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Clément Design : "La crise nous oblige à nous diversifier dans le vêtement médical"
Témoignage Alpes-Maritimes # Nautisme # Innovation

Clément Design : "La crise nous oblige à nous diversifier dans le vêtement médical"

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Depuis 1995, Clément Design (42 salariés, CA 2019 : 6,7 M€) conçoit des vêtements professionnels, esthétiques et innovants, pour les brigades de cuisine. La crise actuelle oblige la PME familiale basée à Carros à s’éloigner un peu de son terrain de jeu originel pour se tourner vers le secteur médical. Fondateur et dirigeant de l’entreprise, Thierry Bouville a ainsi dû revoir ses positions sur la diversification.

Clément Design utilise son savoir-faire dans l’habillement professionnel de cuisine pour se diversifier dans le secteur médical et traverser la crise — Photo : Valentin Durand

Créateur de vêtements professionnels pour la restauration, Clément design vient de recevoir une "belle surprise" : une commande d’un montant de 208 000 euros, déjà payée, émanant du palais du roi d’Arabie saoudite. "Il n’y a pas moins de 350 paires de chaussures", précise le fondateur dirigeant de l’entreprise carrossoise. "Nous avions déjà travaillé pour lui mais jamais dans cette proportion. Il s’agit là de notre record de vente. C’est un immense soulagement. Elle va nous permettre d’écouler une grande partie de notre stock. Ça contraste terriblement avec la situation ici où règne un calme plat. La restauration étant sinistrée, nous subissons la situation. Par rapport à l’année précédente, nous avons perdu 1,7 million d’euros en 2020 et 700 000 euros sur les seuls mois de janvier et février derniers. Il y avait donc urgence à changer notre fusil d’épaule." L’entreprise réalisait en 2019 un chiffre d’affaires de 6,7 millions d’euros.
Ainsi, après le vêtement pour la restauration, qui reste son cœur de métier, le secteur du nautisme pour lequel elle avait développé des chaussures anti-dérapantes et créé la marque Adhéra, Clément Design se lance dans le vêtement de santé, en conservant la patte qui fait son succès depuis plus de vingt-cinq ans : qualité, innovation (tissu thermorégulateur, fibres permettant l’aération…) et esthétique.

"J’ai toujours pensé qu’il ne fallait pas se disperser mais la crise nous y oblige. Nous relançons donc la marque Antidote. Nous l’avions créée en 2011 car dentistes, kinés ou pharmaciens venaient se fournir chez nous et acheter nos "vestes de coiffeur" comme les appelait Paul Bocuse, c’est-à-dire des vestes plus modernes, avec du style, de la tenue. Mais nous avons dû remiser les choses car, humainement et financièrement, nous ne pouvions pas assurer en même temps son développement et celui du vêtement de cuisine qui connaissait une croissance à deux chiffres."

La confection se poursuivra dans son unité dédiée en Tunisie. "Nous avons créé des passerelles avec certaines tenues qui existaient car que l’on soit chef, boulanger, kiné ou ostéopathe, on bouge, les mouvements doivent être libres. Il faut de l’aisance dans les emmanchures, il faut apporter un soin particulier à l’encolure pour qu’il n’y ait pas de gêne quand on baisse le menton. Il faut concilier travail et bien être."

Avec un positionnement premium, Antidote adresse le médical et le paramédical mais pas le secteur hospitalier. "Nous avons remarqué que la concurrence vendait soit en ligne, soit par correspondance mais n’avait pas de force de vente. Nous avons à la fois un canal digital et une présence sur le terrain. Nous pouvons montrer, expliquer, faire toucher, tester notre tissu, nos modèles, nos valeurs techniques."

En parallèle, l’entreprise de Thierry Bouville poursuit le développement d’Adhera, lancée initialement pour le nautisme et auprès du grand public et qui trouve aujourd’hui toute sa place dans l’univers de la santé ou l’industrie. Ainsi la PME collabore-t-elle avec l’un des grands acteurs mondiaux des arômes et parfums, le groupe Mane basé près de Grasse. "Le potentiel d’Adhéra et de ces chaussures et bottes qui ne savent pas glisser est plus élevé que celui d’Antidote, mais il est plus long à développer. En même temps, il ne nous faut pas mettre l’activité principale de Clément Design en sommeil, nous devons être prêts pour la reprise de la restauration, même si on ignore quand elle se fera. On continue donc d’investir : dans la création d’un studio photo et d’un studio vidéo, dans un moule pour fabriquer de nouvelles bottes qui coûte dans les 80 000 euros, dans de nouveaux tissus… Cette année, c’est sûr, il n’y aura pas de dividendes. Nous sommes sur tous les fronts, nous n’avons pas le choix. L’image est un peu celle des jongleurs d’assiettes dans un cirque. Nous venons de nous rajouter plusieurs assiettes et aucune d’elles ne doit tomber."

Alpes-Maritimes # Nautisme # Habillement # Restauration # Santé # Innovation