Alpes-Maritimes
Chandam veut contribuer à retisser la filière laine en France
Alpes-Maritimes # Textile # Made in France

Chandam veut contribuer à retisser la filière laine en France

S'abonner

Hébergée au sein de la pépinière InnovaGrasse, Chandam propose des pulls made in France, tricotés avec de la laine de moutons de région Paca. Une démarche éthique, responsable et créative, mais forcément semée d’embûches quand la filière a quasi disparu au profit de délocalisation vers l’Asie. Pas de quoi décourager Eléonore Bricca, la fondatrice de la marque.

Éléonore Bricca est la fondatrice de Chandam, hébergée à la pépinière InnovaGrasse — Photo : Olivia Oreggia

La créatrice

Ingénieure agronome, Éléonore Bricca travaillait à Grasse au développement de filières durables pour la parfumerie et la cosmétique. "Je travaillais avec des ONG, des fabricants d’ingrédients, des maisons de compositions, des marques… J’avais une vision sur toute la filière au sein de laquelle tout le monde ne se connaissait pas, ne se parlait pas. J’avais un peu un rôle de médiatrice, ce que j’ai trouvé très intéressant." Son employeur met la clé sous la porte en 2019. La jeune femme se laisse alors le temps de faire éclore son envie d’entrepreneuriat et "d’essayer quelque chose qui n’existait pas encore selon moi". En 2021 naît Chandam. La mise de départ (100 000 euros) est essentiellement composée de love money, venant de ses proches dont deux s’associent à elle.

Le concept

"Je voulais faire des pulls colorés, uniquement en fibres naturelles et via une filière transparente et paysanne. On peut faire du créatif et du joyeux dans une démarche tout aussi engagée." Pour ce faire, Éléonore Bricca contacte des filateurs français, des peigneurs. Certains lui rient au nez, d’autres l’écoutent. Mais, il y a de quoi faire : les milliers de tonnes de laine produite en France chaque année ne sont quasi pas utilisées. "Rien n’est valorisé, tout a été délocalisé en Asie. Les industriels qui ont les bonnes machines travaillent de l’acrylique, et quand ils travaillent la laine, celle-ci n’est pas française." Chandam coopère en direct avec un éleveur de Guillaumes dans les Alpes-Maritimes. La laine est ensuite lavée en Haute-Loire, puis cardée et peignée chez le dernier peigneur, à Tourcoing. Un approvisionnement complémentaire vient des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse via un négociant, car il faut suffisamment de volume pour se lancer dans le processus. La filature et la teinture se font en Suisse. Les bobines récupérées sont envoyées à des tricoteurs en Italie et en France (un en Vendée, un autre à Laval). "Chacun a des techniques différentes selon les fils mais, et c’est un point très important pour nous, la laine est assemblée et non coupée pour éviter les pertes. Il faut comprendre les contraintes de chacun pour les lever peu à peu." La jeune femme s’est ainsi positionnée dès le départ en termes de filière, d’écosystème. Un vrai challenge que ce "made in France" qui se heurte à des savoir-faire et des outils industriels perdus.

Les perspectives

Distribués en e-commerce, les pulls en laine pour l’hiver et les hauts en lin de la collection été devraient permettre à la TPE de dépasser les 60 000 euros de chiffre d’affaires cette année, soit le double de 2022. "Il y a la partie marque et la partie B to B. Nous faisons du conseil auprès de créateurs ou de négociants de laine pour les aider à sourcer leur matière par exemple." L’entreprise, qui a reçu un financement de Bpifrance via le dispositif Bourse French Tech, devrait atteindre la rentabilité en 2024. Elle travaille également à la vente de pelotes de laine l’an prochain. "Notre objectif est que les éleveurs soient bien payés et que toute la filière puisse mieux fonctionner. Nous avons été plusieurs à nous lancer, de manière plus ou moins visible. Il y a plein de petites marques, plusieurs strates. L’idée est que nous soyons tous actifs." Pour l’heure, elles ne sont que deux dans l’aventure, mais l’ambition est bien de grandir et de recruter. "Je m’imagine un peu comme le Bompard de la laine française. C’est une référence dans le cashmere. J’aimerais que Chandam le soit dans la laine française."

Alpes-Maritimes # Textile # Made in France # Artisanat # Start-up
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise CHANDAM