Atelier Agile mise sur la proximité pour décarboner l'industrie de la mode 
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Atelier Agile mise sur la proximité pour décarboner l'industrie de la mode 

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Quatre acteurs nordistes du textile ont uni leurs forces et leurs convictions pour monter Atelier Agile, une structure à même de produire localement, en petites séries, des collections textiles. Un modèle qui devrait rapidement essaimer, pour contribuer à améliorer le bilan carbone du secteur, particulièrement désastreux.

Guillaume Aelion est le directeur général d’Atelier Agile, une unité de production textile de proximité, destinée à être dupliquée partout dans l’hexagone — Photo : Jeanne Magnien

Préférer aux grands mots, des solutions. C’est le parti qu’ont pris plusieurs acteurs du textile face aux enjeux énormes qui attendent la filière en termes de développement durable et de diminution de son empreinte carbone. Ensemble, ils ont créé Atelier Agile, qui propose une solution concrète et efficace à tous ceux qui aimeraient produire en France, ne serait-ce qu’une partie de leurs collections. Cette SAS, créée dans le courant de l’été, compte pour le moment six actionnaires à son capital. Deux industriels, le bonnetier nordiste Lemahieu (125 salariés ; CA : NC) et le tisseur Les Tissages de Charlieu, basé dans la Loire (50 salariés ; 10 M€ de CA), ainsi que deux distributeurs, les nordistes Blancheporte (210 salariés ; 182 M€ de CA) et Id Group, qui détient les marques Okaïdi, Obaïdi, Jacadi, etc. (918 M€ de CA 2018). Mais aussi, l’association roubaisienne des professionnels du textile Fashion Green Hub, et Guillaume Aelion, qui a pris la direction générale de la structure. C’est lui qui chapeaute le lancement du premier atelier, prévu pour le début 2022. "Nous voulons proposer une issue à cette spirale mortifère de l’industrie textile, qui veut que les collections soient lancées 18 mois à l’avance, fabriquées à l’autre bout du monde, pour finalement être vendues pour moitié à prix cassé, avant de finir à la poubelle. C’est un système qui ne fonctionne plus, d’ailleurs une enseigne sur deux n’est pas rentable aujourd’hui. Nous pouvons proposer autre chose, même si cela ne est jamais qu’une goutte d’eau face aux volumes énormes que représente le secteur," plaide Guillaume Aelion.

Mailler tout l’hexagone

Pariant sur l’essor de la fabrication à la demande, dans des ateliers de proximité, l’Atelier Agile ne manque pas d’ambitions. Début 2022, une trentaine de salariés devraient intégrer l’atelier de 600 m², installé au sein du Plateau Fertile, tiers-lieu roubaisien dédié au textile. 800 000 € vont être investis pour l’achat de machines, sur le 1,4 million d’euros de budget d’ores et déjà sécurisé par la SAS (800 000 € de capital, 600 000 € d’aides de la Région). Sera ainsi constituée une unité de fabrication autonome, à même de proposer de la conception 2D et 3D, de la pré-production, et de la confection, sur place ou au travers d’un réseau de partenaires, selon les volumes demandés.

À terme, l’atelier de Roubaix devrait générer 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, prévoit Guillaume Aelion. Et il devrait être le premier d’une longue série. Une deuxième unité verra le jour dans la foulée, entre 2022 et 2023, avant un maillage de l’ensemble du territoire. "L’idée même d’Atelier Agile, c’est de produire au plus près des consommateurs. Il serait donc parfaitement logique qu’il y ait, à terme, une centaine de petites structures comparables, un peu partout dans l’hexagone. Passées les premières ouvertures en propre, nous réfléchissons à un système de licence pour dupliquer le modèle. Nous restons réalistes, on ne retrouvera jamais une production 100 % française, et si dans dix ans notre production représente 0,8 % du marché, c’est déjà énorme. Mais nous pouvons nous permettre d’être ambitieux, il y a de la place et une attente sur le marché pour une offre comme la nôtre," assure le DG.

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