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Face à la crise, la filière viticole s’unit autour d’un plan stratégique
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Face à la crise, la filière viticole s’unit autour d’un plan stratégique

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Neuf organisations viticoles ont dévoilé leur plan stratégique de transformation de la filière française. Cette "initiative historique" veut marquer le lancement d’une nouvelle dynamique collective, un "new deal du vin", afin de sortir de la grave crise que connaît le secteur.

La consommation de vin a reculé en France de 70 % en 60 ans — Photo : ESAT Ateliers Watteau

Tous veulent y croire : le plan stratégique de transformation présenté jeudi 7 décembre par les professionnels de la vigne et du vin veut amorcer "une nouvelle dynamique collective pour reconquérir le terrain perdu et préserver l’avenir du vin en France". Cette initiative collective menée par neuf organisations (CNIV, UMVIN, CNAOC, Vin IGP, La Coopération agricole, Vignerons indépendants de France, Vin et Société, Jeunes Agriculteurs et FNSEA) est présentée comme "historique" puisqu’elle porte l’esprit d’une union sacrée des grands acteurs du vin en France.

La filière qualifie son plan de "new deal du vin". La comparaison à la politique de Roosevelt post crise de 1929 n’est pas dénuée de sens à l’échelle de la filière puisque celle-ci doit faire face à une chute de la consommation de 70 % en 60 ans. De nouvelles projections font redouter une contraction de 20 % du marché du vin sur les dix prochaines années.

La plupart des problèmes sont identifiés : éloignement des jeunes générations, ralentissement des ventes à l’export, dérèglement climatique, etc. Mais les solutions restent à construire. C’est pourquoi six groupes de travail vont travailler à apporter des réponses aux principaux enjeux.

Retrouver les jeunes générations

Ainsi, un premier défi sera de trouver les moyens de reconnecter la filière aux consommateurs qui se sont détournés du vin (en particulier les jeunes générations), en travaillant notamment à l’adaptation des produits aux nouvelles attentes, aux nouvelles pratiques et aux nouveaux goûts.

Un autre groupe cherchera à retrouver les clés de l’export - en valeur comme en volumes – à l’heure où les vins français font face à une forte concurrence sur les marchés étrangers.

Les acteurs du vin entendent encore porter et donner à voir les contributions sociétales et environnementales de la filière, à travers le groupe "Incarner la valeur RSE de la filière".

Le plan établit deux axes transverses. Tout d’abord, valoriser et moderniser l’image du vin et de la filière, en actionnant tous les leviers disponibles dont l’œnotourisme. Et enfin, il forme le vœu de développer la capacité d’action collective. Cela passerait par "un renouvellement de nos modes de gouvernance pour porter le plan de filière, une recherche de toutes les sources de financements possibles et une meilleure adaptation du potentiel de production aux demandes des marchés".

Ce plan élaboré au niveau national va devoir trouver un relais localement. "Il est indispensable qu’il soit nourri par les dynamiques et les attentes des différentes régions vitivinicoles" indiquent les signataires.

2023, année de crise

Le chantier est immense, mais les producteurs se trouvent au pied du mur. En février 2023, le gouvernement a mis en place un plan de soutien de 200 millions d’euros pour organiser une distillation de crise, complété de 30 millions d’euros pour de l’arrachage de vignes. En octobre, le ministère de l’Agriculture a annoncé l’instauration d’un dispositif de prêts bonifiés à 2,5 % pour accompagner les viticulteurs en difficulté pour rembourser leur PGE. Il faut dire que la crise est profonde. Dans le bordelais, première région vinicole du pays, un viticulteur sur cinq se dit prêt à jeter l’éponge. Des viticulteurs qui affichent ouvertement leur détresse : entre 4 000 et 6 000 personnes ont défilé à Narbonne (Aude) le 25 novembre pour alerter les pouvoirs publics sur la situation des viticulteurs.

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