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Face à la crise du logement, les représentants du bâtiment "vigilants, mais pas inquiets"
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Face à la crise du logement, les représentants du bâtiment "vigilants, mais pas inquiets"

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Soutenue par des carnets de commandes encore bien garnis, l’activité des entreprises du bâtiment en Meurthe-et-Moselle pourrait dévisser face à l’ampleur de la crise du logement en France.

Oliver Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment, entouré par Alban Vibrac, le président de la fédération en Meurthe-et-Moselle et Daniel Cerutti, qui pilote l’échelon Grand Est de la fédération — Photo : Jean-François Michel

Fidèle à sa réputation d’éternel optimiste, Alban Vibrac, le président de la Fédération du bâtiment de Meurthe-et-Moselle, préfère rappeler les grands chantiers en cours ou à venir dans le département : les 68 millions d’euros pour l’installation d’un trolleybus électrique à Nancy, les 598 millions d’euros pour reconstruire le CHRU ou encore les 25 millions d’euros injectés dans la cité administrative de Nancy.

"Nous ne sommes pas inquiets, nous sommes vigilants", tranche Alban Vibrac. "Dans mon département, l’activité est bonne, mais les résultats 2022 ont été un peu en berne, ce qui explique la stabilité dans les embauches et dans le recours à l’intérim. Mais, comme avant un orage, il y a du vent. Et aujourd’hui, on entend le vent souffler…"

Ce vent mauvais est observé avec plus d’inquiétude du côté des instances nationales de la Fédération du bâtiment. En déplacement à Nancy pour le congrès de sa fédération, Olivier Salleron se pose désormais en "lanceur d’alerte". Ce qui inquiète le président de la Fédération française du bâtiment, ce sont les annonces formulées le 5 juin par la Première ministre Élisabeth Borne à l’issue des concertations menées au Conseil national de la refondation. Prolongation jusqu’en 2027 du prêt à taux zéro, qui devait s’arrêter en 2023, mais recentrage du dispositif sur les logements collectifs en zones tendues ou encore fin du dispositif Pinel, le gouvernement aura réussi à faire l’unanimité contre lui, de la Fédération nationale de l’immobilier à la Fondation abbé Pierre, en passant par la Fédération du bâtiment. "Dans les prochaines années, ce sont 100 000 emplois dans le bâtiment qui sont menacés", estime Olivier Salleron.

"Pas à la hauteur des enjeux"

Concrètement, les demandes de permis de construire se sont effondrées sur une année glissante de 30 % à l’échelle de la France et les ventes aux particuliers de maisons individuelles sont en recul de près de 40 %, un niveau déjà dépassé dans le collectif. "Quand un permis de construire n’est pas signé un an et demi après, on ne mettra pas un coup de pelle et trois ans plus tard, rien ne sera livré. On peut donc précisément prédire ce qui va se passer en 2024, 2025 et 2026", décrit Olivier Salleron.

Revendiquant une position de bâtisseur, les élus de la Fédération veulent désormais œuvrer pour contraindre le gouvernement à corriger sa copie. "Il aurait fallu être plus malin pour adresser le problème du respect de l’environnement tout en relançant la filière", estime le président de la Fédération du bâtiment. D’autant que pour Daniel Cerutti, le président de la Fédération du bâtiment du Grand Est, le défi est immense. "Du travail, avec le chantier de la rénovation énergétique des bâtiments, il y en a pour 40 ans".

De l’avis des représentants de la filière, le soutien de l’État sur la rénovation énergétique n’est pas à la hauteur des enjeux. "Les solutions techniques existent", affirment Daniel Cerutti. "Mais il faut maintenant trouver les mécanismes pour les financer." Car au-delà des difficultés de leur entreprise, les représentants du BTP craignent de voir la crise du logement déboucher "sur une crise sociale. À ce moment-là, la réalité du logement sautera aux yeux des décideurs", estime le président de la Fédération du bâtiment du Grand Est.

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