Canicule : quel impact pour l'économie ? 
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Canicule : quel impact pour l'économie ? 

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Si le chiffre d’affaires des fabricants de ventilateurs et des vendeurs de glace grimpe à la belle saison, la canicule n’est jamais propice aux affaires. La productivité baisse et les conséquences sur l'économie d'un épisode de fortes chaleurs peuvent se mesurer en milliards d'euros.

La productivité diminuerait d’un tiers lorsque la température passe de 26 à 31 degrés. — Photo : ©Jenny Sturm - stock.adobe.com

Transpiration, gêne respiratoire, fatigue, baisse de vigilance : quand le thermomètre monte, les cadences ralentissent, les temps de pause se font plus longs, et l’employeur est tenu d’adapter le travail à la hausse des températures, même si la législation reste assez floue sur ce point.

Mais nul besoin de dépasser les 40 degrés pour que l’économie commence à vaciller. L’activité des entreprises prend en effet du plomb dans l’aile dès lors que le thermomètre franchit les 26 degrés, assure un rapport des Nations Unies, qui s’appuie sur des enquêtes scientifiques réalisées dans différents pays. La productivité horaire s’écroule en effet d’un tiers lorsque la température passe de 26 à 31 degrés. Et le risque d’accident du travail augmente : « Au-delà de 30 °C pour une activité sédentaire, et de 28 °C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés », prévient ainsi l’Institut national de recherche et de sécurité.

Dans un bureau, la température idéale serait comprise entre 20 et 24 degrés, confirme Kandu, une start-up de 12 salariés issue de la R&D de Saint-Gobain qui accompagne les entreprises dans l’amélioration de leurs espaces de travail.

La canicule de 2003 a coûté 15 à 30 milliards d’euros

Toutes les entreprises ne sont évidemment pas affectées de la même façon par la canicule. Le secteur agricole concentre à lui seul 80 % des heures de travail perdues en 2017 dans le monde à cause de la chaleur, selon une estimation de l’Organisation internationale du travail. Avec des métiers généralement en extérieur et nécessitant une activité physique, les entreprises du bâtiment et des travaux publics sont aussi très climato-dépendantes. Mais, elles sont loin d’être les seules.

Lors de la canicule de 2003, la consommation des ménages français avait reculé de 2,7 % par rapport à l’année précédente, rapporte l’Insee. Les entreprises de textile avaient été parmi les plus affectées, les achats de vêtements ayant reculé de 9 % durant la vague de chaleur. La consommation de viande avait elle aussi pâti du climat, s’écroulant de 8 %. En plus du drame sanitaire qui a généré près de 20 000 morts, la canicule a amputé la croissance de l’économie française de 0,1 à 0,2 point. Soit 15 à 30 milliards d’euros, selon un rapport du Sénat.

153 milliards d’heures non travaillées à cause de la chaleur

Comparée à beaucoup d’autres pays, la France est pourtant relativement épargnée par les aléas climatiques. Elle bénéficie même de conditions météorologiques idéales, avec une température annuelle moyenne de 13,4 degrés en 2017. Car, si on en croit le Massachusetts Institute of Technology de Boston, la productivité d’une économie atteint son maximum lorsque sa température annuelle moyenne est de 13 degrés. Et baisse lorsque la température monte… ou descend. Les chercheurs américains sont même remontés jusque dans les années 1960 et ont analysé différentes économies. Leurs conclusions ? La relation entre climat et productivité est stable dans le temps, et vaut aussi bien pour les pays riches que pour les pays pauvres.

Le problème, c’est que que le réchauffement climatique refroidit les économies mondiales. L’Organisation internationale du travail estime que le nombre d’heures de travail perdues dans le monde à cause de canicules a progressé de 68 % entre 2000 et 2017. Cette année-là, la chaleur avait coûté 153 milliards d’heures de travail. Ce qui reviendrait à mettre au chômage technique, pendant une année entière, pas moins de 85 millions de personnes…

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