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Le nantais Naobios enrichit sa production de médicaments expérimentaux avec des vaccins anti-VIH
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Le nantais Naobios enrichit sa production de médicaments expérimentaux avec des vaccins anti-VIH

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Filiale nantaise du groupe vendéen Clean Biologics, Naobios aide les jeunes entreprises pharmaceutiques à développer et produire des médicaments expérimentaux à base de virus. Elle vient de nouer un partenariat avec Sumagen, une société de biotechnologie coréo-canadienne développant un candidat-vaccin contre le VIH, responsable de la maladie du sida.

Éric Le Forestier, directeur général de Naobios, envisage la construction d’un deuxième bâtiment — Photo : Benjamin Robert

Le virus sous toutes ces formes. C’est bien la spécialité de Naobios, société basée à Saint-Herblain près de Nantes, qui les manipule depuis 2005. L’entreprise a la capacité d’utiliser ces virus pour plusieurs applications. Ils peuvent servir à transporter des thérapies géniques dans le corps, à produire des virus oncolytiques, soit des virus qui ciblent des cellules cancéreuses, ou encore à produire des vaccins. C’est grâce à cette dernière spécialité que Naobios a attiré dans ses filets Sumagen, avec qui elle a noué un partenariat. Cette société de biotechnologie coréo-canadienne a mis au point un candidat-vaccin contre le VIH, responsable de la maladie du sida. Les termes financiers du contrat n’ont pas été dévoilés. "Nous allons développer avec eux le procédé de fabrication au moins durant toute l’année 2024, puis passer à la production des lots cliniques. L’ensemble durera environ trois ans", précise Eric Le Forestier, directeur général de Naobios.

Petit mais international

Auparavant liée à l’entreprise pharmaceutique indienne Biological E, Naobios est entrée dans le giron du groupe vendéen Clean Biologics en 2019. L’ensemble du groupe réalise 33 millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 240 salariés. De son côté, Naobios est composée de 35 personnes. Malgré sa taille modeste dans un secteur dominé par de grosses structures, Naobios travaille surtout avec des clients étrangers. "Nous avons un client américain, un autre japonais, et quelques entreprises européennes, en Angleterre et Allemagne", appuie Eric Le Forestier. Pour attirer Sumagen, Naobios a pu faire valoir l’expérience d’employés qui avaient déjà manipulé le VIH par le passé. "Nous avons des laboratoires d’un niveau de sécurité 3, obligatoire pour ce type de manipulation", poursuit Eric Le Forestier.

Un focus sur les médicaments expérimentaux

Capable de répondre à la demande d’environ cinq clients en parallèle, Naobios se destine plutôt à servir les jeunes biotechs. "Nous restons un petit acteur sur le marché. Mais nous sommes plus réactifs, et capables de personnaliser les procédés de production", appuie le directeur général. Beaucoup de grosses industries pharmaceutiques s’appuient sur leurs capacités de production interne. "Ils nous arrivent néanmoins de les servir à la marge, lorsque leurs capacités sont saturées, ou sur un besoin ponctuel", précise Eric Le Forestier. Car Naobios reste bien sur le médicament expérimental et n’a pas vocation, ni même les autorisations, pour produire des produits commerciaux. "Lorsque le produit arrive à maturité, nous réalisons un transfert de technologie vers un autre prestataire", poursuit Eric Le Forestier.

Naobios possède dans ses locaux des réacteurs d’une capacité allant jusqu’à 200 litres — Photo : Naobios

Un soutien de la fondation Bill et Melinda Gates

Outre les vaccins, les virus oncolytiques, ou les thérapies géniques, Naobios possède une quatrième activité autour des virus, développée seulement depuis 2022 : les challenge agents. Lors d’un essai clinique, un patient reçoit un candidat-vaccin. Mais pour tester son efficacité, des challenge agents, autrement dit le virus contre lequel le vaccin doit agir, peuvent être administrés à la personne afin d’accélérer le processus. Cela permet de ne pas attendre une exposition aléatoire au véritable virus. "Ces produits ont connu un fort regain d’intérêt lors de la crise du Covid-19, car il fallait aller très vite", analyse Eric Le Forestier. De plus, ces produits sont mis au point rapidement, en environ six mois. "Cela nous permet d’avoir deux typologies et temporalités de projets différents, et donc d’avoir une structure d’entreprise plus solide", précise le directeur général. D’ailleurs, Naobios a reçu fin 2023 une subvention de la fondation Bill et Melinda Gates de 1,7 million d’euros pour produire un challenge agent pour le variant Omicron du virus SARS-CoV-2.

Un deuxième bâtiment à venir

De nombreux acteurs du secteur des biotechs ont connu un retour sur Terre brutal en 2023, suite à la fin de la crise Covid-19 et la réduction des investissements dans le secteur. Ce qui n’est pas le cas de la société nantaise. "Nous sommes restés à une taille adaptée à notre portefeuille de clients, même durant la crise sanitaire. Nous n’avons donc pas tant subi la baisse d’activités cette année", indique son dirigeant.

Naobios envisage même de construire un deuxième bâtiment, trois fois plus grand et dans la même zone que le premier, afin de répondre à la demande. "Un bâtiment met plusieurs années à sortir de terre, et nous ne voulons pas attendre d’être à saturation. Aujourd’hui, Nantes Métropole a une belle vision avec l’installation d’une Station S sur le site du futur CHU, et la constitution du Biopark Laennec pour les projets plus matures", salue le dirigeant, qui soulève tout de même certains hics. "Nous ne trouvons pas de terrain pour l’instant, car ces derniers sont aujourd’hui trop chers", ajoute-t-il encore.

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