En Sarthe et Mayenne, un Territoire d’industrie en campagne pour défendre 15 000 emplois entre deux métropoles
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En Sarthe et Mayenne, un Territoire d’industrie en campagne pour défendre 15 000 emplois entre deux métropoles

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Reconnu dans la deuxième phase du programme national, pour 2023-2027, Cœur de Maine a la particularité d’être l’un des deux "Territoires d’industrie" des Pays de la Loire situés à cheval sur deux départements. Élus et dirigeants de Sarthe et Mayenne se sont fédérés pour défendre les 15 500 emplois industriels de ce bassin rural. Des projets vont voir le jour autour de la formation, l’immobilier ou encore de l’innovation.

Élus, développeurs économiques et industriels de Mayenne et de Sarthe se fédèrent pour défendre les quelque 15 000 emplois de leur bassin économique — Photo : Frédéric Gérard

La communauté de communes des Coëvrons (la 3C), en Mayenne, et Loué-Brûlon-Noyen Communauté, en Sarthe (LBN), se sont unies pour "être identifiées sur une carte". Entre l’agglomération de Laval et la métropole du Mans, ce bassin économique " cohérent " de 46 000 habitants compte 15 500 emplois industriels au total, soit 28 % des actifs contre 13 % pour la moyenne nationale. Beaucoup d’entre eux se trouvent dans quelques usines d’envergure : Socopa, Bel et Howmet-Ciral à Evron, Saica Pack à Montsûrs, ainsi que FPEE et Femilux à Brûlon, le groupe Cofel à Noyen-sur-Sarthe, les Fermiers de Loué ou encore Cosnet Industries à Coulans-sur-Gée. Agroalimentaire, électronique de précision, menuiseries PVC, maroquinerie de luxe, fabrication de matelas, coopérative agricole… Leurs activités sont très différentes mais ont un point commun : le besoin d’attirer de nouveaux collaborateurs pour se développer.

Avancer grâce à un partenariat entre les différents acteurs

" On se demandait pourquoi on n’avait pas été reconnus lors de la première phase Territoires d’industrie ", relate Daniel Coudreuse, président de LBN Communauté. La question était similaire dans la 3C. Après un premier échange, tout est allé très vite, d’une première réunion en juin 2023 au dépôt du dossier en septembre. En fin d’année, la reconnaissance de ce territoire baptisé "Cœur de Maine" pour la période 2023-2027 a été obtenue.
Pour rappel, créé en 2018 par Bercy, le dispositif Territoires d’Industrie vise à "réindustrialiser la France". Associant État, industriels et élus locaux, ce programme national accompagne la structuration de projets. Le gouvernement précise entre autres que 100 millions d’euros du plan France 2030 seront mobilisés via un soutien en ingénierie et via des aides pour des projets sur les territoires concernés.

Des actions sur la formation, l’innovation, l’environnement…

Sur le territoire de Cœur de Maine, les représentants de l’industrie devraient " composer à 80 % le comité de pilotage ". Onze actions ont été définies pour être déclinées à travers quatre axes de travail : favoriser la formation locale et le recrutement, sécuriser l’immobilier d’entreprises face à la rareté des terrains, accompagner les productions vers des modèles plus vertueux pour l’environnement et enfin rapprocher les entreprises locales des acteurs de l’innovation. " Je suis convaincu que c’est seulement par le partenariat entre les deux communautés de communes, entre le territoire et les entreprises, et entre les industriels eux-mêmes qu’on pourra avancer ", clame Léonard Didiot, directeur de l’usine Bel à Evron, qui sera l’un des "pilotes" de Cœur de Maine.

L’usine Bel est placée en plein cœur de la ville d’Évron, près de la gare. "Impensable aujourd’hui", mais cela représente environ 700 emplois désormais — Photo : Frédéric Gérard

Le club des entrepreneurs locaux n’a pas attendu pour aborder, par exemple, les questions de l’attractivité et de la mobilité. Pas simple, explique Léonard Didiot : " Notre usine est située juste à côté de la gare ferroviaire, mais ce n’est pas un atout. Cela permet à des cadres de venir de Laval ou du Mans, or eux, ce sont plus le type de poste et les opportunités en interne qui les font venir. Les ouvriers veulent habiter dans la ville ou à dix-quinze kilomètres maximum. Très peu passent la frontière de la Sarthe", à seulement quinze kilomètres justement. " Quant aux jeunes, le sujet est plus épineux : " Ils ne veulent plus travailler dans l’industrie, et ils prétendent s’ennuyer en campagne. "

Réindustrialiser la France, mais comment ?

" On parle beaucoup de réindustrialiser la France, la question est de savoir comment on fait, comment garder les jeunes sur le territoire, et comment mettre en place une coopération entre les industriels, expose Joël Balandraud, président de la 3C. Pendant des dizaines d’années, la France s’est rêvée en pays tertiaire. Mais il ne faut pas oublier que ce sont les industries qui sont le premier facteur de richesses des territoires. Tous les pays riches sont des pays industriels. " Et son homologue sarthois Daniel Coudreuse d’en appeler à leurs prédécesseurs, qui " ont défendu l’industrie de manière transfrontalière ". Les regards se tournent alors vers des personnalités comme Raoul Vadepied, emblématique sénateur-maire d’Evron, entre les années cinquante à quatre-vingt. Raoul-Vadepied, nom de baptême d’un lycée technique de la ville, où un BTS maintenance des systèmes a été créé avec le concours des entreprises locales. Un exemple de ce qui peut être fait dans un Territoire d’industrie, même s’il faudra aller bien plus loin.

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