Établi à Cernay dans le Haut-Rhin, le site de production d’Endress + Hauser procède à son dixième agrandissement depuis son installation en 1991. Un chantier de près de 20 millions d’euros qui vise à rassembler les 800 salariés français du leader mondial en instrumentations de mesure pour l’automatisation des applications de process et pour le laboratoire en un seul et même lieu. Le lieu intégrera le sous-traitant Estech Industries Angenstein, fabricant helvétique de tubes de mesures, déjà présent à Cernay et en cours d’acquisition.
Imaginé sous la forme d’un campus, baptisé "Nexus", le bâtiment fera office de nouveau siège social français de la firme suisse et réunira, début 2026, les équipes des services de vente, marketing, communication, service clients, projets, logistique, qualité, RH, informatique, comptabilité et finance. Soit 140 collaborateurs qui opèrent actuellement à Huningue (Haut-Rhin), à une cinquantaine de kilomètres de Cernay.
Rassembler pour favoriser le travail collaboratif
"Ce n’est pas un bâtiment qui est en ruines mais il ne permet pas de répondre aux besoins du travail moderne qui est beaucoup plus collaboratif. Et, d’un point de vue énergétique, on était un petit peu à côté de la plaque", souligne Laurent Mulley, directeur commercial d’Endress + Hauser, à propos de l’actuel siège huninguois. "Nous sommes partis d’une feuille blanche en tenant compte de la dichotomie entre le télétravail, qui est en place depuis dix ans chez nous, et le travail collaboratif au bureau", poursuit-il.
Construit à la place d’un ancien bâtiment dédié à la production d’où 96 % des 1 405 tonnes de déchets ont été réemployées ou recyclés, "Nexus" disposera d’espaces de travail en flex office, d’un amphithéâtre de 150 places, d’un Customer Expérience Center, de lieux de sociabilisation et d’une salle de sport sur une surface de 5 700 m2. Conçu par le cabinet d’architecture strasbourgeois Oslo, il s’inspire du campus "One" d’Endress + Hauser existant déjà à Greenwood aux États-Unis tandis qu’un autre projet similaire est en cours d’élaboration à Itatiba au Brésil.
Des "esprits à fertiliser" et une expérience client renforcée
"Nexus est plus qu’un bâtiment. C’est une nouvelle façon de travailler, un endroit agréable à vivre et propice à l’innovation entre tous nos collaborateurs et nos clients", mentionne Claunel Massiès, directeur général d’Endress + Hauser France. "Nous allons entrer dans l’ère de la mobilité au bureau et de l’entreprise ouverte, sans murs entre les services. On associe des talents mais aussi des métiers", ajoute-t-il. Un espace témoin de 180 m² a été installé au sein de l’actuel siège social d’Huningue afin de familiariser les équipes d’Endress + Hauser à cette nouvelle philosophie.
"Avec Nexus, nous avons comme ambition de renforcer l’expérience clients, de les faire entrer à l’intérieur de notre environnement pour toujours mieux les comprendre et les accompagner"
Le rapprochement des entités commerciales avec la production doit également se traduire en termes d’action commerciale et de force de vente. "On va fertiliser des esprits qui sont légèrement différents", indique Laurent Mulley, directeur commercial.
"Avec Nexus, nous avons comme ambition de renforcer l’expérience client, de les faire entrer à l’intérieur de notre environnement pour toujours mieux les comprendre et les accompagner. Ce qui n’est pas toujours évident quand vous avez des entreprises qui grossissent", embraye Claunel Massiès.
Un rôle clé dans la transformation durable de l’industrie
Si le groupe familial, fondé en 1953 par le Suisse Georg H. Endress et l’Allemand Ludwig Hauser, a poursuivi en 2023 sa croissance à deux chiffres en réalisant un chiffre d’affaires d’environ 3,72 milliards d’euros, l’entreprise demeure prudente pour la suite. "Les carnets de commandes et le chiffre d’affaires net ont évolué plus favorablement que prévu durant les trois premiers mois de l’année. Mais la croissance ne repose pas encore sur une base solide", avait relevé Peter Selders, le tout nouveau dirigeant du groupe, à la mi-avril.
L’an passé, Endress + Hauser avait livré 2,9 millions de capteurs et de systèmes dans le monde entier où les États-Unis ont devancé la Chine en tant que premier marché. L’industriel, qui emploie près de 17 000 collaborateurs, compte jouer un rôle clé dans la transformation de l’industrie en continuant d’innover avec 70 nouveaux produits dans l’instrumentation de mesure et d’analyse qui visent à améliorer la digitalisation et la durabilité des process industriels.
"Nexus", un bâtiment moins gourmand en énergie
Le site de production de Cernay fabrique des débitmètres électromagnétiques pour les secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire, de la pharmacie tout comme de la production d’eau potable et du traitement des eaux usées. Ces débitmètres permettent de mesurer les débits de fluides comme l’eau ou la vapeur, ce qui peut permettre de générer des économies d’énergie, de décarboner l’industrie et de maîtriser la consommation de l’eau.
Avec "Nexus", Endress + Hauser baissera sa consommation d’énergie de près de 70 % par rapport au bâtiment de Huningue, propriété du groupe et dont la future destination reste à définir.
À Cernay, les arbres qui arboraient la parcelle ont également été replantés à proximité du restaurant d’entreprise. De la géothermie, des panneaux photovoltaïques et une toiture végétalisée vont être mis en place dans le futur bâtiment qui sera équipé d’un système de refroidissement au détriment d’une climatisation jugée moins écologique.
Construit avec des entreprises locales
"Dans une démarche d’économie circulaire, nous avons souhaité privilégier les entreprises locales et les biens fabriqués en France. Ainsi, 95 % des entreprises retenues sont présentes dans un rayon de 150 km", conclut Claunel Massiès.
