d’euros d’investissement ont été réalisés en 2022 — Photo : Matthieu Leman

Plus que pour toute autre entreprise, le temps se trouve au cœur de l’actualité et de l’activité de Galina Perrot (70 M€ de CA en 2022, 110 salariés), qui comprend deux couvoirs de poussins d’un jour destinés au marché de chair, l’un à La Roche-Jaudy (Côtes-d’Armor), où se trouve également le siège de l’entreprise, et l’autre au Sourn, près de Pontivy (Morbihan). Le premier est le plus important de France, produisant 1,9 million de poussins par semaine. Le second produit 850 000 poussins par semaine.

Le temps est d’abord celui de la passation de pouvoir à la tête de la PME familiale créée en 1954 par Ernest Perrot, grand-père de l’actuel dirigeant Dominique Perrot. Elle a ensuite été développée par Michel Perrot, son père. Dominique Perrot, la troisième génération, a passé la main fin septembre, après 41 ans au sein de l’entreprise et 26 ans à sa tête. Un départ en retraite qui marque une nouvelle étape de la PME, après sa vente en juillet 2017 au groupe sarthois LDC (5 Md€ de CA, 23 500 collaborateurs).

Le successeur de Dominique Perrot est l’ingénieur agronome Bastien Godfrain, ancien responsable du couvoir du Sourn. Le Costarmoricain, qui prépare sa prise de pouvoir depuis deux ans, hérite de la direction de Galina Perrot mais également de responsabilités dans la conduite stratégique des deux autres couvoirs de poussins de LDC : Galina Vendée et Galina Maine. "Nous en assurons la gestion, le planning des reproducteurs, l’ajustement des volumes…", explique le nouveau directeur.

Nombreux investissements

Dernier arrivé dans le giron Galina, qui regroupe depuis 2020 sous ce nom les activités de couvoirs de poussins du groupe, Galina Maine (700 000 poussins par semaine) a été racheté en mai 2023. Une question d’opportunité mais également de timing. "Nos outils industriels arrivaient à saturation et nous avions défini, fin 2022, un programme d’agrandissement des couvoirs du Sourn et de Vendée (d’une production de 900 000 poussins par semaine, avec une capacité d’1 million, il a été racheté à la barre du tribunal en janvier 2020, NDLR)", raconte Dominique Perrot. "Mais nous avons appris qu’Orvia voulait se séparer de son activité poussins et avons saisi l’opportunité. Nous avons remplacé ce programme d’investissement par l’acquisition du couvoir Orvia Sèvre et Maine, que nous avons renommé Galina Maine." Un outil qui possède une capacité d’1,2 million de poussins par semaine, soit 3 fois plus que sa production lors du rachat.

Mais les investissements n’ont pas disparu du planning de Galina Perrot, qui revendique une part de marché nationale de 30 %. Entre 2020 et 2022, la PME a renouvelé ses incubateurs, ses éclosoirs et son système de ventilation pour un investissement de 4 millions d’euros sur le site de La Roche-Jaudy. "Nous avons gagné en productivité, en améliorant les taux d’éclosion", se félicite Bastien Godfrain. "Nous avons également réduit de 25 % la consommation énergétique des machines mais ce gain a été effacé par la hausse du prix de l’électricité, qui pesait moins de 3 % en 2020 et qui s’approche désormais des 5 % du chiffre d’affaires", remarque Dominique Perrot.

Autonomie et profits

Les investissements se poursuivent sur le site de 10 000 m² couverts. Les travaux d’aménagement du parking accueillant les 17 véhicules appartenant à la société, dont douze semi-remorques, se sont terminés début octobre, tandis que l’installation d’un portique de désinfection est prévue pour la fin d’année. "À terme, nous prévoyons également un agrandissement de nos bureaux et la création d’une station de lavage", confie Bastien Godfrain.

Du côté du site morbihannais, 3 millions d’euros sur les quatre prochaines années vont être investis dans le bâtiment de 6 000 m², notamment avec le changement de la couverture et de l’isolation. "En moyenne, nous investissons un million d’euros chaque année dans l’entretien et le renouvellement de matériel", estime par ailleurs Dominique Perrot.

Les entreprises du groupe LDC n’investissent cependant que si leurs résultats le leur permettent. Le groupe sarthois laisse une large autonomie à ses filiales mais attend d’elles qu’elles soient des centres de profit. Ce qui est donc le cas de Galina Perrot. "Comme dans le secteur de l’agroalimentaire, les marges sont faibles. Il est très important de maîtriser son équilibre matière et la productivité des outils pour être rentable", constate le néo-retraité.

Un pari d’un an et demi

Des petits points de rentabilité qui se méritent, dans une industrie qui demande anticipation et patience. Et qui ne manque pas de surprise. "Les personnes qui visitent le couvoir sont souvent surprises de ne pas y voir de poussins", sourit l’ancien dirigeant. Et pour cause, des poussins, il ne s’en trouve sur le site industriel que quelques heures le matin. Une fois les œufs éclos, la PME vaccine et conditionne les poussins avant de les expédier quelques heures plus tard vers des éleveurs spécialisés dans l’élevage de poulets de chair. Vingt et un jours plus tôt, les œufs étaient arrivés sur le site avant d’être placés en incubation.

Mais ce travail réalisé avec les 110 incubateurs du site, qui ont une capacité d’incubation de 7,5 millions d’œufs, n’est pas le seul réalisé par l’entreprise. Bien en amont de cette étape de l’éclosion, un an et demi avant pour être précis, Galina Perrot a acheté des poussins, "reproducteurs". Chacun d’eux finira par donner une descendance de 148 poussins. Ces animaux sont confiés à des éleveurs spécialisés, partenaires de la PME, qui travaillent suivant son cahier des charges.

Le choix des espèces, entre poulet du quotidien (75 % du total en moyenne, qu’on retrouve majoritairement en GMS et dans la restauration hors domicile), à croissance modérée (20 %, à chair plus ferme) ou labellisé (comme le Label Rouge), est déterminant car il s’agit d’anticiper ce que sera la demande des consommateurs un an et demi plus tard. La fréquence d’achat des reproducteurs est de 15 jours.

Les clients directs de Galina Perrot sont des "organisations de production", coopératives comme Eureden ou Le Gouessant, structures d’engraissement comme Volailles de Bretagne… Les animaux passent ensuite par les abattoirs avant de se retrouver dans les GMS, commerces de détail, restaurants ou industries agroalimentaires.

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