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Adeline de Slizewicz (Tadé) : "Soutenir Alep en Syrie et sa population est un choix du cœur"
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Adeline de Slizewicz (Tadé) : "Soutenir Alep en Syrie et sa population est un choix du cœur"

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Après la guerre civile, après l’embargo et les sanctions économiques, la marque cosmétique varoise Tadé, principale importatrice de savons d’Alep, partage un nouveau drame avec la population syrienne, suite au tremblement de terre, survenu le 6 février 2023.

Adeline et Thaddée de Slizewicz, dirigeants et fondateurs de Tadé — Photo : Tadé

Principale importatrice de savons d’Alep en Syrie (200 tonnes importées directement), l’entreprise cosmétique Tadé (une quinzaine de salariés) et ses partenaires sur place n’avaient pas été épargnés par la guerre. Depuis quelques jours, l’entreprise implantée à Signes, dans le Var, accuse le coup d’un tremblement de terre, qui a détruit des villes entières dans le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, dont la ville d’Alep. "Nous avons toujours soutenu les savonniers d’Alep. En 2012, lorsqu’éclate la guerre, nous avons fait le choix de rester, nous avons fait le pari fou de participer au maintien d’un savoir-faire. Puis, lorsque la ville a été de nouveau accessible, en 2019, nous avons aidé le maître savonnier avec lequel nous travaillons, à restaurer la savonnerie détruite par des années de guerre. Nous nous sommes reconstruits, nous nous sommes toujours battus pour valoriser Alep et la fabrication de son savon, le plus vieux du monde. Désormais, c’est aussi ce peuple victime que nous aspirons à soutenir", raconte Adeline de Slizewicz, directrice de la marque cosmétique Tadé, qu’elle a fondée en 1995 avec son mari, Thaddée.

La Syrie dans son ADN

Aujourd’hui, le tremblement de terre a mis de nombreuses personnes à la rue, et la dirigeante veut alerter sur le drame économique que vivent 12 millions de Syriens, "conséquence de la guerre, de l’embargo, de la crise libanaise, de l’inflation, des pénuries d’essence et d’électricité. La Syrie est à terre et ce sont les peuples qui font les frais de sanctions économiques contre-productives."

La survenue de ce séisme renforce encore plus la volonté du couple de dirigeants à maintenir, coûte que coûte, leur lien avec la Syrie. "Nos échanges avec ce pays constituent notre ADN. Le savon d’Alep représente 35 à 40 % de notre activité. Au cours de ces années difficiles, notre passion et nos convictions ne nous ont jamais lâchés. Soutenir ce pays et sa population est un choix du cœur, parce que nous y avons, avant tout, bâti des relations humaines. Nous leur devons notre soutien", confie Adeline de Slizewicz. "C’est aussi ça la vie d’une entreprise et nous avons la chance d’être soutenus par d’autres entrepreneurs, notamment membre de Réseau Entreprendre Var, un réseau qui nous accompagne dans notre développement depuis 2019."

La marque n’est pas seulement un partenaire économique. Elle est aussi l’un des mécènes privés et institutionnels (une quarantaine) de l’ONG Baroudeurs de l’espoir, qui agit en faveur des enfants les plus vulnérables, et notamment ceux victimes de situation de conflit, comme en Syrie.

Reconstruire, encore

La savonnerie avec laquelle travaille l’entreprise Tadé, à Alep, a été endommagée par le séisme survenu en Turquie et en Syrie le 6 février 2023 — Photo : Tadé

Le tremblement de terre a endommagé la savonnerie en pleine période de production du savon d’Alep (de janvier à mars), mais épargné les bureaux de Tadé. "Heureusement tous nos collaborateurs en Syrie, ainsi que leurs partenaires, fournisseurs et savonniers, une cinquantaine en tout, sont sains et saufs", confie la dirigeante, qui n’a pas encore pu estimer les dégâts matériels une semaine après le séisme. "Les stocks produits l’année dernière ont été partiellement endommagés et la production en cours également. Les premiers travaux ont été rapidement engagés pour mettre le site hors d’eau, mais le temps de l’évaluation des coûts et des pertes viendra plus tard", détaille Adeline de Slizewicz, qui relativise la situation pour son entreprise : "Nous avons plus d’un an de stock devant nous. Et, avec notre maître savonnier, nous allons relever ce nouveau défi pour poursuivre cette production destinée à l’année 2024."

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