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Algolesko veut lever 5 millions d’euros pour sa culture d’algues en pleine mer
Finistère # Agroalimentaire # Production

Algolesko veut lever 5 millions d’euros pour sa culture d’algues en pleine mer

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Dix ans après avoir posé ses premières lignes au large de Loctudy, l’entreprise Algolesko, pionnière française de la culture d’algues de pleine mer en eaux profondes, vient de passer le cap symbolique du million d’euros de chiffre d’affaires. Elle vise les cinq millions d’euros d’ici cinq ans, et veut en lever autant à l’occasion d’un nouveau tour de table.

Timothée Serraz, le directeur général d’Algolesko, présente l’un de ses produits phares : le kombu royal — Photo : Jean-Marc Le Droff

Cela fait déjà dix ans qu’Algolesko a fait le pari de cultiver des algues au large de Loctudy, dans une zone classée Natura 2000 et située entre l’archipel des Glénan et la côte du Finistère Sud. "Nous sommes des pionniers de l’algoculture en eau profonde en France", retrace Timothée Serraz, le directeur général de l’entreprise créée par trois associés : Philippe Legorgus, Joseph Thaeron et Jakes Prat.

"Nous cultivons des laminaires brunes dans un parc de 150 hectares, le plus grand de France, qui nous permet aujourd’hui de produire 200 tonnes d’algues par an. Ce sont des algues de grande qualité, tout simplement grâce à la qualité du milieu", détaille le directeur général. "Actuellement, une grande majorité des algues consommées en Europe proviennent du ramassage. Chez Algolesko, nous avons choisi d’aller à l’encontre de cette pratique non durable : plutôt que de prélever la biomasse dans l’environnement, nous la générons via des procédés à faible impact ", poursuit le directeur général.

Un process de transformation venu tout droit du Japon

Ses clients ? "Nous travaillons en B2B, à 70 % pour le secteur agroalimentaire et à 30 % pour la cosmétique en transformant le coproduit issu de la déshydratation des algues pour en faire du sérum", détaille celui qui a racheté en 2019 la société costarmoricaine Aléor, spécialisée dans la déshydratation, et noué un partenariat exclusif avec un partenaire japonais pour affiner ses process de transformation uniques en France.

L’entreprise Algolesko cultive notamment du kombu royal, une algue très prisée au Japon — Photo : Aloglesko

" En Asie, et au Japon en particulier, les industriels ont plusieurs longueurs d’avance sur nous car là-bas, l’algue fait partie des aliments incontournables. Grâce au savoir-faire technique que nous avons patiemment acquis auprès de notre partenaire, nos algues se distinguent par leur haute valeur gustative et leur mâche sans égale ", affirme Timothée Serraz. Un secret bien gardé qui permet aujourd’hui à Algolesko de transformer elle-même les algues récoltées, et de les décliner en plusieurs gammes de produits destinés au secteur agroalimentaire : frais sortis d’eau, surgelés, paillettes déshydratées, farines et frais salés.

Déjà 30 % de l’activité à l’export

Un savoir-faire désormais bien rodé, qui permet aujourd’hui à Algolesko de s’ouvrir à de nouveaux clients et à de nouveaux marchés. "Nous travaillons aujourd’hui à 30 % à l’export, principalement en Allemagne, dans les pays scandinaves… Ainsi qu’au Japon, où la production intérieure est insuffisante et où nos algues sont réputées pour leur qualité. Nous souhaitons désormais accélérer à l’export, et notamment dans toute l’Europe", explique celui qui traite déjà avec des grands comptes tels que Metro, Mix Buffet, Zalg ou encore Dutch Weed Burger. "Les algues ne sont pas l’aliment de demain, mais bien celui d’aujourd’hui", insiste Timothée Serraz. "Nous voulons faire découvrir et montrer au grand public et aux industriels que les algues s’associent parfaitement avec de nombreux plats… Et qu’elles sont non seulement bonnes pour la santé et pour l’environnement, mais aussi bonnes tout court ".

Algolesko cultive ses algues dans deux concessions situées au large de Loctudy et de Moëlan-sur-Mer — Photo : Algolesko



Nouvelle concession et nouvelle levée de fonds

En plein essor, Algolesko vient de clore 2023 sur un chiffre d’affaires d’1,5 millions d’euros, et vise une rentabilité opérationnelle d’ici deux ans. Pour soutenir son développement, la PME ambitionne une levée de fonds d’un montant total de 5 millions d’euros pour se développer sur les marchés alimentaires d’Europe et d’Asie, financer le développement de nouvelles concessions et lancer la co-culture conchylicole, en intégrant des huîtres dans leurs parcs d’algues. Une offre au public portant sur 2 millions d’euros est actuellement en cours sur la plateforme GwenneG, et Algolesko souhaite simultanément lever 3 M€ complémentaires auprès d’investisseurs professionnels.

De quoi financer notamment une nouvelle concession pour lancer d’autres cultures à Moëlan-sur-Mer, où la PME investit 500 000 euros pour viser 30 à 50 tonnes supplémentaires d’ici 2025. "Au global, nous espérons frôler les 800 tonnes d’ici cinq ans, et doubler nos effectifs actuels pour atteindre une trentaine de salariés", détaille celui qui compte recruter quatre salariés supplémentaires dès cette année. Également au programme dans les mois à venir : un investissement de 300 000 euros pour remplacer l’une de ses deux barges.

Pour continuer à grandir, Algolesko mise également sur un réseau d’ambassadeurs et de chefs étoilés pour séduire davantage de clients et prévoit d’accélérer son rythme de production, afin de prendre une place de leader dans les prochaines années. La PME vise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros d’ici 2028.

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