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Les industries nautiques d’Occitanie signent un contrat de filière pour mieux se structurer
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Les industries nautiques d’Occitanie signent un contrat de filière pour mieux se structurer

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Réunis à La Grande-Motte (Hérault) sous l’égide de la Fédération des industries nautiques, les industriels occitans signent un contrat de filière avec la Région et l’État, premier dispositif de ce type en France. Il vise à renforcer le poids économique et l’attractivité d’un secteur où sévissent des tensions sur de nombreux métiers.

La filière nautique rassemble plus de 1 200 entreprises régionales — Photo : R. Saada / F. Ferrer

Les acteurs de la filière nautique ont trouvé un motif de plus pour converger à La Grande-Motte (Hérault), afin de participer à la nouvelle édition du Multihull Show. Réunissant 15 000 visiteurs, le salon international du multicoque, organisé par la Fédération des industries nautiques (FIN, 700 adhérents), a vu la signature d’un contrat de filière pour accompagner la croissance du secteur en Occitanie, inédit en France. "C’est une démarche innovante au sens où c’est la première fois qu’une fédération, un écosystème, une Région et les services de l’État s’associent dans une dynamique collective sur le sujet. Nous allons l’apporter à l’ensemble de la filière régionale, car la FIN adresse tous les métiers, des grands chantiers jusqu’aux PME en passant par les loueurs et les services", apprécie Jean-Paul Chapeleau, président de la FIN.

Une structuration à amplifier

Le dispositif va accompagner la croissance d’une industrie qui, en Occitanie, représente 1 200 entreprises, soit plus de 2 000 emplois et de 370 millions d’euros de chiffres d’affaires cumulés. La Région Occitanie était déjà active depuis 10 ans dans l’accompagnement de la filière avec la création du Parlement de la mer (qui représente l’ensemble des acteurs économiques) et d’une direction régionale dédiée, ainsi que le déploiement du Plan Littoral 21 avec l’État (146 M€ de crédits prévus sur 2021/2027). "Après un contrat de filière signé en 2022 pour la conchyliculture, nous allons mettre avec ce nouveau contrat le focus sur l’industrie. Notre problématique sur le territoire est de trouver le foncier pour permettre aux entreprises de s’installer ou de grandir. Le Parlement de la mer permet de mutualiser les surfaces sans que les territoires rentrent en concurrence, mais il faut continuer à structurer la démarche", analyse Didier Codorniou, vice-président de Région en charge de l’économie bleue.

Progresser au classement des régions

Les groupes de travail préalables à la signature du contrat de filière ont identifié trois axes d’action prioritaires. Le premier vise à booster le poids économique de la filière nautique en Occitanie qui, avec 8,2 % du chiffre d’affaires national, ne figure qu’en sixième position des régions. Les acteurs proposent la création d’un package pour aider les industriels à s’implanter (foncier, emploi, guidage politique), d’un concours sur l’innovation nautique pour capter les start-up, ou encore d’une marque "Occitanie nautisme".

Attirer les nouveaux talents

Le deuxième axe vise à favoriser l’emploi et la formation dans la filière, qui affiche à ce jour 300 postes non pourvus. Des dispositifs promouvant les métiers du nautisme, comme "L’équipe nautique recrute" et "Avec l’industrie" (pilotés respectivement par la FIN et l’Opérateur de compétences inter-industriel), sont déployés en région. Figurant parmi les constructeurs régionaux tels que Catana et Windelo, l’héraultais Grand Large Yachting (1 000 salariés, CA 2023 : 120 M€), qui possède les marques Outremer Yachting et Gunboat, ouvre 40 postes en production et fonctions supports, mais peine à recruter. "Notre défi consiste à faire connaître la filière dans la diversité de ses métiers, entre les traditionnels comme les mécaniciens et les électriciens, et les nouveaux, en rapport avec la transition écologique. Il faut faire passer le message que ces métiers sont porteurs de sens, une notion que valorise les jeunes talents", estime Xavier Desmarest, cofondateur du groupe.

Cap vers la transformation écologique

Enfin, une autre priorité sera donnée à la transition environnementale, à travers les sujets du réemploi et du recyclage. L’Occitanie compte à ce jour deux centres de déconstruction de bateaux de plaisance, situés à Montpellier (Hérault) et à Elne (Pyrénées-Orientales), et quatre autres sites candidatent auprès de la Aper (Association pour la plaisance écoresponsable) pour être retenus dans le cadre de la nouvelle période d’agrément 2024/2029. En 2023, la start-up perpignanaise Cap’tain Chercheur (5 salariés) a créé une plateforme en ligne de pièces détachées. "Nous avons contacté l’Aper dès la création de la société pour installer un processus de récupération des pièces en amont de la filière déconstruction. La plateforme, où l’on retrouve des fins de séries ou des produits déclassés par les chantiers, s’inscrit déjà dans cette logique de réemploi", souligne son fondateur Vincent Paravey, qui conclut en résumant l’état d’esprit des acteurs : "Notre filière est peu connue mais les besoins sont forts. Il faut continuer à faire de la pédagogie".

Occitanie # Nautisme # Écosystème et Territoire # Collectivités territoriales # Politique économique