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Muovi mise sur de petites unités locales pour développer le recyclage du plastique
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Muovi mise sur de petites unités locales pour développer le recyclage du plastique

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Tombé dans le recyclage du plastique lors de son embauche chez Loreco Plast Recyclage, Samuel Berger pilote aujourd’hui la start-up industrielle Muovi, à Arches dans les Vosges. Pour se développer, le recycleur veut répondre aux besoins des industriels grâce à de petites unités de recyclage, installées au plus près des gisements.

La start-up industrielle Muovi recycle actuellement 5 tonnes de polyester par jour — Photo : Jean-François Michel

Le créateur

Se décrivant comme "un passionné d’industrie", formé à la productique à Épinal, dans les Vosges, Samuel Berger a travaillé dans le domaine de l’automobile et de la papeterie jusqu’en 2016, date à laquelle il est embauché chez Loreco Plast Recyclage, à Vézelise, en Meurthe-et-Moselle. Opérant dans le recyclage du PET, l’entreprise est alors pilotée par Dominique Lestrade. "Quand je suis arrivé, l’entreprise faisait un peu moins de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, puis nous sommes rapidement passés à 5 millions d’euros", décrit Samuel Berger. En s’appuyant sur la "richesse des compétences" de la PME et en apportant de la rigueur dans la gestion, l’entrepreneur redresse les comptes et prend conscience du potentiel de croissance du secteur du recyclage du plastique. "Quand l’équipe d’Aloxe a repris Loreco Plast Recyclage et amené sa vision des affaires, j’ai eu envie de continuer à développer de nouvelles activités, d’explorer des niches du recyclage", détaille Samuel Berger. En 2022, l’entrepreneur demande sa rupture conventionnelle, puis démarre l’incubation de son projet, alors baptisé Eco2R, au quai Alpha, à Épinal. "Je ne me serais pas lancé tout seul", concède Samuel Berger, qui a emmené dans l’aventure sa collaboratrice de chez LPR, Marine Grandbarbe. Au terme de l’incubation, début 2023, la start-up industrielle Eco2R devient Muovi. Lancée avec 25 000 € de capital, Muovi est présidée par Samuel Berger, qui détient 84 % des parts : la direction générale a été confiée à Marine Grandbarbe, qui détient le reste du capital.

Chauffés, pressés dans un filtre puis refroidis, les filaments de polyester sont ensuite découpés pour en faire des granulés — Photo : Jean-François Michel

Le concept

Pour lancer l’activité de la start-up industrielle Muovi, Samuel Berger a rassemblé un total de 300 000 €. Installée à Arches, dans les Vosges, dans un atelier de 800 m2, l’activité de recyclage de Muovi est réalisée sur une ligne rachetée à Aloxe lors de la reprise de LPR. Une ligne robuste, que Samuel Berger et Marine Grandbarbe connaissent par cœur, et qui leur permet de réaliser des petites séries avec des déchets de polyester provenant de différentes sources. En bout de ligne, l’équipe de Muovi, qui compte aujourd’hui un total de trois personnes, récupère du polyester en granulés, qui pourra être réutilisé presque comme un granulé vierge, issu du pétrole. "En ce moment, nous recyclons environ 5 tonnes de polyester par jour", indique Samuel Berger. Sur le dernier exercice, Muovi a réalisé un total de 60 000 € de chiffre d’affaires, correspondant à de la prestation industrielle. "En récupérant quelques clients de LPR, nous avons démarré avec un minimum de charge, mais pour atteindre le point mort, il faudrait faire 30 % de plus", estime Samuel Berger.

Les perspectives

Pour développer l’activité, le président de Muovi compte notamment récupérer de plus en plus de polyester issu de l’industrie textile. "Demain, j’aimerai pouvoir proposer une forme de consigne aux industriels, qui mettraient leurs produits en vente, et derrière, nous pourrions les récupérer pour en faire une ressource", décrit Samuel Berger. Une boucle d’économie circulaire que le président de Muovi veut décliner à l’échelle locale, au plus près des gisements, avec de petites unités de recyclage répondant aux problématiques des industriels d’un territoire donné. "C’est un modèle qui s’oppose à celui des usines à plusieurs centaines de millions d’euros, pour lesquelles il faut massifier la collecte, mais qui permet d’aller vers plus de valeur ajoutée", estime Samuel Berger. Travaillant avec l’École des Mines de Nancy pour développer un procédé permettant de caractériser finement la matière entrante, le dirigeant de Muovi cherche en parallèle la bonne recette pour permettre à son plastique recyclé d’être utilisé dans des presses à injecter. "L’image qu’il faut garder en tête, c’est d’être capable de faire des pièces en plastique à partir de déchets". Avant d’aller chercher des fonds pour concrétiser tous ses projets, Samuel Berger se donne "six mois" pour stabiliser l’activité de Muovi.

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