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Frappé par la crise du bio, Keramis se repositionne en fabricant de chocolat
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Frappé par la crise du bio, Keramis se repositionne en fabricant de chocolat

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Alors que le bio avait le vent en poupe, l’inflation a stoppé cet élan. Un coup dur pour la société Keramis, importateur d’ingrédients et de produits finis bio à destination des industriels et des magasins d’alimentation qui a choisi de se repositionner en devenant notamment fabricant de chocolat de couverture bio.

Gildas Bonafous a repris l’entreprise Keramis en 2011 — Photo : D.R.

La société Keramis (40 salariés), qui a vu le jour en 1991 en se positionnant sur l’importation et la distribution de produits issus de l’agriculture biologique pour le compte de magasins ou d’industriels, se retrouve depuis la pandémie du Covid-19 avec un marché du bio en repli. "Dans les années 2000, il était clairement précurseur de se positionner sur ce secteur. Mais, depuis dix-huit mois, l’enthousiasme des années 2015-2020, où le bio enregistrait des croissances de 15 à 20 % par an, s’est érodé", explique Gildas Bonafous, qui a repris l’entreprise et la dirige depuis 2011, date à laquelle elle s’est ouverte vers la grande distribution et aux artisans et industriels. "Les consommateurs veulent aujourd’hui des produits locaux, bons pour la santé, mais aussi ayant du sens pour la planète notamment", poursuit-il. À ce repli de la consommation du bio s’ajoutent, comme pour la plupart des entreprises, la chute de l’euro, la hausse du prix des carburants, de l’énergie, des matières premières… "Depuis 2021, tout s’enchaîne et ces phénomènes impactent bien évidemment nos marges et notre trésorerie. Nous avons donc décidé de prendre les choses en main et de recentrer l’activité de Keramis".

1 million d’euros d’investissement pour produire du chocolat de couverture bio

Depuis mai dernier, la société installée sur 6 500 m² à Cavaillon dans le Vaucluse a choisi de se lancer dans la fabrication de chocolat de couverture bio, français et équitable. "Nous avions depuis huit ans une activité de négoce de fèves de cacao en croissance. Nous recevions une pâte ayant subi une première transformation que nous faisions ensuite transformer en chocolat de couverture en Europe, pour une production d’environ 400 tonnes par an". L’entreprise a dédié 1 500 m² sur son site à cette activité, prévoyant 200 tonnes pour 2023 et 500 tonnes pour l’année prochaine. "Le chocolat de couverture représente 7 à 8 % de nos 26 millions d’euros de chiffre d’affaires et nous devrions rapidement monter à 15 ou 20 %". Pour cette relocalisation industrielle, l’entreprise a décroché 200 000 euros de subvention dans le cadre du plan France Relance sur un investissement global d’un million d’euros financé par crédit bancaire.
En 2015, Keramis avait déjà intégré sa maîtrise de l’emballage, puis voici cinq ans, l’entreprise a lancé une activité de fabrication de poudre de fruits en plus de son activité historique de négoce. "Notre premier axe, notre ADN demeure le métier d’importateur, mais nous avons petit à petit développé un second axe en devenant fabricant et producteur, notamment pour les artisans et les industriels", ajoute avec enthousiasme Gildas Bonafous, qui souligne par ailleurs qu’avec l’inflation qui a entraîné des hausses sur de nombreux produits, le chocolat bio produit dans son usine de Cavaillon n’est pas forcément plus cher qu’un chocolat traditionnel. "L’écart entre produits bio et non bio s’est réduit et cela joue à notre avantage". Afin de mener cette diversification, l’entreprise a recruté deux salariés et deux autres personnes devraient prochainement intégrer l’équipe de Kéramis. "Le démarrage de l’activité chocolat est plutôt favorable et nous allons passer la production en deux huit", conclut Gildas Bonafous.

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