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Coronavirus - Cosmétiques Comme Avant : « La solidarité de notre communauté nous aide à traverser la crise »
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Nil Parra directeur associé chez Comme Avant Coronavirus - Cosmétiques Comme Avant : « La solidarité de notre communauté nous aide à traverser la crise »

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Une fois la nouvelle du confinement digérée et les premières mesures adoptées, Nil Parra, directeur associé de la jeune entreprise marseillaise Comme Avant, a relancé la production de ses produits cosmétiques naturels et peut aujourd’hui compter sur sa communauté de clients pour équilibrer sa trésorerie et lancer une opération solidaire.

L'entreprise Comme Avant est une aventure familiale, notamment initiée par Nil Parra, son directeur associé (deuxième en partant de la droite), ici entouré de membres de sa famille. — Photo : Comme Avant

Le Journal des entreprises : Depuis le début du confinement, quelle organisation avez-vous mise en place dans votre entreprise Comme Avant et à la production ?

Nil Parra : Dans un premier temps, compte tenu des directives du gouvernement, nous avons fait le choix d’arrêter complètement la production de nos produits cosmétiques naturels (savon, dentifrice, crème, shampoing solide ou déodorant) et bien sûr de fermer nos deux boutiques, à Marseille et Paris.

Nous avons en effet connu une hypercroissance au cours de l’année et demie écoulée. Dans cette même période, nous sommes passés de 1,5 million d’euros à 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous avons triplé les effectifs (44 aujourd’hui) et nous étions à la recherche de nouveaux locaux pour gagner en espace.

Trois jours plus tard, nous avons défini un plan d’action et décidé de relancer la production de nos produits cosmétiques naturels dans le respect des gestes barrières. Nous avons installé une personne par pièce et ainsi maintenu une production minimum pour assurer les commandes, mais aussi, dans la mesure du possible, constituer un peu de stock. Cinq personnes produisent et une personne est en charge des expéditions.

« Après quelques jours d’arrêt, nous avons relancé et adapté la production de nos produits cosmétiques naturels. »

Toutes les équipes des bureaux (14 personnes) sont, quant à elles, passées en télétravail et par chance, je venais de terminer d’équiper tout le monde et les vendeuses de nos deux boutiques à Paris et Marseille (4 personnes) et leur responsable ont été placées en chômage partiel.

Comment managez-vous vos équipes à distance ?

Nil Parra : Nous sommes équipés avec la plateforme Microsoft Teams, ce qui facilite grandement la communication à distance. Mais aujourd’hui, avec le confinement qui dure, nous aimerions faire davantage pour entretenir la motivation de nos équipes. Nous essayons de faire au mieux. Chaque soir, j’envoie un message via Teams pour leur raconter comment s’est déroulée la journée avec un maximum de détails, je leur dis où nous en sommes. Je partage des photos et des vidéos en interne, je les rassure sur leur emploi et j’ai mis un point d’honneur à valider toutes les périodes d’essai des derniers salariés embauchés.

Comment se porte la trésorerie de votre entreprise ?

Nil Parra : Selon mes calculs, nous aurions un mois et demi de trésorerie si je n’avais aucune sortie d’argent. Néanmoins, j’ai encore des fournisseurs à payer et la TVA.

Notre activité a chuté de 40 % les premiers jours, mais elle remonte légèrement ces derniers jours. Après le choc, je crois que l’Homme s’habitue à ce qui lui arrive, il reprend confiance. Nous avons aussi proposé un service de livraison après confinement : c’est de la pure confiance de la part de nos clients, c’est leur manière de nous exprimer leur soutien et à ce jour, 20 % des commandes passées sur notre site seront livrées après le confinement. Cette solution fonctionne parce que depuis notre création en 2017, nous avons toujours été proches de notre communauté, nous entretenons le lien et nous sommes complètement transparents avec elle… Aujourd’hui, cela porte ses fruits et chaque commande avec livraison repoussée à la sortie de confinement nous permet de décharger la production tout en équilibrant notre trésorerie. Enfin, dès le début de la crise, nous avons suspendu nos budgets dédiés aux projets, comme celui qui devait nous permettre de déménager dans un nouveau local.

Pouvez-vous revenir sur l’opération solidaire que vous avez lancée ?

Nil Parra : Après avoir fait un premier don de masques, gants et blouses (15 000 euros de matériel environ) que nous avions en stock et dont nous n’avons pas besoin dans l’immédiat, nous avons proposé des dons de notre crème solide réparatrice (pour les mains et le visage). Avant de nous lancer, j’ai réalisé mes calculs de matières premières et estimé que nous pouvions donner environ 2 000 crèmes. Moins de 48 heures après avoir publié une information en ce sens sur nos réseaux sociaux, nous avons été submergés de demandes de la part de tous les corps médicaux et paramédicaux, en France, en Belgique ou encore au Luxembourg. Aujourd’hui, sept salariés enregistrent les commandes et plus de 7 000 crèmes ont été demandées en 72 heures.

« En proposant d’offrir nos crèmes aux personnels soignants, nous avons été submergés de demandes en 48 heures. »

Pour assurer la suite de cette opération solidaire, nous avons lancé une cagnotte, là encore basée sur la confiance, et en cinq heures, nous avons reçu un peu plus de 900 dons de 10 euros. Chaque don de 10 euros nous permet d’envoyer deux crèmes supplémentaires et d’équilibrer nos coûts de fabrication afin de produire notre crème solide sans mettre en difficulté l’entreprise. Nous poursuivrons cette initiative solidaire tant que cela n’impacte pas notre production journalière.

Quels dispositifs d’aides avez-vous sollicités ?

Nil Parra : Nous avons demandé des mesures de chômage partiel pour nos salariés en boutique et pour une partie de la production. Concernant les autres mesures, je ne suis pas certain qu’on les sollicite et j’espère ne jamais devoir en arriver là… Nous y viendrons si notre survie est en jeu.

Je pense que d’autres entreprises sont et seront davantage à plaindre. Aujourd’hui, nous avons encore de quoi voir venir : nous n’avons pas encore abattu toutes nos cartes auprès de la communauté. Nous avons encore des marges de manœuvre avec nos fournisseurs.

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