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Abcely : 2,4 millions d’euros pour un médicament d’un nouveau genre
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Abcely : 2,4 millions d’euros pour un médicament d’un nouveau genre

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La jeune start-up nantaise Abcely vient de lever 2,4 millions d’euros afin de financer la première phase d’industrialisation d’un composé d’un nouveau genre. Son mode d’action dans l’organisme laisse entrevoir la possibilité de mieux soigner certains cancers digestifs et les cancers des muqueuses.

Armelle Cuvillier et Jean-Marc Herbert, respectivement directrice scientifique et directeur générale d’Abcely, sont lauréats du concours i-Lab 2023 — Photo : Abcely

La biotech Nantaise Abcely, qui développe un tout nouveau traitement anti-cancer, vient de lever 2,4 millions d’euros auprès de Go Capital, Angel santé, l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO). Ce tour d’amorçage va permettre à la start-up, créée en mai 2022, incubée par Atlanpole et composée de trois personnes, de se pencher sur une nouvelle classe de molécules thérapeutiques : des immunoglobulines de classe A (IgA). Celle-ci pourrait constituer un nouveau traitement face aux cancers des muqueuses : cancer colorectal, gastrique, de l’œsophage, du tractus urogénital, etc.

Une production préindustrielle à prévoir

L’industrie pharmaceutique a l’habitude de manipuler des immunoglobulines, mais il s’agit généralement d’immunoglobulines G, qui sont administrées par voie injectable aux patients. "Ces IgA sont présentes naturellement dans le lait maternel. Il s’agit des premiers anticorps donnés par la mère lors des premiers jours d’allaitement. Ils ont la propriété d’être beaucoup plus stables face aux enzymes de l’estomac. Cette capacité permet aux IgA d’être actives par voie orale", détaille Jean-Marc Herbert, fondateur et directeur général d’Abcely, qui a auparavant passé neuf ans chez Sanofi. Cette protéine n’a cependant jamais été produite à un niveau industriel par l’industrie pharmaceutique. "Ce sera notre premier défi avec cette levée de fonds", témoigne Jean-Marc Herbert. Cette production préindustrielle devrait être au point d’ici la fin d’année. En parallèle, Abcely, qui est lauréate du concours i-Lab 2023, va étudier la manière dont ce produit se répartit dans l’organisme. "Notre traitement va cibler un biomarqueur connu, nommé CEA, qui est absent chez une personne saine, mais présent sur les tumeurs des cancers digestifs", poursuit Jean-Marc Herbert. Mais ce biomarqueur CEA est difficile à cibler, car il se retrouve aussi dans le sang des malades. "Si nous utilisions une immunoglobuline G comme traitement, elle serait stoppée par les CEA présents dans le sang avant d’atteindre la tumeur. Or, les IgA ont la particularité de passer directement dans les tissus, sans transiter par le sang", explique Jean-Marc Herbert. Une faculté primordiale afin de réussir à atteindre la tumeur. Cette approche thérapeutique pourrait par la suite s’étendre à d’autres pathologies liées aux muqueuses, comme l’endométriose.

Première étude clinique en 2026

La mise au point du produit a déjà bénéficié de dix ans de recherche, au sein de l’entreprise B Cell Design, basée à Limoges. Cette dernière a revendu les droits via une licence exclusive à Abcely suite à une réorientation de l’entreprise vers la production d’actifs de laboratoire. C’est d’ailleurs Armelle Cuvillier, cofondatrice de B Cell design, qui porte aujourd’hui la casquette de directrice scientifique d’Abcely. Le besoin des patients pour le traitement des cancers des muqueuses est considérable avec plus de 5 millions de nouveaux cas par an aux États-Unis et en Europe. "Nous espérons débuter les premiers tests sur l’homme d’ici 2026-2027, analyse le fondateur. Il nous faudra ensuite lever 4 à 5 millions d’euros afin de franchir la barre d’une production industrielle".

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