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Futura Gaïa lève 11 millions d’euros pour essaimer ses fermes verticales
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Futura Gaïa lève 11 millions d’euros pour essaimer ses fermes verticales

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Après avoir perfectionné pendant des mois sa première ferme verticale automatisée sur sol vivant, la PME gardoise Futura Gaïa se finance pour déployer cette technologie. L’enjeu : imposer une solution agricole alternative face aux sécheresses destructrices.

Les chambres climatiques installées par Futura Gaïa dans sa première usine, en fonction depuis 18 mois — Photo : Futura Gaïa

Dans l’usine construite par Futura Gaïa (22 salariés, CA 2022 : 5 M€) à Tarascon (Bouches-du-Rhône), les plantes poussent sous les lumières rouges et bleues des ampoules LED. L’entreprise, créée en 2019 à Rodilhan (Gard), y perfectionne sa solution de ferme verticale, pouvant cultiver toute l’année et sans pesticides des végétaux, récoltés à maturité tout en consommant 95 % d’eau de moins qu’une culture en plein champ.

Un process de culture unique

En amont de la chaîne, Futura Gaïa reçoit des balles de terreau compressé, qu’elle gratte et aère avant d’y ajouter des bactéries ou des champignons pour créer un écosystème racinaire. Après avoir déposé du terreau dans des bacs dédiés à la culture, un premier process automatisé sème huit graines de basilic ou de salade par emplacement. Le système de nutrition, 100 % autonome lui aussi, utilise une station avec filtres à charbon actif pour dépolluer l’eau de la ville. Il y rajoute des nutriments nécessaires à la germination des plantes, qui prend trois semaines sous les LED. Un bras robotique vient ensuite transplanter les végétaux, une fois sortis de terre, pour le cycle suivant. "C’est une innovation de pointe, qui permet de gérer de façon automatisée tous les paramètres dont la plante a besoin. Nous travaillons au millilitre près, alors que les agriculteurs serristes raisonnent en mètres cubes par heure", commente Pascal Thomas, PDG de Futura Gaïa.

Après la transplantation, les plantes sont placées dans des cylindres, montés dans des tours de 7 m conçues comme des chambres climatiques : 24 heures sur 24, elles brassent de l’air pour instaurer la bonne température au bon moment, selon le jour ou la nuit. En parallèle, un robot monté sur roues circule librement dans l’usine, et surveille le bon fonctionnement du système en prenant des photos envoyées à un opérateur. Chaque machine traite 1 800 plants et produit 600 kg par an, en trois semaines pour le basilic, et quatre semaines pour les salades. Ce qui sort de la récolte est lavé, désinfecté par UV, et prêt à être consommé. "Nous avons pris cinq mois pour installer l’usine. Elle tourne de façon optimale depuis 18 mois, en produisant pour un seul client à ce jour. Il nous a fallu inventer un process industriel, qui n’existe ni à cette échelle ni de façon si automatisée ailleurs dans le monde", résume Pascal Thomas.

Des recettes écrites à la demande

L’usine de Tarascon, qui s’étend sur 2 000 m2, sera bientôt agrandie pour rajouter de deux à quatre systèmes de culture supplémentaires. Mais le site a vocation à rester un centre de recherche, où Futura Gaïa viendra tester de nouvelles techniques. Après avoir démarré avec le basilic et la salade, son équipe de R & D, basée à Rodilhan, travaille sur la création d’un catalogue de recettes, proposant le poivron, le piment, la fraise, la tomate, la cerise, ou même les plantes pour l’industrie pharmaceutique. Chaque recette intègre l’ensemble des composants, de la graine à la plante. "Nous avons fait jusqu’à 50 itérations de recettes de basilic, selon les demandes du client", précise Pascal Thomas.

Le modèle économique de Futura Gaïa se basera sur la vente de sa technologie sous forme de licence, qui inclut aussi les recettes, les outils informatiques, le support agronomique et la maintenance. Pour actionner ce levier commercial, la PME gardoise lève 11 millions d’euros auprès de nouveaux entrants au tour de table (Banque des Territoires, Colam Impact, Inco, A + Finance) et d’investisseurs individuels, qui s’ajoutent aux actionnaires historiques (UI Investissement, Cap Création, Occipac). L’opération est aussi constituée d’une subvention obtenue dans le cadre de l’appel à projets "Première usine" du Plan France 2030, et d’une première relève (500 000 €) d’une campagne de crowdfunding toujours en cours. Pascal Thomas demeure le plus gros actionnaire, "autour de 25 %" du capital de l’entreprise.

Un outil face à l’urgence climatique

Avec ces fonds, Futura Gaïa va se structurer, en créant 8 postes en 2023 pour être plus autonome dans l’exploitation et le suivi des chantiers. Elle cible les producteurs-distributeurs, les coopératives, les céréaliers qui cherchent à se diversifier, et même les grandes surfaces alimentaires qui veulent sécuriser leur approvisionnement en pleine crise climatique. "Les sécheresses de plus en plus violentes empêchent des régions agricoles entières, partout sur la planète, d’irriguer. Tous ces acteurs recherchent des solutions de culture alternative", raisonne Pascal Thomas. Lequel prévoit de vendre une première ferme de grand format (de 5 000 à 6 000 m2) en 2023, et une deuxième en 2024, en intégrant un temps de chantier d’un an pour chacune d’elles. Le chiffre d’affaires prévisionnel, qui se montait à 5 millions d’euros en 2022, devrait bondir à 10 ou 15 millions cette année.

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