Vous avez créé l’antenne strasbourgeoise de Force Femmes en 2020, pourquoi était-ce important pour vous ?
Au-delà d’un échange amical avec Nathalie Roos (aujourd’hui DG d’Ekaterra, NDLR), j’étais depuis des années entourée de témoignages de femmes qui subissaient des difficultés à retrouver un emploi ou du mal-être au travail. À un moment donné, on se met en phase d’écoute et on se pose des questions. Je suis aussi une femme de la tranche d’âge accompagnée par le réseau, je ne pouvais pas ne pas me sentir concernée. Le réseau s’est rapidement constitué autour de dirigeants et cadres… Aujourd’hui, en Alsace, nous sommes près de 70 bénévoles et nous avons accompagné depuis trois ans un peu plus de 200 candidates à des emplois. Une sur deux a retrouvé un emploi rapidement, dans les six mois.
Vous soutenez également l’entrepreneuriat féminin, avec une première promotion de porteuses de projets ?
En février, nous lancerons effectivement à Strasbourg notre première promotion de 12 femmes "Motivées pour créer", qui permet aux porteuses de projets à travers un programme d’accompagnement de créer leur propre entreprise. Par le biais des ateliers et un suivi personnalisé, nous les aidons à définir leur projet. De la nécessité de mener une étude de marché au chiffrage du projet, toutes les étapes seront consolidées jusqu’au dépôt final des statuts.
Qui sont les femmes que vous accompagnez ?
Les candidates nous sont fléchées après un licenciement, ou une perte d’emploi par l’Apec et Pôle Emploi, le bouche-à-oreille fait le reste. Nous recevons des profils variés mais beaucoup de femmes diplômées, souvent à bac +2, et parfois surdiplômées. Mais ce n’est pas pour autant que c’est plus facile pour elles de retrouver un emploi. La vie, ce n’est pas qu’un CV. Nous les accompagnons jusqu’à ce qu’elles retrouvent confiance en elles. Je me souviens qu’une candidate a appelé la bénévole qui la suivait la veille de son entretien… Le lendemain, elle décrochait son poste !
Quels sont les freins à l’embauche des femmes seniors ?
Le décrochage numérique et la rémunération constituent les principaux freins. J’ai eu le cas avec des profils à salaires élevés, nous avons dans ce cas un devoir de les informer. Il y a parfois une phase d’acceptation à accompagner.
La réforme des retraites vous a-t-elle amené de nouvelles candidates ?
Oui, aujourd’hui nous avons des femmes qui reviennent pour se remettre en route pour une dizaine d’années. Elles ont un avantage par rapport aux profils plus jeunes, plus mobiles, c’est la stabilité. Les entreprises sont sensibles au fait d’avoir des candidates qui s’inscrivent dans la durée.
Le regard de l’entreprise sur les femmes seniors est-il en train de changer ?
Avec les tensions sur le marché du travail, on va vers plus de mixité et d’inclusion. De leur côté, les femmes valorisent leur motivation, leur expérience. Et aujourd’hui, les femmes de 50 ans sont dynamiques, à fond, expérimentées et souvent très appréciées. Elles ont beaucoup de clés pour être encore employables. Le réseau s’attache aussi à sensibiliser les dirigeants, les RH et managers. Plutôt que de supprimer un mail (de candidature), nous les sensibilisons au fait d’étudier ces candidatures seniors… Même si ce n’est pas sa mission première, c’est une évidence que notre réseau est aussi utile pour flécher des candidates vers telle ou telle entreprise.
