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Yann Rolland (Engie Ineo) : « A Angers, un projet de smart city unique à cette échelle »
Interview Angers # Services # Collectivités territoriales

Yann Rolland PDG d'Engie Ineo Yann Rolland (Engie Ineo) : « A Angers, un projet de smart city unique à cette échelle »

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La Communauté d’agglomération Angers Loire Métropole a choisi le dossier d'Engie Solutions, associé à La Poste, Vyv et Suez, pour le développement de son « territoire intelligent ». C’est la filiale Engie Ineo, présidée par Yann Rolland, qui gèrera ce projet de smart city, représentant un investissement de 178 millions d’euros sur 12 ans, pour améliorer le pilotage des services publics, baisser la consommation d’énergie de la collectivité et créer de nouveaux usages.

Yann Rolland (à gauche), PDG d'Engie Ineo, aux côtés de Guy Paganelli, directeur du projet de territoire intelligent angevin pour le groupement Engie. — Photo : Olivier Hamard JDE

Le Journal des Entreprises : Comment avez-vous travaillé sur ce dossier de territoire intelligent ?

Yann Rolland : Le 18 décembre 2018, la communauté d’agglomération Angers Loire Métropole a réuni tous les candidats potentiels pour présenter son projet de smart city et expliquer ce qu’elle souhaitait faire. Fin janvier 2019, nous avons fait acte de candidature, en nous associant avec La Poste, Vyv et Suez. Puis nous avons travaillé pour élaborer le projet pendant plusieurs mois. Avec les partenaires, depuis moins d’un an, ce sont au total 120 personnes qui ont planché sur ce dossier.

Pourquoi avoir choisi de vous associer avec ces trois partenaires ?

Y.R. : Nous sommes, pour notre part, spécialisés dans les questions énergétiques et leur évolution. Suez, de son côté, a une véritable expertise dans le domaine de la transition écologique et de l’environnement. La Poste et le groupe Vyv ont, quant à eux, une connaissance fine des citoyens avec une réelle relation de confiance de la population. En associant toutes ces compétences, nous répondons à la totalité de ce que peut attendre Angers Loire Métropole, qui souhaite baisser sa consommation d’énergie et créer de nouveaux usages pour les habitants.

En quoi consiste ce projet de territoire intelligent ?

Y.R. : Il s’agit concrètement d’améliorer le pilotage des différents services de la collectivité et au-delà la qualité de vie des habitants, tout en réalisant d’importantes économies d’énergie et en réduisant fortement l’empreinte écologique. Les nouvelles technologies et leur évolution permettent aujourd’hui l’analyse d’une multitude de données, susceptibles de fournir aux différents services les moyens de travailler de manière transversale. Grâce à toutes ces données que nous collecterons, seront gérés en interaction les équipements publics, l’éclairage, la mobilité sur le territoire, la signalisation routière, le stationnement, l’eau et l’assainissement, les espaces verts ou encore la collecte et la revalorisation des déchets. L'objectif est aussi de développer de nouveaux usages, à l'initiative de la collectivité ou des habitants. Ce projet est également un moyen important de renforcer l’attractivité du territoire.

Ce type de territoire existe-t-il ailleurs ?

Y.R. : À ma connaissance, non, et c’est un projet unique à cette échelle. Certaines collectivités ont mis en œuvre des initiatives de ce type, mais pas de cette envergure, en englobant la totalité des services de manière transversale. Ce sera réellement très innovant et nous espérons que d’autres collectivités vont s’en inspirer pour le reprendre.

Comment cela va-t-il se matérialiser ?

Y.R. : Nous allons, par exemple, changer 30 000 lanternes de rues, 10 000 mâts de lampadaires et installer 4 000 capteurs. La mise en place de ces outils va intervenir rapidement pour être opérationnels l’été prochain. Nous allons aussi équiper l’agglomération d’une maquette numérique du territoire, un « jumeau numérique », avec lequel on pourra effectuer tout un tas de simulations, par exemple dans le domaine de l’urbanisme, de la circulation ou de la qualité de l’air.

Angers sera doté d'un "jumeau numérique", maquette numérisée du territoire — Photo : Engie Solutions

Toutes les données collectées par ces capteurs seront centralisées dans un centre d’hypervision, qui apportera aux différents services une aide à la décision. Ce peut être le choix d’un report de travaux en cas de pollution atmosphérique, une meilleure gestion de l’éclairage public ou de l’arrosage dans les espaces verts, mais aussi de nombreuses propositions faites aux habitants, en termes de déplacement par exemple : on peut imaginer, via une application, proposer aux personnes asthmatiques les trajets les moins susceptibles de les gêner en période de canicule. Les nouvelles technologies évoluent très vite et de nouveaux usages, comme de nouveaux besoins, viendront au fil du temps.

Avez-vous des obligations de résultat ?

Y.R. : La communauté d’agglomération Angers Loire Métropole investit 178 millions d’euros sur 12 ans. Dans cette enveloppe, il y a une tranche ferme de 121 M€ pour les installations et la mise en place de premiers usages, une première tranche optionnelle de 22 M€ et une autre de 35 M€. Nous nous engageons à réduire de 101 M€ les dépenses d’énergie sur 25 ans, comme par exemple 66 % sur l’éclairage public, 20 % sur les bâtiments ou 30 % sur la consommation d’eau pour l’arrosage. Si ces résultats ne sont pas obtenus, nous serons soumis à de fortes pénalités. Mais nous ne sommes pas inquiets, car nous les atteindrons.

Ferez-vous appel à des entreprises locales ?

Y.R. : Engie Solutions pilote l’opération, via sa filiale Engie Ineo, aux côtés de nos trois partenaires. Nous avons identifié 60 entreprises, sous-traitants ou fournisseurs, susceptibles de travailler avec nous sur ce projet, dont 25 dans l’Ouest. Cela va donc générer localement de l’emploi.

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