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Coronavirus : seul dans son usine de parfums, Franck Bouis fabrique du gel hydroalcoolique pour les soignants
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Coronavirus : seul dans son usine de parfums, Franck Bouis fabrique du gel hydroalcoolique pour les soignants

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À Vallauris, près de Cannes, Franck Bouis est à la tête de l’entreprise familiale Jean Bouis. La société fabrique du parfum depuis 1930. Le jeune dirigeant a décidé d’arrêté l’activité pour protéger ses salariés et, depuis plusieurs jours, produit, seul, du gel hydroalcoolique qu’il donne aux personnels de santé.

— Photo : DR

Dans son usine de 800 m2 à Vallauris, près de Cannes (Alpes-Maritimes), le parfumeur-manufacteur Franck Bouis est désormais seul. Samedi 14 mars au soir, il a décidé d'arrêter toute activité et de renvoyer ses équipes chez elles.

Protéger les salariés

« Nous sommes huit salariés. Tout le monde est désormais au chômage partiel. C’est un choix. Parmi mes collaborateurs, il y a une femme enceinte, des mamans, une personne bientôt à la retraite, une autre qui doit prendre plusieurs bus pour venir, un couple. Je dois les protéger. »

L’entreprise Jean Bouis porte le nom de l’arrière-grand-père de Franck, spécialiste de la culture des plantes et fleurs à parfum pour la parfumerie de luxe. Quatre générations plus tard, la société fabrique toujours du parfum mais aussi des diffuseurs d’ambiance et des bougies. Ces dernières années, elle a pris une orientation résolument B to B, valorisant ainsi l’expertise de Franck Bouis en design et marketing olfactif. « Nous travaillons avec des parfumeries de niche très haut de gamme, des grands hôtels ou des marques de joaillerie ou d’horlogerie de luxe pour lesquelles nous fabriquons des machines de diffusion de parfum ou encore des bougies sur-mesure. »

« J’ai reçu des demandes pour fabriquer et vendre, ce que j’ai refusé »

Plus d'une centaine de litres en quelques jours

Ces derniers jours, dans son laboratoire, le parfumeur produit donc du gel hydroalcoolique, ayant déjà à disposition tous les composants nécessaires. Habituellement, les parfumeurs et autres fabricants de produits cosmétiques ne sont pas habilités à fabriquer des biocides mais la donne a évidemment changé. Jusqu’au 31 mai 2020, les professionnels bénéficient d’une dérogation temporaire.

« J’ai reçu des demandes pour fabriquer et vendre, ce que j’ai refusé », précise Franck Bouis. « Je veux juste aider. Ma production est réservée gratuitement aux personnels de santé qui peuvent venir les chercher, je ne peux pas assurer de livraison. Si ça peut sauver ne serait-ce qu’une vie ! J’ai déjà produit plus d’un millier de flacons de 100 ml. Je peux aussi directement remplir les grands flacons des infirmières par exemple qui m’en amèneront. Je pourrai bien sûr prendre des gens pour la production mais je m’y refuse. Les informations que je reçois d’Asie me confortent dans ce sens, il faut se protéger. »

25 000 produits en attente de fabrication

Une mobilisation toute personnelle car Franck Bouis a, malgré le contexte, « quatre mois de production en attente. J’ai 25 000 produits en attente de fabrication qui doivent partir sur le marché français ainsi qu’en Suisse, au Danemark, en Suède… Nous avons des clients dans le monde entier. » Et notamment en Asie, d’où commencent revenir quelques demandes de devis.

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