Dirigeants : comment déconnecter pendant les vacances
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Dirigeants : comment déconnecter pendant les vacances

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Pas toujours facile pour un dirigeant d'entreprise de partir en congés l’esprit libre. Comment réussir à se déconnecter du travail, d’Internet, des réseaux sociaux et pleinement profiter de ses vacances ? Experts et chefs d’entreprise partagent leurs expériences.

Pas facile de tout débrancher. Seuls 8% des chefs d’entreprise français ne consultent pas leur boîte e-mail professionnelle durant leurs vacances, selon une étude réalisée par Qapa.fr et Wity en 2018 — Photo : ©moofushi - stock.adobe.com

« Longtemps, j’ai été un addict au travail. » Durant des années, Pascal Chessé, qui dirige le groupe immobilier de 25 salariés qui porte son nom, n’a pas réussi à faire un réel break. Notamment à cause de la peur de manquer de clients. « Pendant mes vacances, il m’arrivait de décrocher mon téléphone pour discuter d’un projet avec des élus locaux, se souvient-il. On a toujours un fil à la patte. »

Préparer son départ

Aux grands maux, les grands remèdes. Le promoteur a, depuis, appris les vertus de la déconnexion… grâce à des voyages au long cours. En 2010, direction l’Australie. En 2017, il part pour l’Afrique du Sud pendant quatre mois. Mais s’éloigner ne suffit pas. Partir en vacances l’esprit libre exige un minimum d’organisation. Pascal Chessé choisit maintenant ses dates en fonction « d’un bon alignement de planètes ». Il évite donc les périodes chargées en affaires, tient compte de la scolarité de ses enfants et de l’état de santé de ses proches pour éviter d’être préoccupé…

Le BA-ba consiste ensuite à prévenir « ses principaux partenaires, clients, fournisseurs, etc., qu’on sera en congés et non-joignable… en indiquant qui contacter en son absence », rappelle de son côté Vincent Dupin, créateur de l’agence Into the Tribe, qui dispense des formations autour du « digital detox ».

Déléguer la direction

Avant de débrancher, il faut se poser une question : le dirigeant est-il indispensable au quotidien à la bonne marche de l’entreprise ? Si la réponse est négative, il peut partir l’esprit plus tranquille. Pour cette raison, Pascal Chessé a délégué ses pouvoirs et signatures à un associé en charge des questions administratives et financières. Ses équipes ont aussi pris la main côté business. Si beaucoup de décisions se prenaient déjà de façon collégiale, il a donc fallu faire sans validation finale du boss. « Pour que cela marche, il faut prouver à ses collaborateurs que les décisions qu’ils prendront en votre absence auront par avance votre soutien. Même si l’on n’aurait pas fait les mêmes choix », insiste le dirigeant.

« Afin de rendre mes cadres et commerciaux plus autonomes, j’ai pris le temps d’expliquer comment je motive mes décisions. »

Un autre chef d’entreprise a suivi un cheminement similaire pour préparer un périple estival de trois mois en bateau à travers la Méditerranée. Dominique Goubault pilote l’imprimerie du même nom (45 salariés). « Afin de rendre mes cadres et commerciaux plus autonomes, j’ai pris le temps d’expliquer comment je motive mes décisions : quand décider de faire un prix agressif pour séduire des prospects, comment gérer le planning si un client passe une commande de dernière minute… », détaille-t-il.

Déconnexion totale ou partielle ?

Tous deux visent une déconnexion totale ou presque. Une fois en vacances, Pascal Chessé n’appelle plus le bureau, ne répond pas aux e-mails professionnels. Aucun contact avec l’entreprise, sauf extrême urgence. « J’ai pris une seconde carte Sim pour téléphoner uniquement à mon épouse et mes enfants », raconte-t-il.

Quand la coupure totale avec le travail est impossible (pour certaines professions) ou si elle génère trop de stress, une déconnexion partielle reste envisageable. A condition d’être encadrée et limitée. Certains s’imposent une routine, par exemple une plage de connexion à heure fixe. « Au maximum une heure par jour. Plutôt avant un moment de plaisir, comme un déjeuner entre amis… qui vous enguirlandent si vous débordez, car on vous attend pour passer à table. Mais pas le soir, car il faut éviter le stress avant de se coucher », conseille Jean-Denis Budin. Cet ancien chef d’entreprise dirige le Credir, une ONG alsacienne qui vient en aide aux victimes de burn-out et qui mène des recherches autour de la qualité de vie.

Digital détox

Qui dit vacances, dit aussi occasion de recharger les batteries. « Il est recommandé de prendre au moins deux semaines de congés tous les six mois », conseille Jean-Denis Budin. Par ailleurs, mieux vaut éviter les vacances menées à 100 % sur un rythme effréné. Il est préférable d’alterner entre activités et moments plus tranquilles. Sans oublier une dose d’activité sportive. « Pas pour se sculpter de beaux muscles, mais pour s’oxygéner le cerveau. Et parce qu’on génère au passage des endorphines, ces hormones de plaisir », enchaîne l’Alsacien. Car les vacances servent aussi à ménager son cerveau, en déconnectant sa matière grise du travail… et des écrans.

« Il ne faut pas passer plus d’une heure par jour sur son smartphone. »

« Pas plus d’une heure par jour sur son smartphone », recommande Vincent Dupin. Avant les séminaires d’entreprise qu’elle organise, son agence installe une application qui coupe toute l’activité des smartphones, à l’exception des fonctions appel et SMS. L’expert du digital detox emmène alors des équipes tester ensemble le rafting, remonter un glacier dans les Alpes ou participer à des concours de cuisine en toute tranquillité. « Un moyen de se reconnecter avec la nature, avec les autres et avec soi-même », philosophe Vincent Dupin.

Bye bye la fatigue devant les écrans et l’accumulation continue d’un flot d’informations, parfois anxiogènes. Car qu’elle soit d’ordre professionnelle ou privée, « une charge mentale reste une charge mentale », explique en substance Jean-Denis Budin. Son conseil amical : « Acheter un journal papier, écouter de la musique sur ses bonnes vieilles enceintes, utiliser un appareil photo et lâcher Tinder pour aller draguer dans un club de vacances… »

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