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Saarstahl Rail va livrer pour près de 40 millions d’euros de rail à l’Ukraine
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Saarstahl Rail va livrer pour près de 40 millions d’euros de rail à l’Ukraine

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Depuis Hayange en Moselle, l’usine du sidérurgiste allemand s’apprête à livrer un total de près de 20 00 tonnes de rails destinées à reconstruire le réseau ferroviaire ukrainien.

Livrées à raison de 1 000 à 2 000 tonnes par mois, les 20 000 tonnes de rail vont permettre de reconstituer 150 kilomètres de voies ferrées en Ukraine — Photo : Jean-François Michel

Jusqu’ici, Saarstahl Rail n’avait jamais travaillé avec UZ, la compagnie ferroviaire ukrainienne. "Mais ce premier contrat doit en amener d’autres", espère Dominique Chiesura, le directeur commercial de Saarstahl Rail (CA : 300 M€, 460 salariés). Depuis l’usine d’Hayange, en Moselle, le fabricant de rail allemand, filiale du sidérurgiste SHS Stahl (CA : 2,1 Md€ ; 6 400 salariés), va commencer les livraisons d’un total de 20 000 tonnes de rail à UZ, destinées à reconstruire le réseau ferroviaire ukrainien, lourdement touché par l’agression russe lancée le 24 février 2022.

Un contrat de "près de 40 millions d’euros", dévoile Dominique Chiesura, qui bénéficie aujourd’hui de toutes les garanties amenées par l’État français. Signé en décembre 2022, validé par le parlement ukrainien, le contrat a nécessité le "déploiement de garanties amenées par la France, à travers un prêt concessionnel", précise Pierre Heilbronn, l’envoyé spécial du président de la République pour l’aide et la reconstruction de l’Ukraine. Concrètement, ce type de prêt permet à Saarstahl Rail d’être payé par l’État français, quand l’Ukraine remboursera le prêt à des conditions avantageuses, le tout faisant l’objet d’un accord intergouvernemental.

411 milliards d’euros pour reconstruire l’Ukraine

Ces 20 000 tonnes de rail, livrées à raison de 1 000 à 2 000 tonnes par mois, devront permettre de reconstituer 150 kilomètres de voies ferrées. "Pour UZ, c’est stratégique. L’enjeu est de reconstituer les corridors de fret", rappelle Dominique Chiesura. Au-delà de sa forte portée symbolique liée au soutien matériel d’un pays en guerre, ce contrat représente aussi une belle opportunité pour Saarstahl Rail : "Ce marché représente déjà 50 % du total des rails que nous livrons à la SNCF", illustre le directeur commercial de Saarstahl Rail.

Une vision prospective encouragée par Pierre Heilbronn : l’inspecteur des finances, ancien vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, rappelle que "le taux de croissance de l’Ukraine est compris entre 3 et 4 %, soit un niveau supérieur aux pays européens". Déjà très présente en Ukraine, avec 180 entreprises qui emploient un total de 30 000 salariés, la France entend bien se positionner sur la reconstruction du pays, en s’appuyant sur les entreprises opérant déjà en Ukraine mais aussi grâce à toutes celles qui sauront se placer. D’après les services de la Banque Mondiale, un total de 411 milliards d’euros sera nécessaire pour redresser le pays.

Du "rail vert" pour tracer une voie vers l’Europe

"L’enjeu, c’est d’accompagner l’Ukraine sur un chemin européen", rappelle Pierre Heilbronn. Contrôlée par des capitaux allemands, s’appuyant sur des sites industriels basés en France, Saartsahl Rail peut revendiquer la position de "seul industriel européen à faire du rail vert", résume l’envoyé spécial du président de la République. Concrètement, l’aciérie électrique Saarstahl Ascoval, dans le Nord, recycle des ferrailles et les refond dans son four à arc électrique pour élaborer des aciers livrés sous forme de blooms à l’usine d’Hayange. Blooms qui sont ensuite utilisés pour fabriquer par laminage de nouveaux rails : un processus de fabrication qui permet de générer jusqu’à 70 % de CO2 en moins par rapport à une fabrication conventionnelle utilisant le minerai de fer et le charbon comme matières premières.

Le groupe allemand Saarstahl, propriétaire du site d’Hayange depuis août 2021, a investi 7 millions d’euros pour remettre les lignes de production à niveau, et va poursuivre les efforts. Pour un investissement compris entre 30 et 40 millions d’euros, l’industriel prévoit de remplacer ses deux fours au gaz naturel, un outil vieillissant, au profit d’un seul four capable de fonctionner au gaz et à l’hydrogène, d’ici 2027.

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