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Legrand déclenche une mobilisation contre la dégradation de la desserte ferroviaire entre Limoges et Paris
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Legrand déclenche une mobilisation contre la dégradation de la desserte ferroviaire entre Limoges et Paris

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Le spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment Legrand met un coup de pression à la SNCF. Dans une lettre envoyée fin novembre, son PDG Benoît Coquart évoque la possibilité de déménager son siège social faute d'une desserte suffisante entre Limoges et Paris.

Le groupe industriel Legrand est installé depuis 1865 à Limoges, où il emploie près de 2000 personnes — Photo : Legrand

Dans une lettre adressée fin novembre à la SNCF et aux collectivités territoriales, Benoît Coquart, directeur général du géant industriel limougeaud Legrand, fabricant d'infrastructures électriques et numériques pour le bâtiment, fustige la dégradation de la desserte ferroviaire entre Limoges et Paris. Le premier employeur privé de Limoges y fait part d’une "exaspération" quant aux modifications d'horaires et aux suppressions de trains à destination de Paris (notamment l’Intercités de 6 heures du matin jusqu’au 16 mars 2023), augurant un "creux de desserte" de 5 h 30 à 9 h 01 au départ de Limoges. Il dénonce un "impact négatif" sur l’activité de l’entreprise.

Menace de départ

Plus alarmant, le patron de Legrand, rappelant être "la seule entreprise du Cac 40 de Nouvelle-Aquitaine à avoir maintenu son siège en dehors de la région parisienne", s’interrogeait sur "l’intérêt de continuer à localiser sur Limoges" ses équipes. Legrand, installé dans la capitale limousine depuis 1865, et sa lettre ont fait réagir. Le 6 décembre, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, s’est entretenu avec Benoît Coquard et a envoyé, dans la foulée, une lettre au ministre délégué aux transports, Clément Beaune. Évoquant l’industriel, il interprète cette invective comme "un très mauvais signal pour tous ceux qui investissent ou souhaitent investir en Nouvelle-Aquitaine. L’État étant l’autorité organisatrice en charge des circulations Intercités, je vous demande de bien vouloir envisager, avec la plus grande bienveillance, une amélioration du service proposé sur la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse)".

Interrogé le 14 décembre en marge de la séance plénière du conseil régional, Alain Rousset a affirmé ne pas réellement croire à un départ de l'industriel. "Legrand est un partenaire de la Région sur sa politique industrielle. Nous avons récemment inauguré une plateforme pour la filière de l’électronique dans laquelle le groupe participe. On ne délocalise pas au moment où on a plus de 2 000 salariés quelque part alors qu’on ne sait pas recruter ailleurs. J’ai contacté le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, en lui demandant de régler ce problème, et je l’ai mis en relation avec Benoît Coquard", affirme l’élu.

Reste que le "coup de gueule" de Legrand a suscité des répliques : le 12 décembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en gare de Limoges pour contester la gestion de la ligne POLT.

Un "groupe de travail" sur la qualité de la desserte

La préfecture de Haute-Vienne a indiqué le 13 décembre qu’à l’issue d’une réunion, la SNCF a proposé un rétablissement entre le 9 janvier et le 15 mars de l’Intercités 3624 au départ de Limoges à 6 h 26. "Par ailleurs, il a été acté la création d’un groupe de travail sur la qualité de services" au niveau national, ajoute-t-elle. Le 14 décembre, un colloque se tenait à l’Assemblée nationale pour débattre de l’avenir de la ligne POLT. Un fonds national de 2,2 milliards d’euros avait été acté en 2020 pour moderniser le tronçon, qui doit bénéficier de nouvelles rames, reportées à 2025 pour cause de pénuries de composants. Ce projet prévoit onze allers-retours quotidiens, quand les associations et élus locaux en demandent 14.

En novembre 2022, le président de l’association Urgence Ligne POLT dénonçait un blocage de financement par la Région Nouvelle-Aquitaine. "Ce n’est pas un problème de financement mais d’organisation des travaux par l’État, perturbés en plus par les aléas du gel. On s’est mis d’accord il y a deux ans sur qui faisait quoi. Nous avons convenu de travailler à la desserte des petites lignes, et on investit massivement dans le Limousin où la vétusté des lignes est la plus importante. Si ça ne suffit pas, il faut le dire", a tempêté Alain Rousset. "SNCF Réseaux ne met pas des moyens industriels suffisamment lourds pour avancer plus vite cette rénovation", a déploré le directeur général des services de la Région, François Poupard. Pour Legrand comme pour les autres usagers, la bataille s’éternise.

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