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Eric Frémy (Frémy Décoration Peinture) : "Le nombre de commandes diminue"
Maine-et-Loire # Bâtiment # Conjoncture

Eric Frémy (Frémy Décoration Peinture) : "Le nombre de commandes diminue"

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La crise de l'immobilier a des répercussions en cascade sur les entreprises du bâtiment, selon Eric Frémy, qui dirige à Angers Frémy Décoration Peinture. S’il n’en perçoit pas encore directement les effets, les travaux de peinture arrivant en fin de chantier et étant pour l’heure moins impactés, il s’attend à une année 2024 plus tendue pour le secteur.

Dirigeant de la société Frémy Décoration Peinture, à Angers, Eric Frémy siège également au conseil d’administration de la Capeb est préside Capeb Solutions — Photo : Eric Frémy

Avec six mois de visibilité sur son carnet de commandes, l’entreprise Frémy Décoration peinture pourrait s’attendre à une année classique. Mais selon son dirigeant Eric Frémy, ancien président de la Capeb 49 et aujourd’hui président de Capeb Solutions, la diminution du recours aux intérimaires, la baisse du nombre de dossiers traités et celle de la construction neuve sont autant de signaux inquiétants pour le secteur du bâtiment.

Demandes d’intérimaires

Pour le patron de Frémy Décoration Peinture (4,2 M€ de CA 2023), s’il est un premier critère qui ne trompe pas, c’est le nombre de CV qui parviennent à l’entreprise : "J’en reçois entre 25 et 30 chaque semaine de la part d’intérimaires, témoigne Eric Frémy, ce qui est beaucoup plus qu’en période de bonne activité et le signe qu’il y a moins de travail. Les entreprises ont encore des commandes mais réduisent la voilure. On ralentit nos chantiers et on se sépare des intérimaires." La société de 40 collaborateurs travaille à 75 % dans la rénovation et pour le reste dans le logement neuf. Les commandes sont encore là, mais leur nombre diminue, et c’est là aussi un signe de baisse d’activité dans le secteur.

Moins de dossiers

Les travaux de peinture arrivent en effet en fin de chantier, et ce qui sera réalisé cette année est le fruit de devis signés il y a un ou deux, ans, voire plus pour les marchés les plus importants. "Mais nous traitons moins de dossiers, constate Eric Frémy, parce qu’il en sort tout simplement moins. Et les entreprises ayant moins de travail, nous serons plus nombreux à répondre aux appels d’offres. Chacun va vouloir remplir ses carnets de commandes et cela va forcément faire baisser les prix, qui ont déjà baissé, avec des marges réduites par la hausse du prix des matériaux et celle des salaires."

Moins de rotations dans les logements

La principale raison de la baisse des carnets de commandes dans le secteur du bâtiment réside dans la chute de la construction de logements neufs, qui influe également sur le marché de la rénovation : Frémy Décoration Peinture effectue par exemple des chantiers de rénovation pour les bailleurs sociaux. Or, s’il se construit moins de logements, un locataire va rester plus longtemps en place : "Lorsque l’offre est importante, les gens vont changer de logement plus facilement, ce qui génère à chaque fois des travaux de réhabilitation. Or, les bailleurs enregistreraient actuellement une baisse d’environ 12 % du nombre de rotations, ce qui donne moins de travail aux entreprises."

Crises à répétition

Cette crise du logement neuf, qui influe directement sur la santé des entreprises du bâtiment, ajoute aux inquiétudes d’un secteur malmené : en proie à des cycles plus ou moins favorables, le bâtiment voit les crises se succéder et doit s’adapter. "Auparavant, le secteur mettait 7 à 8 ans à se remettre d’une crise, indique Eric Frémy, par ailleurs élu au conseil d’administration de la Capeb et président de Capeb Solutions, aujourd’hui cela va beaucoup plus vite : en 2021, après la crise du Covid19 nous avons bien travaillé. En 2022, est arrivée la guerre en Ukraine avec des effets sur les matériaux, les approvisionnements et les prix et en 2023 une baisse des commandes. Le climat économique actuel n’est pas serein pour que l’on puisse se dire que c’est passager et que tout va s’arranger dans les mois à venir."

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