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Coronavirus : le bonnetier Lemahieu suspend son activité
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Coronavirus : le bonnetier Lemahieu suspend son activité

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Face à la crise du coronavirus, le bonnetier Lemahieu a pris la décision de stopper provisoirement son activité. Une question de responsabilité pour ses dirigeants, qui espèrent ainsi participer activement à limiter la propagation du virus.

Martin Breuvart et Loïc Baert ont repris l'entreprise Lemahieu en 2018. Ils ont fait le choix de suspendre leur activité pour limiter la propagation du coronavirus. — Photo : Réseau Entreprendre

Dans les ateliers de Lemahieu, les machines se sont arrêtées le 16 mars au soir, pour une durée indéterminée. Le bonnetier, situé à Saint-André-lez-Lille, a préféré stopper provisoirement ses activités plutôt que de prendre le risque de voir le coronavirus accélérer sa propagation. La décision, « inédite et incroyable », n’était pas préparée, mais s’est imposée le lundi au matin, à la lumière des évolutions survenues au cours du week-end.

Limiter les risques, par solidarité avec les soignants

« En quittant l’entreprise vendredi soir, et même en arrivant lundi matin, je ne pensais pas du tout qu’on arriverait à une telle décision. Mais en faisant le tour des ateliers ce matin, puis en réunion de crise, c’est la seule décision qui nous a paru raisonnable. Tout le monde est inquiet, et conscient que le pire est devant nous. Il y a de plus en plus de gens hospitalisés, et c’est une question de solidarité avec le personnel soignant que de limiter les risques, pour tout le monde. Or chez nous, ce n’est pas possible, vu qu’on ne sait pas qui est contagieux. Et comme on est entièrement intégré, du tissu aux expéditions, ce sont des caisses pleines de textile qui font le tour de l’entreprise, de la main à la main. On sait que le virus peut rester six heures sur les tissus, cela fait courir un risque à tous nos salariés et à leurs proches, c’est inacceptable pour nous », résume, la voix blanche, Martin Breuvart, le dirigeant de Lemahieu, qui a repris l'entreprise en 2018.

Chômage partiel et recours à la trésorerie

Le bonnetier, qui travaille notamment pour Le Slip Français, a donc renvoyé ses 125 salariés chez eux, dès lundi soir. Ils seront au chômage partiel pour une durée indéterminée, « quinze jours, un mois maximum », espère Martin Breuvart, qui souhaite surtout que son exemple sera suivi par d’autres entreprises - beaucoup de ses clients ont en tout cas appelé pour demander des reports de livraison, glisse-t-il.

« On voit que ça commence à se gripper, tout va se mettre progressivement au ralenti dans les prochains jours, anticipe le dirigeant. Stopper l’activité est pour nous la seule solution pour enrayer l’épidémie, et empêcher la catastrophe. Nous sommes en train de voir les modalités techniques, de quelles aides nous allons pouvoir bénéficier, de la trésorerie dont nous disposons pour les charges fixes, mais la décision est prise de toute façon. Elle est difficile, mais c’est la bonne. Nous avons la responsabilité de participer à contenir le virus, en bénéficiant de l’exemple des pays qui ont traversé la crise avant nous. C’est le moment de se montrer solidaire, et il faut le faire vite ».

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