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Extracthive veut massifier le recyclage de déchets industriels
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Extracthive veut massifier le recyclage de déchets industriels

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L’entreprise gardoise Extracthive vient de lever 4,6 millions d’euros pour développer une technique de recyclage de fibres de carbone. Elle prévoit de bâtir trois usines en Europe afin d’industrialiser ce processus, mais aussi d’autres technologies de recyclage de matériaux composites.

Un réacteur de 800 litres, développé par Extracthive pour recycler la fibre de carbone — Photo : Extracthive

Extracthive cultive l’ambition de recycler les déchets issus de l'industrie. Avec cette spécialité : elle se focalise sur les matériaux composites, dits complexes. Spin-off du Commissariat à l’Énergie Atomique et aux énergies alternatives (CEA) basée sur le site de Marcoule dans le Gard, l’entreprise de 25 salariés (CA 2020 : 1,7 M€) vient de lever 4,6 millions d’euros pour parvenir à ses fins avec la fibre de carbone, un matériau de choix pour toutes les applications nécessitant légèreté et tenue mécanique.

Un déploiement industriel en Europe

Le procédé breveté mis au point par Extracthive repose sur le réemploi de solvants. Selon une étude citée par la PME gardoise, la fibre de carbone qu’elle récupère émet dix fois moins de gaz à effet que la fibre vierge. "Notre procédé permet de pallier les insuffisances de la technologie concurrente, baptisée pyrolyse. Grâce à la chimie, notre technique fonctionne à basse température, alors que la pyrolyse utilise de la chaleur uniquement. De ce fait, notre procédé abîme moins les fibres de carbone, et préserve leurs propriétés mécaniques", vante le PDG d’Extracthive, Frédéric Goettmann.

Pour l’heure, Extracthive n’est encore qu’en phase de R & D avancée : son pilote ne produit que des lots de 25 à 50 kg par jour. La levée de fonds devrait lui permettre d’industrialiser cette technologie en mettant au point, en 2023, une vraie chaîne de production (ou réacteur). Avec deux réacteurs, elle pourra monter une usine, vers la fin 2024, qui affichera une capacité de 400 à 450 tonnes par an. "Mais ce sera toujours insuffisant pour servir le marché. C’est pourquoi nous prévoyons de doubler cette usine ailleurs en France, ce qui portera notre capacité à près de 1 000 tonnes par an. Et nous planchons déjà sur une troisième usine, probablement en Europe du Nord", annonce Frédéric Goettmann, qui évalue le coût de chaque unité de traitement à 3 millions d’euros.

L’appétence grandissante de l’industrie

Mais le traitement de la fibre de carbone n’est qu’une corde parmi d’autres à l’arc de la PME gardoise. L’entreprise maîtrise des techniques de recyclage pour d’autres matériaux complexes tels que le lithium ou le carbure de silicium. Extracthive a racheté, en 2017, une usine située à Sorgues (Vaucluse) positionnée sur le recyclage de chutes industrielles (environ 9 000 tonnes par an). Elle vient d’y installer un autre pilote destiné à recycler le carbure de silicium. De 50 tonnes produites par an aujourd'hui, l’ambition est là aussi de perfectionner le procédé pour arriver, à terme, à 1 000 tonnes par an.

"Ces céramiques sont destinées à des applications très techniques, or certains métiers comme la fonderie ont une forte appétence pour des applications moins techniques. Et il existe peu de sites industriels en Europe, comme le nôtre à Sorgues, spécialisés sur ces produits primaires", note Frédéric Goettmann.

Plus globalement, le dirigeant observe que sa vision stratégique du recyclage se répand très largement au sein de l’industrie française et européenne. "Jusqu’à une date récente, les producteurs de déchets nous demandaient simplement de les aider à les gérer. Désormais, ils vont beaucoup plus loin et veulent utiliser des matériaux déjà recyclés", insiste Frédéric Goettmann.

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