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Touché par la guerre en Syrie, Tadé se reconstruit
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Touché par la guerre en Syrie, Tadé se reconstruit

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Principale importatrice de savons d’Alep, soutien indéfectible des savonniers syriens pendant la guerre qui a ravagé le pays, l’entreprise cosmétique Tadé (12 salariés), basée dans le Var, renoue avec la croissance et affiche l’ambition de doubler son chiffre d’affaires d’ici à cinq ans, tout en participant à la reconstruction syrienne.

Adeline et Thaddée de Slizewicz ont créé Tadé en 1995 pour célébrer l'art de vivre en Méditerranée et notamment le savon d'Alep. — Photo : Hélène Lascols - Le Journal des entreprises

L’entreprise Tadé Pays du Levant revient de loin. Principale importatrice de savon d’Alep, en Syrie, la PME est passée par sept années de guerre, a perdu jusqu’à 70 % de ses approvisionnements et a dû se séparer d’une partie de son personnel. Pendant toutes ces années de guerre en Syrie, le couple de dirigeants, Adeline et Thaddée de Slizewicz, n’a jamais imaginé abandonner les savonniers d’Alep. « Nos échanges avec la Syrie constituent notre ADN. Au cours de ces années difficiles, notre passion et nos convictions ne nous ont jamais lâchés », raconte Thaddée de Slizewicz. Aujourd’hui, alors que la guerre a « ruiné » son modèle économique, l’entreprise installée à Signes, dans le Var, repart et affiche une ambition forte soutenue par Réseau Entreprendre et une aide de 300 000 euros de Bpifrance : la PME compte doubler son chiffre d’affaires (2,84 M€ en 2018) d’ici à cinq ans.

40% de l'activité à l'export

Pour renouer avec la croissance, l’entreprise a étoffé sa gamme de produits. Elle propose désormais une collection complète autour du savon d’Alep ; elle s’est tournée vers le savon de Marseille et a noué un partenariat avec la Savonnerie du Midi ; elle a développé une nouvelle offre dédiée à l’entretien de la maison et a créé une nouvelle gamme cosmétique qui célèbre l’art de vivre méditerranéen. « Nous nous sommes recentrés sur la Méditerranée, sa culture de l’art du bain pour hisser notre entreprise et ses marques au rang de porte-drapeau des produits du bain méditerranéen, pour défendre notre part de marché et continuer de grandir car nous pouvons légitimement prétendre à cette croissance », explique Adeline de Slizewicz.

L’entreprise cosmétique propose 250 références et trois marques, présentes sur des segments de marché différents. Tadé Pays du Levant compte plus de 1 000 clients B to B : des grands magasins et boutiques sélectives de senteurs, décoration et cadeaux, des instituts de beauté, des jardineries, pharmacies et drogueries, des magasins de produits biologiques ou des chaînes de distribution spécialisées. Elle est présente dans plus de 40 pays et son principal relais de croissance se situe aujourd’hui hors de nos frontières : « Nous réalisons actuellement 40 % de notre chiffre d’affaires à l’étranger et nous venons par exemple de gagner des distributeurs en Norvège et de nouer un beau partenariat avec un distributeur italien », précise Adeline de Slizewicz.

Reconstruire en Syrie

Pour accompagner cette ambition, l’entreprise, qui emploie 12 personnes, a agrandi son dépôt de 1 500 m² et elle prévoit de réinstaller un bureau en Syrie, à Alep, où elle comptait 40 personnes avant que la guerre n’éclate. « Nous n’avons jamais arrêté de travailler avec les savonniers d’Alep, mais aujourd’hui, nous voulons à nouveau être présents sur place, nous voulons participer, à notre échelle, à la reconstruction de la Syrie : c’est une goutte d’eau pour le pays, mais c’est important pour nous, pour les valeurs de solidarité et de persévérance de l’entreprise, pour son identité méditerranéenne », détaille Thaddée de Slizewicz, qui est resté attaché à ce pays et qui va jusqu’à gravir des montagnes de plus de 4 000 mètres au profit des Baroudeurs de l’espoir, une association qui œuvre pour la scolarisation des enfants syriens.

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