La vie d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. C’est particulièrement le cas d’Armor Meca Développement. Née lors de la reprise à la barre du tribunal de commerce d’Armor Meca, la PME qui produit des pièces complexes en aluminium et métaux durs a pris de plein fouet la crise de la Covid, la reprise ayant eu lieu le… 12 mars 2020. Et comme ça ne suffisait pas, elle a dû affronter ensuite les conséquences de la guerre en Ukraine.
Malgré ces vents contraires, l’entreprise dirigée par Nicolas Lunot (actionnaire à hauteur de 10 % au côté de trois industriels parisiens) est en voie de rétablissement. "Nous ne sommes pas encore sortis de l’ornière mais nous sommes sur la bonne voie", confie le chef d’entreprise. "Armor Meca réalisait 80 % de son activité avec l’aéronautique, avec un client, un groupement de sous-traitants, qui représentait 70 % du chiffre d’affaires. Notre ambition a été de conserver nos clients historiques comme Thalès et Safran mais aussi de revenir vers les donneurs d’ordres, en évitant de se trouver en rang 2 car la supply chain est fragilisée."
Vers la Défense et le nucléaire
Les efforts commerciaux de l’entreprise basée dans les Côtes-d’Armor, à Pleslin-Trigavou, ont porté leurs fruits. Si l’aéronautique représente toujours une grande part de l’activité, près de 70 % du chiffre d’affaires, d’autres clients ont été développés, comme le constructeur d’avions Daher. Parallèlement, d’autres secteurs étaient travaillés, comme la Défense. La PME produit désormais pour le groupe industriel de l’armement Nexter. Le nucléaire fait également partie des nouveaux marchés visés. "Il est très prometteur, avec de gros besoins dans les domaines de la maintenance et du retraitement", explique Nicolas Lunot. Armor Meca Développement s’est également lancé dans la fabrication de petits conteneurs à haute valeur ajoutée, notamment pour le secteur des éoliennes marines.
L’entreprise costarmoricaine, qui bénéficie d’un outil de production de 10 000 m² et équipé de 65 centres d’usinage, a également continué à investir, malgré les difficultés. "Au moment du redressement, en 2019, le chiffre d’affaires était de 16 millions d’euros, il est descendu à 5,3 millions à cause du Covid", raconte l’entrepreneur. "Les banques ne nous ont pas aidés et ont même refusé de nous accorder un PGE. Nous nous en sommes sortis grâce aux actionnaires, qui ont fait de gros efforts, et à l’État, qui nous a octroyé un prêt direct de 3 millions d’euros."
L’État à la relance
Plus récemment, l’État, encore, a élu la PME au titre de France Relance et s’est engagé à financer 800 000 euros de l’investissement d’1,2 M€ en cours. Il consiste notamment en l’achat d’une machine de soudure par friction malaxage, permettant de produire des plaques froides pour l’électronique embarquée. De quoi rassurer les 110 salariés et même en recruter de nouveau, notamment par l’intermédiaire de l’apprentissage. Une dizaine d’alternants est présente dans l’entreprise et six postes sont ouverts.
L’exercice clôturé en mars 2023 a affiché un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. "Nous devrions rapidement remonter à 12 millions et ensuite vers les 15 millions", prévoit Nicolas Lunot. L’outil industriel est dimensionné pour aller jusqu’à 20 millions d’euros.
