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Ecocean se finance pour mieux restaurer les milieux marins
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Ecocean se finance pour mieux restaurer les milieux marins

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Spécialiste de la biodiversité marine, Ecocean lève 1,2 million d’euros pour structurer sa croissance à l’export. Alors que le marché mondial de l’éolien offshore explose, la PME montpelliéraine veut épauler les plus grands développeurs dans les appels à projets.

BioHut est la solution d’habitat aquatique développée par Ecocean — Photo : Rémy Dubas

En 2019, l’entreprise montpelliéraine Ecocean (21 salariés, CA 2022 : 1,7 M€) a installé une bouée d’observation de la biodiversité marine au large de Leucate (Aude). Sa mission : étudier pendant 4 ans le développement des espèces pouvant se développer aux abords et sur les éoliennes flottantes qu’installera sur place le consortium EFGL, emmené par Engie et la Banque des Territoires. Un jalon de plus dans la connaissance des écosystèmes marins accumulée par cette société fondée en 2003, bien avant que l’éolien offshore ne devienne un enjeu mondial majeur. Maintenant que ce marché explose (il pèse à ce jour 17 % des projets d’ENR dans le monde), Ecocean lève 1,2 million auprès de la Banque des Territoires et du fonds Sud Mer Invest pour surfer sur la vague.

Une demande mondiale croissante

Ce financement va d’abord permettre à l’entreprise de se doter d’une équipe commerciale : alors que les énergéticiens la démarchaient spontanément jusqu’ici, elle veut structurer une vraie dynamique de prospection pour passer un cap de croissance. "Les grands développeurs ont entendu parler de l’opération de Leucate et nous contactent dans le cadre des appels à projets qui se multiplient depuis deux ans. Nous leur proposons d’inclure dans leurs dossiers de candidature un volet sur la biodiversité, que nous rédigeons. Même si ça n’est pas obligatoire, c’est toujours une plus-value dans leur démarche", indique Gilles Lecaillon, PDG d’Ecocean.

La PME montpelliéraine a développé deux solutions : "BioHut" (un habitat artificiel qui restaure la fonction de nurserie des petits fonds rocheux dégradés par la construction d’équipements côtiers, tels que les ports et les éoliennes), et "BioRestore" (un procédé de capture et culture de post-larves). Elle a déjà signé des accords de distribution en Europe (Espagne, Portugal, Norvège, Suède) et cible de nouveaux marchés tels que la Grèce et le Moyen-Orient. "La demande est forte au vu de l’engouement pour les marinas dans cette partie du monde", glisse Gilles Lecaillon. Sur le créneau portuaire en particulier, Ecocean affiche de solides perspectives : elle équipe déjà 54 ports dont 30 en France, mais la proportion de prospects étrangers s’envole, notamment en Europe.

Booster les réserves halieutiques

Par ailleurs, Ecocean se développe aussi dans les dispositifs d’eau douce. Elle a signé un accord de distribution avec la société écossaise Biomatrix, qui a créé des radeaux flottants végétalisés : en poussant sous l’eau, les racines forment de nouvelles zones où Ecocean vient installer ses solutions d’habitat. L’entreprise compte déjà 15 villes clientes, où elle déploie le procédé principalement dans des canaux d’irrigation. "Nous ciblons les villes mais aussi les ports d’eau douce. Les besoins vont s’accentuer car l’Europe impose la création de trames vertes et bleues", souligne Gilles Lecaillon.

En œuvrant pour le repeuplement marin, Ecocean espère faciliter l’acceptation des éoliennes offshore, souvent mal perçues des pêcheurs. L’étude réalisée en 4 ans autour de la bouée de Leucate montre que les grandes structures au large vont capter énormément de larves de poissons et de crustacés. "Si ces structures restent lisses, elles seront peu diversifiées en espèces. Si nous les équipons avec des solutions d’habitat, les espèces seront plus nombreuses. Nous apportons plus de valeur commerciale avec les parties prenantes comme les pêcheurs", explique Gilles Lecaillon. Avec a priori un gain énorme en conditions réelles : la bouée, un beau bébé de 15 m de haut pesant 4,5 T, a déjà permis de vérifier que 20 fois plus d’oursins qu’en milieu naturel prolifèrent au mètre carré. Or, l’éolienne du projet EFGL qu’Ecocean va équiper sera un mastodonte de 80 m de côté pesant 3 000 tonnes…

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