Après avoir déjà agrandi leur site de Fontevraud-l’Abbaye (Maine-et-Loire) en 2016 puis lancé un second investissement en 2019, les laboratoires Brothier envisagent à nouveau d’étendre leur usine de 7 000 mètres carrés. "Nous disposons d’un terrain de 48 000 m2 dont la moitié est occupée et nous voulons réaliser un nouveau bâtiment sur une parcelle de 20 000 m2, précise Christian Girardière, président des Laboratoires Brothier. Nous travaillons sur ce projet qui devrait représenter un investissement de 10 millions d’euros pour le bâtiment et autant dans le process industriel." Projet global d’environ 20 millions d’euros que l’entreprise aimerait mener à bien sous trois ans. En intégrant le programme ETIncelles, lancé par l’État pour faciliter les démarches administratives de PME susceptibles de devenir des ETI, l’entreprise espère voir se lever plusieurs obstacles.
Rejet de l’eau
Pour mener à bien ce projet d’extension, la PME, qui emploie actuellement 150 personnes dont 70 à Fontevraud-l’Abbaye, le reste de l’effectif étant composé des collaborateurs du siège social, basé à Nanterre (Hauts-de-Seine) et de visiteurs hospitaliers, doit en effet faire face à plusieurs freins administratifs qui le ralentissent. Pour le premier, la cause est déjà entendue : Il s’agissait en effet de récupérer deux petites parcelles de terrain pour unifier l’emprise du site de production. Problème, le propriétaire étant décédé sans héritier, elles devenaient propriété des Domaines et les démarches pour les reprendre risquaient bien de s’éterniser. "Le programme ETIncelles nous a été très précieux, indique Christian Girardière, et la situation s’est débloquée rapidement. Nous avons signé l’acte d’achat et récupéré ces parcelles. Nous avons maintenant un second frein à lever, lié au traitement de l’eau rejetée par la future unité de production." La station d’épuration de Fontevraud-l’Abbaye récupérant cette eau est en effet sous-dimensionnée et n’est pas en capacité de l’accueillir.
"L’eau est propre et notre projet est de procéder à son rejet dans une rivière ou un fleuve, explique Christian Girardière, ce qui ne pose pas de problème pour l’environnement. Sans cette possibilité nous ne pourrions pas nous agrandir." Le dirigeant espère voir résolue cette question du rejet de l’eau dans les deux ans. Grâce au programme ETIncelles, il confie avoir obtenu rapidement un prochain échange avec les services de la Préfecture et la communauté d’agglomération Saumur Val de Loire, qui a la compétence eaux et assainissement sur le territoire. L’affaire suit donc son cours…
80 % du marché français
Les freins et les contraintes administratifs, Les laboratoires Brothier les connaissent bien. Dans le secteur de l’industrie pharmaceutique, ils sont en effet légion, entre les réglementations françaises, européennes, en lien avec l’environnement ou la cybersécurité. L’entreprise, qui transforme sous forme textile des polymères contenus dans les algues fabrique des compresses, des mèches, des pansements ou encore des poudres pour des usages médicaux. Elle a pour cela mis au point des procédés industriels de transformation dès la moitié du XXe siècle. Ses produits servent aussi bien à soigner les coupures bénignes, les saignements de nez, que les grands brûlés ou les patients opérés à l’hôpital pour des plaies chirurgicales complexes. "Nous sommes un acteur majeur en France, indique Christian Girardière, puisque nous couvrons 80 % du marché national. Nous exportons aussi pour 10 % de notre chiffre d’affaires au Japon, aux États-Unis et en Europe, mais il s’agit plus d’un export d’image. Pour aller plus loin à l’international, il nous faudrait des filiales et nous n’avons pas les ressources humaines suffisantes." La PME, au savoir-faire reconnu, se fait donc fort d’innover dans son domaine, en menant des recherches collaboratives avec l’Inserm ou l’armée française, par exemple sur des sujets de thérapie cellulaire. Avec pour stratégie de développer le savoir-faire dans les domaines de l’hémostase (ensemble des mécanismes qui permettent l’arrêt d’un saignement) et de la cicatrisation. Un savoir-faire et une spécificité qui lui ont valu de compter parmi les 50 premières PME accompagnées par le programme ETIncelles. Brothier dépasse désormais 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une croissance régulière de 6 à 8 %, et l’entreprise, sur son site de Fontevraud-l’Abbaye, arrive bientôt, selon Christian Girardière, à sa capacité maximum de production. Les équipes travaillent actuellement en 3X8, et l’objectif est de redescendre à un rythme de 2X8 après l’agrandissement souhaité, l’effectif devant alors se renforcer de 20 à 30 personnes.