Au propre comme au figuré, Juliane Costes et Julien Bounicaud ont dépoussiéré la Maison de la Mousse. Elle était salariée du secteur bancaire, lui entrepreneur dans la communication. Ils voulaient entreprendre ensemble. Quand ils l’ont reprise en 2019, la vieille institution niçoise spécialisée dans la découpe de mousse sur mesure était dans son jus. Le même qu’en 1979. "Il n’y avait pas eu de travaux depuis des années, raconte le couple de trentenaires. Il n’y avait pas de stock, pas d’ordinateur, seulement un fax. L’enseigne était connue à Nice mais c’était une niche, très peu exploitée. Le patron avait plus de 70 ans et cherchait à vendre depuis des années. On nous a pris pour des fous, mais nous avions identifié des axes de développement."
Pour développer la clientèle (à 95 % des particuliers), les repreneurs décident d’opérer un virage vers les professionnels. "La mousse est présente partout, dans les banquettes, les fauteuils, les canapés, les matelas, les têtes de lit… Il y avait tout à faire mais nous ne partions pas de rien", retrace Julien Bounicaud.
20 à 30 % de croissance annuelle
Depuis, la Maison de la Mousse est une entreprise en croissance constante (+ 80 % entre 2019 et 2020, +20 à 30 % chaque année depuis), adressant essentiellement des professionnels - architectes, restaurateurs, hôteliers et commerçants.
L’adresse historique de la rue Barla a été conservée, mais le local de 50 m2 sert désormais uniquement de showroom. Le plus gros de l’activité se déroule quelques quartiers plus loin, dans 600 m2 débusqués avant l’été et fraîchement réaménagés. Car il fallait assez d’espace pour faire fructifier les fruits de la diversification entamée il y a deux ans. En plus de façonner la mousse et pour répondre à la demande de ses clients, la PME s’est mise à travailler le bois (en créant la Maison du bois) et la literie (avec la marque le Matelas niçois).
Ces trois activités complémentaires sont dorénavant abritées sous une même entité : la Manufacture de la Méditerranée. "C’était une nécessité pour mieux communiquer, pour clarifier notre offre", souligne Juliane Costes. "Nous sommes devenus une entreprise d’agencement, nous ne sommes pas des artisans, reprend Julien Bounicaud. C’est rassurant pour les architectes d’avoir un interlocuteur, disponible et réactif, pendant que nos équipes, à savoir trois selliers-tapissiers et trois menuisiers, sont concentrées sur leur métier."
Le métal, prochain développement
Pour réaménager les lieux et acheter de nouvelles machines, l’entreprise a injecté près de 200 000 euros. "Cela va nous permettre d’accepter plus de propositions, explique Julien Bounicaud. L’an dernier, nous avons dû refuser quelque 200 000 euros de chantier, essentiellement sur la partie bois, faute de place. Nous avions besoin de machines plus performantes et imposantes qui ne rentraient pas dans nos anciens locaux."
Le chiffre d’affaires de la Manufacture de la Méditerranée devrait dépasser les 600 000 euros en 2022. L’objectif est d’atteindre le million d’euros en 2023. Il sera ensuite temps de penser à l’étape suivante. Après la mousse et le bois, les deux dirigeants commencent déjà à s’intéresser au métal.