Arnaud Montebourg pousse les glaces paysannes made in Breizh
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Arnaud Montebourg pousse les glaces paysannes made in Breizh

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Installer des sorbetières chez les éleveurs laitiers bio pour transformer leur lait, c’est l’idée de l’entrepreneur et ancien ministre Arnaud Montebourg. Il vient de s’associer avec la famille Morin, paysans dans le pays de Fougères, pour créer une activité de glaces artisanales.

— Photo : © La Mémère

Dans la famille Morin, on aime les nouveaux défis. Au sein du GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) du Rocher Nourri, sur la commune de Montours, dans le pays de Fougères, le couple Morin exploite une ferme de 65 vaches laitières. Non contents d’avoir converti leur exploitation en bio dès 1998, Philippe et Patricia Morin ont lancé une activité de glaces artisanales basée sur un modèle inédit : la collaboration avec la Compagnie laitière des glaces paysannes, une entreprise créée par l’ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.

L’histoire remonte à 2019, quand Patricia Morin apprend le lancement de la marque « La Mémère » créée par l’entrepreneur : des glaces bio, paysannes, produites en circuit ultra-court, où les éleveurs laitiers ne sont pas de simples fournisseurs mais de véritables associés. Comme l’un des trois fils du couple Morin envisage de se lancer dans la transformation de lait en glaces artisanales, Patricia Morin contacte aussitôt Arnaud Montebourg et le projet se construit. Le principe est simple : La Compagnie laitière des glaces paysannes et le GAEC du Rocher Nourri créent ensemble une société par actions simplifiées au capital de 10 000 €. L’éleveur apporte 51 % du capital. « On reste majoritaires, c’est fondamental pour nous », précise Patricia Morin.

Un nouveau modèle économique

Cette collaboration a permis de financer le premier laboratoire « La Mémère », d’un coût de 250 000 euros. « Cela nous a permis de ne pas nous endetter, tout en créant de l’emploi local », précise l’éleveuse. Le local a été inauguré mi-juin en présence d’Arnaud Montebourg. « Nous assurons le financement. Nous apportons en outre le savoir-faire technique et surtout le partage de la valeur ! », a insisté l’ancien ministre. Premier maillon de la chaîne : Nicolas, le jeune glacier de la maison, a été formé par David Wesmaël, meilleur ouvrier de France. L’idée est aussi de mieux rémunérer la production de lait, qui est payé 80 centimes le litre durant 5 ans, soit plus de 30 centimes de mieux que le prix du lait bio actuel. C’est aussi la Compagnie laitière qui se charge de commercialiser les glaces, au niveau local, mais également à l’échelle nationale. Une petite révolution chez les agriculteurs. « Je m’intéresse de longue date aux nouveaux modèles économiques dans le monde paysan. Ici, c’est novateur d’accepter de travailler avec des gens qui ne sont pas du milieu agricole ! », raconte Patricia Morin.

30 000 pots commercialisés

Environ 1 000 litres de lait par semaine sont réservés à la fabrication de glaces. Depuis le démarrage, entre 2 500 à 3 000 pots par semaine sont sortis du laboratoire. « 30 000 pots ont été commercialisés en grandes et moyennes surfaces et on a démarré des ventes à la ferme le samedi », précise Patricia Morin. Inaugurée dans le premier bassin laitier français, cette expérience a vocation à faire des émules : cette commercialisation en circuits ultra-courts a des atouts pour séduire de nouveaux consommateurs, soucieux de consommer des produits locaux de bonne qualité. Patricia Morin reste toutefois modeste : « nous sommes les premiers de France, mais chaque exploitation est différente, les autres paysans ont chacun des modes de fonctionnement différents, il faudra surtout ajuster l’expérience à chaque territoire. »

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