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Les nouvelles ambitions du Min de Marseille
Marseille # Agroalimentaire

Les nouvelles ambitions du Min de Marseille

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Créé en 1963, le Marché d’Intérêt National (Min) de Marseille, désormais baptisé Marché Marseille Méditerranée, va doubler sa superficie d’ici à 2022. Au-delà, Marc Dufour, son directeur, rêve le site comme la future plateforme logistique du dernier kilomètre de Marseille.

Le marché Min de Marseille devrait à terme compter 100 000 m² d'entrepôts — Photo : D.R.

Le MIN avait perdu près de 20 % de sa capacité foncière lors de la construction de la rocade L2. Votre projet, mené par la société d’économie mixte Somimar qui gère les 25 hectares du site, ambitionne aujourd’hui de doubler la superficie du site. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Lors de la construction de la L2, le Min a en effet perdu près de 25 000 m² d’entrepôts qui ont été détruits. Il faut revenir sur l’histoire du Min pour mieux en saisir les enjeux. La logistique est aujourd’hui totalement différente de ce qu’elle était lorsque les marchés d’intérêt national ont été créés. Après la Seconde Guerre mondiale, l’objectif était de lutter contre des risques de pénurie, de restriction et donc d’organiser l’alimentation des Français. Tout ceci n’est plus d’actualité. En revanche, la qualité, la traçabilité des produits alimentaires et les circuits courts font désormais l’objet d’un débat et sont un véritable enjeu. Preuve en est : le développement de la filière bio. Avec le Min, les collectivités locales sont propriétaires d’un outil important où plus de 400 entreprises (grossistes, producteurs et importateurs) viennent échanger leurs produits. Au total, 500 000 tonnes de fruits et légumes, de viande et de fleurs passent par ici. Nous avons ainsi une plateforme logistique située à moins de cinq minutes du centre-ville de Marseille. Un endroit idéal, adossé à près de 2,5 millions de consommateurs.

Il existe d’autres Min à proximité, Châteaurenard, Cavaillon, Carpentras, Avignon…

Oui, mais ce sont des Min de producteurs. Marseille est le seul Min urbain de centre-ville, dédié non aux producteurs mais aux consommateurs. Même si nous sommes bien plus petits que Rungis, nous nous revendiquons comme le deuxième Min de France. Nous avons donc bâti un plan stratégique avec plusieurs axes de croissance : tout d’abord développer un secteur foodtech avec des entreprises qui ne font pas que distribuer, mais qui transforment aussi sur site. Ensuite, mettre en place une immense ferme urbaine de panneaux photovoltaïques. Ici, les entreprises consomment beaucoup d’énergie, pour produire le froid notamment. Avec à terme 100 000 m² de bâtiments, nous aurons les moyens d’être autonomes. Nous recyclons d’ores et déjà 84 % de nos déchets. Nous envisageons également de développer les services annexes au Min, en créant une grande halle qui sera ouverte aux particuliers, un centre d’affaires, un espace de coworking et en installant, par exemple, un hôtel. Un projet pour lequel j’ai d’ores et déjà réuni 68 M€ d’argent public issus de la Métropole, du Département et de la Région.

Quel est le poids économique du Min de Marseille ?

Le chiffre d’affaires généré sur le site est estimé à 700 M€. Nous avons un fichier de près de 3 000 acheteurs inscrits et en moyenne, par nuit, 600 à 1 200 personnes viennent acheter les produits de nos 400 entreprises. La Somimar, elle, compte 40 salariés et génère 7 M€ de chiffre d’affaires. L’essentiel de l’activité se déroule entre 4 et 6 heures du matin.
Mais, il faut voir plus loin. La logistique du dernier kilomètre est l’enjeu des années à venir. Les deux tiers des marchandises qui entrent dans une ville sont d’ordre alimentaire. Petit à petit, il va devenir de plus en plus difficile aux camions d’entrer dans les centres-villes. Quand cela sera interdit, il faudra des hubs. Nous avons de la chance que le Min n’ait pas été déplacé en périphérie comme cela a été fait à Nantes par exemple. Le Min de Marseille, idéalement situé, a ainsi une carte à jouer.

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