Le Grand Port maritime de Bordeaux (GPMB) est l’un des 18 sites mondiaux agréé par l’Union européenne pour le démantèlement de navires, et le plus important en France. Pour l’infrastructure qui affiche 41 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, l’activité de déconstruction reste pourtant marginale, tributaire d’un marché d’opportunités. La dernière fois que GPMB a démantelé plusieurs bateaux simultanément remonte à 2008. C’est dire combien l’accueil de 11 navires de pêche, venus de Bretagne et du Pays basque, en ce début du mois d’avril sort de l’ordinaire. L’opération est la concrétisation du "plan d’accompagnement individuel" de la filière pêche annoncé par le secrétariat d’État à la Mer en février. Ce plan, qui concerne 90 navires en France (soit 3 % de la flotte), vise à indemniser les armateurs qui mettent leurs bateaux à la casse, dans un contexte de restrictions d’accès aux zones de pêche dans les eaux britanniques post-Brexit.
Un chantier de 10 mois
Concrètement, le démantèlement est réalisé sur les infrastructures dédiées aux réparations. À Bordeaux, ces navires transiteront d’abord par le pôle naval des Bassins à Flots où ils seront préparés au démantèlement pendant quatre mois : pompage et récupération des eaux grises et noires, dépose des systèmes de propulsion, de navigation, des aménagements intérieurs. Ils seront ensuite acheminés quelques kilomètres plus loin à Bassens pour y être asséchés et démantelés pendant six mois. Cette déconstruction, assurée par le groupe français de recyclage Paprec (2,5 Md€ de CA, 13 000 salariés), représentera 30 à 40 % de l’occupation annuelle de la plus grande cale sèche du port, la "forme 3".