Alain Gargani (CPME Sud) : "Le recrutement est devenu un sujet pour 90 % de nos entreprises"
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Alain Gargani président de la CPME Sud "Le recrutement est devenu un sujet pour 90 % de nos entreprises"

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La CPME Sud, présidée par Alain Gargani, a réuni ses présidents départementaux. L’occasion de dresser un état des lieux conjoncturel de la situation économique des entreprises du territoire et de revenir sur les prochaines actualités de l’organisation patronale, sur le recrutement et l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes.

Sylvie Galéa, présidente de la CPME 05, Alain Gargani, président de la CPME Sud, Corinne Innesti, présidente de la CPME 13 et Bernard Vergier, président de la CPME 84 — Photo : Hélène Lascols

En cette rentrée 2023, quelle est la situation économique de nos entreprises en Région Paca ?

Alain Gargani : Depuis de longs mois, la CPME Sud a œuvré pour accompagner les chefs d’entreprise et prévenu que la situation allait être plus compliquée.

Aujourd’hui, nous y sommes : nous avons retrouvé un taux de défaillances d’entreprises (4 800 au premier trimestre 2023 en Paca) similaire à 2019 et nous nous attendons à ce qu’il augmente dans les prochains mois. L’augmentation des matières premières, la crise de l’énergie, l’augmentation des salaires ont pour conséquence une réduction des marges des entreprises, quelle que soit leur taille, quel que soit leur secteur d’activité. Et à cela s’ajoute le remboursement des dettes (PGE et dettes sociales) cumulées pendant et à la sortie de la crise sanitaire dans un contexte d’augmentation des taux d’intérêt. Nous vivons un moment particulier avec des liquidations directes, sans période de sauvegarde, sans tentative de conciliation. Il est de notre devoir d’être attentifs !

Face à ces difficultés, il existe pourtant un outil, le Groupement de prévention agréée (GPA). Où votre projet d’étendre ce dispositif à tous les départements en est-il ?

A. G. : Nous voulions en effet déployer ces GPA, qui apportent une réponse à la grande solitude des chefs d’entreprise de TPE/PME lorsqu’ils sont dans l’adversité et qu’ils ne savent pas vers qui se tourner pour trouver des conseils et des aides. Ces GPA sont composés à 50 % d’anciens dirigeants chefs d’entreprise ou cadres et à 50 % d’institutionnels ou de professions libérales (experts-comptables, commissaires aux comptes, banquiers, notaires, huissiers, avocats, anciens juges au tribunal de commerce, directeur d’Urssaf…).

Ce dispositif d’accompagnement fonctionne très bien, notamment dans les Alpes-Maritimes et le Var, mais nous n’avons pas trouvé d’échos pour nous accompagner financièrement dans leur déploiement dans d’autres départements. Cet outil est pourtant très intéressant, mais nous avons besoin de l’aide de l’État !

Vos 7 000 entreprises adhérentes en région rencontrent-elles toujours des difficultés de recrutement ?

A. G. : Le recrutement est devenu un sujet pour 90 % de nos entreprises, qui n’arrivent plus à trouver des collaborateurs, qui ont l’envie de travailler. Actuellement, 70 000 à 100 000 postes sont à pourvoir en région Paca et certaines entreprises refusent des marchés ou réduisent la voilure, faute de main-d’œuvre.

Avez-vous une solution miracle ?

A. G. : Non, mais nous avons décidé, via notre club Eco For Sud (un club qui réunit une centaine d’acteurs régionaux, des grands groupes, des PME et des TPE et des acteurs institutionnels), de créer un groupe de travail dédié à cette thématique du recrutement. Fin octobre, nous dévoilerons une trentaine de propositions innovantes pour accompagner le recrutement.

Le début de l’été a été marqué par des émeutes urbaines, qui n’ont pas épargné les commerces. Ces commerces ont-ils rouvert aujourd’hui ?

A. G. : Plus de 400 entreprises et commerces ont été touchés. Nous avons été au combat dès le début des émeutes car les commerces sont l’ADN de la CPME. Des aides de l’État, de la Région, des collectivités ont pu aider au redémarrage, mais aujourd’hui, tous n’ont pas réouvert.

Corinne Innesti (CPME 13) : Nous faisons face, par ailleurs, à un vrai problème, à Marseille, dans le quartier Noailles et nous appelons aujourd’hui une mobilisation générale des pouvoirs publics. Cela fait plus d’un an que nous les alertons au sujet de la paupérisation de ce quartier, du nombre croissant de vendeurs à la sauvette et par conséquent, de commerçants qui ont perdu 30 à 40 % de leur chiffre d’affaires. La CCI Aix-Marseille Provence a été sollicitée et devrait annoncer des mesures prochainement, mais nous réclamons aussi la présence permanente d’îlotiers sur place.

Quelles sont les autres actualités pour votre organisation patronale ?

Bernard Vergier (CPME 84) : Nous avons initié dans le Vaucluse la création d’un pôle dédié aux jeunes et nous allons le généraliser aux autres départements. Ce pôle permet de réunir, selon les manifestations, de 30 à 150 jeunes dirigeants d’entreprise pour leur permettre d’échanger, de trouver des conseils, voire d’être accompagnés par des tuteurs impliqués. Nous savons que la moitié des entreprises ne dépassent pas le cap des trois ans. L’accompagnement est primordial pour passer ce cap. Puis, notre région est la plus dynamique en nombre de créations d’entreprises, c’est une vraie force, à la condition que ces entreprises s’inscrivent dans le temps.

Sylvie Galéa (CPME 05) : Une autre ambition que nous portons en région est de dynamiser l’entrepreneuriat au féminin. Et, comme les jeunes, ces femmes ont besoin de se rencontrer, d’échanger et nous voulons leur montrer qu’elles ont toute leur place en tant que chef d’entreprise, mais aussi sur les podiums et dans les mandats (la CPME Paca occupe plus de 3 000 mandats en région). Je rappelle, à ce titre, que la force d’une organisation patronale passe par les mandats qu’elle va occuper.

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