Jean-Denis Budin : « Victime d'un burn-out, je me suis construit ma propre prison »
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Jean-Denis Budin : « Victime d'un burn-out, je me suis construit ma propre prison »

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Le burn-out peut faire des ravages irréversibles, voire conduire à la mort. Jean-Denis Budin, ancien dirigeant de Vinosafe, une PME alsacienne de 30 salariés, a traversé cette épreuve.

Jean-Denis Budin, ancien dirigeant de Vinosafe, a souffert d'un burn-out voilà 10 ans. Ce mal être profond peut provoquer des dégâts physiques et psychologiques incommensurables — Photo : © Jean-Denis Budin

« Je n’en avais jamais entendu parler », admet Jean-Denis Budin. Le patron de Vinosafe n’a pourtant pas été épargné par un burn-out sévère en 2008. Dirigeant actionnaire de cette PME alsacienne de 30 employés spécialisée dans la fabrication de caves à vin, il est contraint en 2007 de vendre pour des raisons financières. Maintenu au poste de directeur général, c’est un an plus tard que le calvaire commence. Il a alors 45 ans.

« Il y a eu des signes avant-coureurs. Je ne dormais plus du tout. Certains peuvent souffrir de lombalgies, de problèmes de peau. On se construit une petite prison et les interactions sociales deviennent impossibles. » Pour l’ancien dirigeant, sont ensuite venus la déconfiture physique, les graves trous de mémoire, l’isolement, le changement de caractère : « Physiquement, c’est similaire à un AVC. On peut être paralysé, perdre tout sens de l’orientation… », confie-t-il.

« Contre le burn-out, garder un équilibre »

« J’ai eu la chance de tomber sur un médecin qui a su identifier ce dont je souffrais ». Le docteur lui prescrit un arrêt de travail de six mois. « Cela était impensable pour moi : quand on dirige une PME, l’idée d’arrêter de travailler n’est pas envisageable ! Mais le corps ne suit plus et continuer peut provoquer des arrêts du cœur ou des AVC… »

Guérir totalement du burn-out est possible. Aujourd’hui, Jean-Denis Budin est le président de Credir, une ONG qu’il a fondée en 2013, basée en Alsace, et qui vient en aide aux victimes de burn-out. « Les personnes à risque sont les gens en état de fatigue extrême au travail, sujets à de nombreux tracas professionnels et personnels. Il faut garder un équilibre. Se dégager du temps pour faire du sport, avoir une vie associative, pour se confier à quelqu’un d’autre que sa famille. J’étais élu de mon village de Kaysersberg en Alsace. J’ai arrêté, car j’estimais ne plus avoir le temps. C’est là que tout a commencé… »

Pour revenir à la vie normale ? « Il faut retrouver de la motivation, être rassuré. On a besoin de compliments. » Et pour ne pas rechuter ? « Je m’interdis de me coucher avec une contrariété dont je n’ai pas parlé ou qui n’est pas réglée », confie Jean-Denis Budin.

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