Lorient
Vincent Colas (Pech’Alu) : " Nos capacités industrielles vont sortir renforcées "
Interview Lorient # Métallurgie # Investissement

Vincent Colas président de Pech’Alu International à Inzinzac-Lochrist " Nos capacités industrielles vont sortir renforcées "

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En injectant deux millions d’euros pour prendre en main et moderniser son outil de production à Inzinzac-Lochrist, Pech’Alu International entend conforter son carnet de commandes ainsi que l’attractivité de ses métiers. De quoi ouvrir un nouvel horizon à l’entreprise qui fête ses 40 ans d’existence.

Vincent Colas est à la tête de Pech’Alu International depuis 2017 — Photo : Bertrand Tardiveau

De quels moyens disposez-vous dans ces anciennes forges d’Inzinzac-Lochrist ?

En déménageant ses équipes sur ce site il y a une vingtaine d’années, mon prédécesseur avait l’ambition de donner un nouvel élan aux activités de l’entreprise qui se limitaient alors à la construction et à la réparation de navires. Avec un cadre serein en bordure du Blavet, l’espace dont on disposait permettait de voir loin. Les deux nefs que nous avons finalement pu racheter à la commune en 2022 s’étendent chacune sur 170 mètres de long et totalisent une surface d’environ 8 000 m2. Des locaux administratifs se déploient à proximité sur environ 400 m2. En revanche, l’ensemble bâti avait été trop longtemps délaissé. Un vaste effort de modernisation s’imposait. Réfection des toits et mise hors d’air, rénovation de l’éclairage, pose d’une dalle béton dans la nef 2, adjonction d’un deuxième pont roulant de 10 tonnes en appui de celui de 25 tonnes,… Notre projet mobilise un investissement de 2,3 millions d’euros. À la livraison des travaux qui est envisagée pour l’été 2024, nos capacités industrielles sortiront clairement renforcées, d’autant plus que l’ensemble du site gagnera aussi en attractivité.

Comment envisagez-vous l’avenir de votre entreprise ?

Nous venons de boucler un exercice relativement calme avec un chiffre d’affaires qui a plafonné l’an dernier autour des 3 millions d’euros. Si nous avions atteint plus de 4 millions d’euros d’activité en 2022, le contexte de sortie de crise pandémique y avait certainement participé. Notre préoccupation vient du marché de la construction navale qui se révèle particulièrement compliqué : en tant que fabricant de coques, nous engageons une importante responsabilité du point de vue de la sécurité des navires, notamment en termes d’assurances. Un aspect qui est aujourd’hui insuffisamment pris en compte par le client dans l’acceptation du coût final du produit. Heureusement, l’effort de diversification que nous avons engagé il y a une vingtaine d’années est aujourd’hui payant. La réalisation de passerelles en aluminium nous permet de rester à flot et de stabiliser nos effectifs avec 24 salariés. Notre carnet de commandes nous offre également une marge de visibilité qui court jusqu’à la fin de l’année.

Le marché des passerelles est-il ainsi devenu prioritaire ?

Nous sommes devenus un acteur de référence auprès des collectivités, avec un savoir-faire reconnu qui nous permet de boucler une vingtaine de projets par an. Nos passerelles sont développées sur-mesure avec des unités allant de 2 mètres à 60 mètres de pontée. Intervenant sur toute la France, nous assurons la conception, l’assemblage, la pose et l’entretien pour chacun de nos ouvrages. Nos plus récentes réalisations ont été livrées en Alsace et en Gironde. Le secteur naval reste cependant au cœur de notre identité et nous continuons de nous y investir. Nous avons travaillé ces derniers mois en sous-traitance pour la fabrication de coques pour des voiliers de plaisance, des vedettes à passagers et des barges de travail. Ces projets se sont avérés assez chronophages. Avec notre bureau d’études, nous avançons sur la mise au point d’un modèle de bateau standard type pêche-promenade. Ces unités devraient nous permettre de gagner en rentabilité sur ce segment.

Quels sont les autres axes d’amélioration de l’entreprise ?

À travers les différents projets auxquels nous avons donné vie en quarante ans d’existence, la spécialité qui nous caractérise, c’est l’aluminium, et notre richesse, ce sont les chaudronniers, charpentiers et soudeurs qui savent le modeler. Si leur formation est déterminante, notre accompagnement est indispensable afin de leur permettre de gagner en compétences et en expérience. Nos équipes comptent actuellement quatre salariés en apprentissage ou en alternance, mais le vrai défi consiste à recruter et retenir les plus talentueux qui sont régulièrement attirés par les sirènes des grands groupes. Voilà aussi pourquoi nous allons ériger prochainement à côté des ateliers un bâtiment dédié aux vestiaires et au repos des salariés. Nous engageons ainsi une démarche d’amélioration des conditions de travail, tout en préservant les valeurs d’exigence, d’innovation et de proximité qui sont les nôtres.

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