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Biotope conserve la nature sous toutes latitudes
Hérault # Ingénierie # Transition écologique

Biotope conserve la nature sous toutes latitudes

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Pionnier de l’ingénierie écologique, le groupe héraultais Biotope renforce ses moyens d’action en Europe et en Amérique latine. Avec cette conviction intacte depuis 30 ans : les sujets environnementaux doivent être placés au cœur des projets industriels et d’aménagement.

Biotope utilise de nombreuses technologies pour ses inventaires, comme des radars ornithologiques — Photo : Biotope

Quand le problème est mondial, les solutions doivent aussi le devenir. Face aux effets du réchauffement climatique, qui rend urgente une transition écologique globalisée, le groupe héraultais Biotope (800 salariés, CA 2022 : 80 M€) accélère son passage à l’échelle mondiale. Depuis sa création en 1993, à une époque où l’ingénierie écologique restait un métier largement inconnu, il s’est imposé comme un leader de la conservation de la nature et de la biodiversité, présent dans près de 80 pays. Du Maroc à la Chine, en passant par Madagascar, l’entreprise propose du conseil stratégique et opérationnel à ses clients, assure des expertises naturalistes, produit des dossiers de suivi de chantier ou de compensation écologique, ou encore mène des actions de restauration dans les écosystèmes qui ont été dégradés ou détruits. Mais Biotope a choisi de resserrer son maillage international, en procédant par des alliances capitalistiques mais aussi par croissance organique, au cours des douze derniers mois.

Un nouveau modèle de synergies

Le groupe a d’abord pris des participations au capital de deux entreprises européennes, d’une culture proche de la sienne. En 2022, Biotope s’est rapproché du cabinet de conseil et de recherche en écologie allemand BioConsult (135 salariés) et de sa filiale anglaise HiDef (146 salariés), spécialiste des relevés aériens numériques haute résolution de la faune marine. L’implantation de ces entreprises permet à Biotope de mieux rayonner en Europe de Nord, en captant notamment plus de marchés au Royaume-Uni, mais les sujets de collaboration technique sont nombreux, au-delà des synergies commerciales. "BioConsult doit lever des verrous technologiques qui sont aussi les nôtres. En collaborant sur ces sujets, nous augmentons la culture internationale de nos métiers experts", apprécie Anne-Lise Melki, directrice générale et cofondatrice de Biotope avec Frédéric Melki.

La mise en commun des compétences avec HiDef va aussi permettre à Biotope de proposer de nouveaux services dans l’étude des oiseaux et mammifères marins, dont il faut étudier les populations en lien avec le développement des parcs éoliens en mer. Ces services seront rassemblés au sein du pôle EMR (énergies marines renouvelables) de Biotope : trois ans après sa création, ce dernier projette de réaliser un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2024, en lien étroit avec ces deux nouvelles filiales. "Le modèle créé avec ces deux entreprises sera dupliqué prochainement avec un ou plusieurs partenaires basés en Espagne et au Portugal", annonce Anne-Lise Melki.

Plus de visibilité en Amérique latine

Par ailleurs, Biotope vient d’ouvrir une nouvelle implantation à Bogota. Biotope Colombie, qui va recruter une dizaine de collaborateurs, développera des projets de conservation, de gestion durable et de restauration d’écosystèmes pour le compte d’acteurs publics et privés. Mais elle permettra aussi au groupe héraultais de mieux rayonner en Amérique latine où il a "de nombreux projets", selon Frédéric Melki. "À travers notre implantation en Guyane (comptant 15 salariés, NDLR), nous étions déjà présents dans cette région qui joue un rôle si important au niveau mondial. Mais cette nouvelle implantation va faciliter les missions très variées que nous pouvons mener en soutien des services de l’État, des collectivités, des ONG, des entreprises mais aussi des particuliers qui possèdent parfois de vastes domaines dans ce grand pays", précise-t-il.

L’opération porte à dix le nombre de filiales internationales créées par Biotope, qui est également propriétaire de 20 implantations en France métropolitaine, quatre en outre-mer, et de trois filiales françaises. Preuve du crédit porté au groupe par les grands décideurs, il vient d’être sélectionné par France Renouvelable et France Énergies Marines pour organiser la prochaine conférence internationale CWW, dédiée à l’éolien et à la biodiversité, en 2025 en France, "et peut-être en Occitanie", glisse Anne-Lise Melki.

Des axes d’innovation technologique

Dans une société telle que Biotope, qui produit 1 200 études par an et qui a saisi 335 000 nouvelles observations dans ses bases de données sur la seule année 2022, l’un de sujets d’innovation prioritaires concerne le traitement et la sécurisation des données. Depuis plusieurs années, tous les salariés sont équipés de tablettes où un logiciel maison leur permet de saisir les déterminations d’animaux et de plantes, ce qui permet de fiabiliser les inventaires réalisés par l’entreprise. "Tout étant capitalisé sur le moment, il est donc vital de sécuriser les données. D’une part, nous le devons à nos clients, mais cela nous permet aussi d’enrichir des bases de données comme celles du Museum national d’histoire naturelle ou d’autres organismes internationaux", souligne Anne-Lise Melki.

Le rapprochement avec BioConsult va aussi aider Biotope à progresser sur le sujet de l’intelligence artificielle (IA) appliquée à la reconnaissance automatique. L’entreprise allemande a déjà conçu une solution permettant d’installer des caméras sur des éoliennes pour identifier les oiseaux à proximité et, au besoin, provoquer l’arrêt du parc afin d’empêcher les collisions. "Demain, la reconnaissance automatique nous permettra aussi de mieux traiter les nombreuses images d’animaux que nous collectons en mer et dans les airs, parfois dans une qualité d’image banale, voire médiocre", se projette Anne-Lise Melki.

Un contexte juridique porteur

Avec la crise climatique, la prise de conscience s’accélère chez les clients de Biotope. Le groupe affiche 22 000 références dans le monde, et les commandes continuent à affluer au siège social situé à Mèze, sur les rives de l’étang de Thau. "Au lieu de seulement programmer des actions correctrices au sein de leurs plateformes, ils veulent aujourd’hui intégrer ces actions à leur stratégie globale, ce qui est un niveau de discussion plus élevé", insiste Anne-Lise Melki. Celle-ci donne l’exemple d’un constructeur automobile, qui veut mieux gérer le sujet de la biodiversité sur ses sites de production. De même, le secteur bancaire demande à Biotope de définir de nouveaux standards pour vérifier que les projets financés respectent les réglementations environnementales des pays concernés.

En France, l’action de Biotope est soutenue par une loi environnementale datant de 1976, mais le niveau de contrainte réglementaire qui pèse sur ses clients va croissant. La nouvelle loi sur l’industrie verte, promulguée en octobre, va durcir les procédures environnementales liées à certains projets économiques, sans les entraver. Biotope a par exemple identifié le sujet de la compensation écologique, très mal mise en œuvre jusqu’ici. Alors que la France ne compte qu’un seul site de compensation naturelle créé depuis 1976, dans la Crau, le groupe veut être un aiguillon sur ce volet. Après trois ans de travaux, il vient de déposer un dossier pour créer le deuxième site du genre, dans l’Hérault. "Ces sites ne réclamant qu’un agrément régional, qu’on peut obtenir en six mois, nous travaillons pour que cette approche soit réplicable ailleurs en France, en nouant des accords avec des propriétaires fonciers et des exploitants agricoles", révèle Anne-Lise Melki, attachée au statut de pionnière que son entreprise a toujours assumé.

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