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Oyas Environnement répand l’arrosage écologique avec ses jarres en terre cuite
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Oyas Environnement répand l’arrosage écologique avec ses jarres en terre cuite

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Submergée par la demande mondiale pour ses poteries d’arrosage autonomes, Oyas Environnement met un premier pied hors de France. Mais la PME héraultaise veut maîtriser sa croissance, fidèle à ses engagements éthiques et environnementaux.

Pour fabriquer ses jarres, Oyas Environnement s’appuie sur un réseau de céramistes basés autour de Saint-Jean-de-Fos — Photo : Oyas Environnement

Les crises multiples (sanitaire, climatique) qui s’enchaînent ont permis à Oyas Environnement (30 salariés, CA 2022 : 2,1 M€) de remporter un pari lancé dès 2013. Exploitant un savoir-faire ancestral, la PME héraultaise fabrique des poteries d’arrosage écologiques : ces jarres en céramique, qu’on peut planter ou enterrer, ont une structure microporeuse qui diffuse lentement l’humidité nécessaire aux plantes. Grâce à cet arrosage autorégulé, l’économie d’eau peut atteindre 70 %. "C’était un pari fou, car personne ne croyait à la poterie. Il a fallu d’abord comprendre le procédé, avec l’aide de plusieurs laboratoires, parce qu’il doit être régulier pour répondre aux besoins de n’importe quelle plante. Il a fallu aussi créer un marché, sans aucun modèle ou concurrent préexistants", raconte Frédéric Bidault, cofondateur d’Oyas Environnement aux côtés de Bastien Noël et Isabelle Duisit.

Une croissance exponentielle

La pandémie de 2020 marque un premier un virage pour la PME héraultaise : elle enregistre 40 à 50 % de commandes traitées en plus (ventes directes sur son site de Saint-Jean-de-Fos, sur internet, et à travers des distributeurs). "Les gens, une fois confinés, ont voulu devenir plus autonomes et ont commencé à faire des potagers. Avant de comprendre qu’ils ne savent pas arroser. Nous leur apportons une solution économe pour nos ressources en eau", poursuit Frédéric Bidault. Puis, les canicules à répétition de l’été 2022 provoquent un nouvel emballement. Les particuliers commandent par palettes entières pour leurs jardins, avec un panier moyen passé de 70 à 140 euros sur internet. De nouveaux marchés professionnels s’ouvrent, notamment auprès des jardins partagés et chez les collectivités confrontées à la sécheresse (la PME travaille avec plus de 200 mairies à ce jour).

Pourtant, si l’activité de l’entreprise a bondi de 20 % en 2022 et atteindra 30 % en 2023, Oyas Environnement veut garder la maîtrise de sa croissance. Elle reçoit des commandes venues du monde entier, mais elle freine désormais les volumes traités. Elle a aussi repoussé les avances de grands distributeurs tels qu’Amazon ou Leroy Merlin, avant de signer avec le réseau Botanic, seule enseigne nationale partenaire de la PME à ce jour. "Nous venons de l’économie sociale et solidaire, et tenons à rester fidèles à nos engagements environnementaux. À quoi bon parler de bilan carbone si on envoie des palettes à l’autre bout du monde ?", interroge Frédéric Bidault.

L’exemplarité revendiquée

Faute de carrière en France, Oyas Environnement reçoit son argile d’Espagne : elle transforme actuellement d’une à 1,4 tonne de terre par jour pour produire ses poteries. Dans ses ateliers, une quinzaine de tourneurs s’affairent en permanence pour modeler les différentes gammes de jarres. Parmi les dernières innovations conçues par l’entreprise figurent les "guirlandes", des poteries enterrées formant un réseau. Ce produit cible un nouveau segment avec l’agriculture, frappée elle aussi de plein fouet par la sécheresse. "Nous les testons chez des arboriculteurs et des oléiculteurs. Par rapport au goutte-à-goutte, elles permettent de gains de 30 % en production fruitière", se réjouit Frédéric Bidault, tout en admettant que l’équation économique reste à trouver car le prix unitaire est trop cher pour des parcelles de plusieurs hectares.

Pour se rapprocher de ses marchés du nord de la France et de l’Europe, Oyas Environnement a ouvert, en 2022, un atelier dans les Vosges. Elle vient d’en créer un nouveau à Bruxelles (Belgique) pour rayonner sur le Benelux et les Pays-Bas. Mais Frédéric Bidault avoue son étonnement par rapport au succès de ses poteries. "Nous communiquons assez peu sur le produit, et bien plus sur Oyas Environnement, car elle incarne une vision presque politique de l’entreprise. Depuis 2014, nous ne travaillons plus que quatre jours payés cinq. Tous les salariés sont en partie actionnaires. Il n’y a aucun cadre, et les départements production, expédition et marketing se gèrent en autonomie. Si nous relevons un défi environnemental, nous voulons aussi démontrer qu’un autre système de croissance est possible".

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