L’agroalimentaire est un des secteurs industriels les plus énergivores. Qu’il s’agisse de fours chauffés au gaz ou d’un parc machines tournant 24h/24, les dirigeants du secteur sont en première ligne avec des équipements à faire fonctionner malgré le contexte de crise énergétique. À Gundershoffen, dans le Bas-Rhin, l’entreprise Boehli se penche sur la question. Le producteur de biscuits salés pour l’apéritif et autres bretzels secs (83 salariés ; 15 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2021) utilise des fours à gaz pour la cuisson et de l’électricité pour ses machines. L’industriel a déjà constaté une hausse de ses factures d’énergie de plusieurs centaines de milliers d’euros depuis les débuts de la crise énergétique.
Adaptation et anticipation
Dans ce contexte, pour l’entreprise, le maître mot semble être adaptation. "Nous continuons à travailler en 3/8 pour le moment. Cependant, dès le début d’année prochaine, nous réfléchissons à décaler les horaires de production pour éviter de produire pendant les pics de consommation", projette Anita Schaeffer, directrice commerciale de Boehli.
Le pendant de l’adaptation pour la PME, c’est l’anticipation. Le fabricant de bretzels secs fait d’ores et déjà du stock de production "pour être couvert en début d’année en cas de coupures de courant" évalue Anita Schaeffer. La directrice commerciale préfère avoir de l’avance sur les stocks "pour éviter les ruptures chez les clients". Pour cela, l’entreprise pourra compter, dès le premier semestre 2023, sur la mise en service d’un nouveau hall de stockage en cours de construction dont l’investissement représente "plusieurs millions d’euros".
Augmenter les prix
Face aux factures de gaz et d’électricité galopantes, Boehli envisage de devoir répercuter une partie de ces hausses auprès de ses clients, les grandes et moyennes surfaces en majorité (plus de 80 % de sa clientèle). "Certaines enseignes sont compréhensives" se rassure Anita Schaeffer. Elle projette néanmoins une hausse de ses prix de l’ordre de 7 à 10 %. Cette progression s’explique également par des matières premières utilisées par l’industriel alsacien, dont les prix ont bondi. "La levure est très dépendante de l’énergie puisqu’elle doit être déshydratée. Son coût a progressé de 40 %", constate, impuissante, Anita Schaeffer.
